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Staffan de Mistura lors d'une conférence de presse, le 17 mars à Genève. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura, doit rencontrer séparément les délégations de Damas et de l'opposition regroupée au sein du Haut comité des négociations (HCN), et probablement une délégation baptisée "Groupe de Moscou et du Caire" comprenant des opposants et des personnalités syriennes soutenues par Moscou.
Sur un ton inhabituellement positif, M. de Mistura s'est félicité jeudi 17 mars de discussions "intensives" avec le HCN, qu'il recevait pour la deuxième fois depuis le début des pourparlers indirects avec Damas et l'opposition.
"Nous avons eu des discussions très substantielles sur la transition politique", a déclaré le diplomate, qui s'est dit "impressionné par la préparation" de l'opposition. "J'espère que j'obtiendrai la même clarté de la part du gouvernement", a-t-il ajouté.
Une représentante du HCN, Bassma Kodmani, a indiqué pour sa part que l'opposition avait remis à l'émissaire de l'ONU un "mémo détaillé" sur le futur organe de transition. "Nous voulons aller vite", a-t-elle dit.
La feuille de route internationale prévoit la constitution d'un organe de transition dans six mois, la rédaction d'une nouvelle Constitution et des élections législatives et présidentielle dans 18 mois.
Mais les interprétations sur cet organe de transition (gouvernement d'union élargi selon Damas, autorité ayant les pleins pouvoirs et excluant le président Bachar al-Assad selon l'opposition) constituent un des principaux points de blocage.
Fédéralisme kurde
Tandis que se poursuit le périlleux exercice diplomatique à Genève visant à sortir d'un conflit meurtrier (plus de 270.000 morts et la moitié de la population déplacée en cinq ans), les Kurdes syriens, tenus à l'écart du processus, ont proclamé jeudi une région fédérale dans le Nord de la Syrie, une mesure interprétée comme un pas de plus vers l'autonomie.
Le pourparler de paix sur l'avenir politique de la Syrie, le 17 mars à Genève. |
Le pourparler de paix sur l'avenir politique de la Syrie, le 17 mars à Genève. |
L'opposition et Damas se sont d'ailleurs retrouvés pour unanimement rejeter la proclamation des Kurdes syriens : Damas a mis en garde contre "toute atteinte à l'unité du territoire et du peuple syriens", tandis que l'opposition mettait en garde contre "une aventure sans fondement légal".
Acteurs incontournables de la tentaculaire crise syrienne, les Kurdes, qui contrôlent désormais 14% de la Syrie et les trois-quarts de la frontière syro-turque, ne sont pas associés aux pourparlers de Genève en raison de l'opposition farouche de la Turquie, qui considère leur parti, le PYD, comme "terroriste" et craint les répercussions dans sa propre communauté kurde.
Les États-Unis, qui ont prévenu qu'ils ne reconnaîtraient pas la création de la région autonome et unifiée kurde, ont cependant souligné que les Kurdes syriens restaient d'"excellents partenaires" dans la lutte contre le groupe État islamique.
En annonçant un système fédéral et l'union de trois "cantons" kurdes (Afrine, Kobané et Jaziré) et des régions récemment conquises dans le Nord du territoire syrien, les Kurdes adressent un "message politique" aux négociateurs de Genève, selon Mutlu Civiroglu, un expert basé à Washington.
Autre message, celui émis de Moscou par Vladimir Poutine. Le président russe a prévenu qu'il pouvait redéployer ses avions "en quelques heures" dans le ciel syrien en cas de violation de la trêve. "Ce n'est pas ce que nous voulons, une escalade militaire n'est pas dans notre intérêt", a toutefois ajouté M. Poutine, qui avait créé la surprise lundi 14 mars en annonçant le retrait du gros des forces russes de la Syrie.
Sur le terrain, la trêve imposée le 27 février par Moscou et Washington tient peu ou prou, malgré des violations sporadiques. Ces trois derniers jours ont été "étonnamment calmes", a d'ailleurs relevé Staffan de Mistura. Il a cependant déploré des progrès trop "lents" sur le volet humanitaire, estimant qu'il n'y avait "pas d'excuses" à la non-distribution de l'aide, et affirmé que la question des détenus et des personnes kidnappées - qui se comptent en dizaines de milliers - était une priorité.