L'UE et la Turquie scellent un accord controversé pour stopper l'afflux de migrants vers l'Europe

L'Union européenne (UE) et la Turquie ont conclu un accord inédit et controversé, censé mettre un coup d'arrêt à l'afflux de migrants vers l'Europe, mais dont la mise en œuvre promet d'être d'une grande complexité.

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Sa mesure phare, "temporaire et extraordinaire", prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les nouveaux migrants qui arriveront à partir de dimanche 20 mars sur les îles grecques, y compris les demandeurs d'asile comme les Syriens fuyant la guerre.

Le président français François Hollande (1er, gauche) rencontre le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu (1er, droite) et le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu (2e,à droite), à Bruxelles le 18 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est un jour historique", a déclaré vendredi 18 mars le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu. "Nous avons réalisé aujourd'hui que la Turquie et l'UE avaient la même destinée".

Alors qu'une crise humanitaire guette en Grèce, où 46.000 migrants sont bloqués dans des conditions épouvantables devant une "Route des Balkans" désormais fermée, la pression était maximale sur les Européens pour trouver enfin une solution.

Débordés par l'arrivée de 1,2 million de migrants l'an dernier, fuyant pour la plupart les guerres en Syrie, en Irak et en Afghanistan, l'UE s'est divisée comme jamais ces derniers mois sur la réponse à apporter.

"Pas fiers"

Certains États membres étaient réticents jusqu'au dernier moment, craignant l'illégalité du renvoi de demandeurs d'asile ou rechignant à faire trop de concessions à la Turquie, accusée de dérive autoritaire.

"Ce n'est pas un très bon accord, mais on est bien obligé. Personne n'en est fier, mais on n'a pas d'alternative", a résumé un diplomate européen.

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a estimé vendredi 18 mars que la manière dont l'accord sera mis en oeuvre serait "cruciale". "Les réfugiés ont besoin de protection et pas de rejet", a ajouté l'organisation dans un communiqué.

Des rassemblements en faveur de l'accueil des migrants sont prévus samedi 19 mars dans plusieurs villes européennes, dont Londres, Vienne et Athènes.

La Commission européenne a assuré que le mécanisme respectait le droit international. Chaque demandeur d'asile qui arrivera sur les côtes grecques à partir de dimanche 20 mars aura droit à un examen individualisé et le droit de faire appel de la décision de renvoi.

"C'est un travail herculéen qui nous attend", a reconnu le président de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker. Une logistique complexe va en effet devoir être déployée sur les îles grecques en un temps record.

Pour chaque Syrien renvoyé, les Européens se sont engagés à "réinstaller" dans l'UE un autre Syrien depuis la Turquie. Ce dispositif sera plafonné à 72.000 places offertes en Europe.

Ces renvois "commenceront à partir du 4 avril", a assuré la chancelière allemande Angela Merkel, qui a joué un rôle clé dans la genèse de l'accord.

Front libyen

Les Européens ont accepté d'accélérer le processus de libéralisation des visas pour les ressortissants turcs, mais en affirmant qu'ils ne transigeraient pas sur les critères à remplir.

Ils ont surmonté les fortes réserves de Chypre pour promettre à la Turquie d'ouvrir un nouveau chapitre (sur les finances et le budget) dans ses négociations d'adhésion à l'UE.

Sur le plan financier, l'UE s'engage à accélérer le versement d'une aide de 3 milliards d'euros, déjà promise à la Turquie pour la prise en charge des 2,7 millions de réfugiés qu'elle accueille. Elle a ouvert la porte à une nouvelle enveloppe du même montant d'ici fin 2018.

Face aux critiques, les Européens ont répété qu'il fallait un signal fort pour "briser le business model des passeurs" en mer Egée, où plus de 460 migrants sont morts noyés depuis le début de l'année.

Depuis le début de l'année, plus de 143.000 personnes sont arrivées en Grèce via la Turquie. À elle seule, la Grèce a vu passer plus d'un million de migrants l'an dernier.

La fermeture ces dernières semaines de la "Route des Balkans" a placé ce pays dans une situation intenable. "Ceci est comme un (camp de) Dachau des temps modernes, le résultat de la logique des frontières fermées", a déploré vendredi le ministre grec de l'Intérieur Panagiotis Kouroublis en visitant Idomeni, à la frontière avec la Macédoine désormais fermée.

L'UE dit aussi être prête à réagir si un déplacement des routes migratoires, vers la Libye ou la Bulgarie, se concrétisait. Plusieurs milliers de migrants venus de Libye ont été secourus en trois jours dans le sud de la Méditerranée, faisant craindre un nouveau front dans la crise migratoiregh.

AFP/VNA/CVN

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