Le président ouzbek Islam Karimov est décédé à l'âge de 78 ans. |
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Premier et seul président de l'Ouzbékistan indépendant et archétype des dirigeants arrivés au pouvoir avant la chute de l'Union soviétique, à l'instar du défunt président turkmène Saparmourat Niazov ou de Noursoultan Nazarbaïev toujours au pouvoir au Kazakhstan, Islam Karimov va être enterré avec les siens à Samarcande, joyau historique sur la Route de la Soie. Les autorités ont décrété trois jours de deuil national à partir de samedi 3 septembre.
La télévision nationale a montré la foule massée le long des artères de la capitale, Tachkent, empruntées par le cortège transportant le corps du président, mort d'une hémorragie cérébrale. Des soldats ont porté le cercueil dans l'avion qui s'est envolé vers sa ville natale de Samarcande, dans le Sud du pays. Samarcande a limité le trafic de son aéroport pour accueillir les responsables étrangers. Et, selon le site d'opposition Fergana.ru, la ville fait l'objet depuis jeudi d'un grand nettoyage en prévision des funérailles.
Avec la disparition de Karimov dans un pays dépourvu de tradition de transition démocratique s'ouvre un période potentiellement compliquée. Conformément à la Constitution, c'est le président du Sénat, Nigmatilla Iouldachev, qui assure l'intérim à la tête de l'Ouzbékistan. Mais selon les experts, au moins trois hauts responsables ouzbeks pourraient chercher à prendre la succession de Karimov.
Le Premier ministre Chavkat Mirzioïev dirige la commission chargée d'organiser les funérailles, une indication sur le rôle important qu'il pourrait désormais jouer. Mais deux autres hommes sont également pressentis, le vice-Premier ministre Roustam Azimov et le puissant chef de la sécurité Roustam Inoyatov considéré comme l'un des responsables de la mort de 300 à 500 manifestants pendant une manifestation à Andijan (Est) en 2005 réprimée par les forces de l'ordre.
Condoléances de Poutine et Obama
Le chef de l'État ouzbek avait été conduit à l'hôpital, inconscient, le 27 août après avoir souffert d'une grave hémorragie et immédiatement placé en réanimation, selon la télévision ouzbèke. Des médecins venus de Russie, d'Allemagne et de Finlande se sont succédé les jours suivants pour tenter de le sortir du coma, sans succès. Vendredi matin 2 septembre, les autorités ont annoncé qu'il était "dans un état critique". Elles ont précisé que son coeur avait cessé de battre vendredi à 20H15 (15H15 GMT) et qu'il avait été déclaré mort quarante minutes plus tard.
Le président russe Vladimir Poutine a déploré "une perte immense" et salué "un homme d'État de la plus grande autorité et un vrai leader" dans un télégramme de condoléances. Son Premier ministre Dmitri Medvedev représentera la Russie aux obsèques.
Un cortège funebre qui transporterait le cerceuil du président Islam Karimov se dirige vers l'aéroport de Tachkent, le 3 septembre 2016. |
Washington, partenaire de l'Ouzbékistan dans la lutte antiterroriste, a "réaffirmé son soutien au peuple ouzbek". "Alors que l'Ouzbékistan inaugure un nouveau chapitre de son histoire, les États-Unis sont résolus à poursuivre son partenariat avec l'Ouzbékistan", a indiqué la Maison Blanche.
Parmi les dirigeants des pays d'Asie centrale, le président tadjik Emomali Rakhmon fera le déplacement. Le Premier ministre kazakh Karim Maximov sera également présent.
Né le 30 janvier 1938, Karimov a gravi tous les échelons de l'appareil du Parti communiste à l'époque de l'URSS jusqu'à prendre la tête de la république soviétique d'Ouzbékistan. À l'indépendance, en 1991, il se maintient au pouvoir et s'emploie à éliminer tous ses opposants.
De nombreuses ONG accusent M. Karimov d'avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d'opposants et soutenu le recours à la torture dans les prisons. Malgré des rumeurs persistantes sur la fragilité de son état de santé, Islam Karimov n'a publiquement désigné aucun successeur dans ce pays qui est l'un des principaux exportateurs mondiaux de coton et frontalier de l'Afghanistan.
Un temps favorite, sa fille aînée Goulnara est tombée en disgrâce après avoir comparé son père à Staline. Elle est désormais assignée à résidence. En l'absence de plan pour assurer sa succession, sa disparition risque donc d'ouvrir une lutte pour le pouvoir.
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