>>Méditerranée : plus de 8.000 migrants secourus en 48 heures
Des migrants débarquent sur le port de Salerno, en Italie, le 29 juin |
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Marco Minniti, Thomas de Maizière, ainsi que le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramapoulos ont quitté vers 22h30 (20h30 GMT) le ministère français de l'Intérieur où il étaient arrivés peu après 20h00 pour un dîner de travail avec le ministre Gérard Collomb, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'objectif de ce dîner était de tenter de dégager "une approche coordonnée et concertée des flux migratoires en Méditerranée centrale et de voir comment on peut mieux aider les Italiens", selon une source française proche du dossier.
"Les discussions se sont absolument bien passés", selon un membre de la délégation italienne, sans plus de précision. Il y a eu un "accord sur plusieurs points, qui seront publiés par communiqué d'ici demain matin, et ont pour but d'être endossés par les 28 États (membres de l'UE) à Tallinn en fin de semaine", a-t-on fait savoir dans l'entourage du ministre français. Les ministres de l'Intérieur européens doivent se retrouver jeudi 6 juillet dans la capitale de l'Estonie, qui assure la présidence tournante de l'UE.
Le ministre de l'Intérieur italien Marco Minniti (gauche) et le commissaire européen chargé des migrations Dimitris Avramopoulos, le 20 mars à Rome. |
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Dans un entretien au quotidien Il Messaggero, le ministre Marco Minniti a affirmé que l'Italie faisait face à "une énorme pression". Mercredi 28 juin, Rome avait menacé de bloquer l'entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en Méditerranée.
Les bateaux qui sauvent les migrants "battent pavillon de différents pays européens", a souligné le ministre, expliquant que des navires d'ONG, de l'opération navale européenne antipasseurs Sophia et de l'agence européenne des frontières Frontex étaient impliqués, aux côtés des gardes-côtes italiens.
"Si les seuls ports vers lesquels les réfugiés sont acheminés sont les ports italiens, cela ne marche pas. C'est le cœur de la question", a-t-il dit.
"Je suis un europhile et je serais fier si même un seul bateau, au lieu d'arriver en Italie, allait dans un autre port. Cela ne résoudrait pas le problème de l'Italie mais ce serait un signal extraordinaire" montrant que l'Europe veut aider l'Italie, a dit le ministre.
Migrants et réfugiés arrivés en Europe par la mer en 2017, selon l'Organisation internationale pour les migrations. |
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SOS Méditerranée, l'une des ONG qui portent secours aux migrants en mer, a estimé que forcer les bateaux transportant des migrants à aller dans d'autres ports européens serait très difficile.
Si un tel ordre était donné, "on n'aurait pas le choix, on obéirait. Mais ce serait complètement impossible avec plus de 1.000 personnes à bord", a déclaré Mathilde Auvillain, une responsable de l'ONG. "Dans tous les cas, il faudrait bien qu'on fasse une escale dans un port italien pour se ravitailler. Ou bien, nous nous arrêterions en mer pour demander nous-mêmes à être secourus...".
L'Italie a enregistré depuis le début de l'année plus de 83.000 arrivées de migrants, en hausse de plus de 19% sur la même période en 2016, en provenance de Libye pour la plupart.
Tri de migrants en Libye ?
Jeudi 29 juin à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français se sont tous deux dit prêts à mieux soutenir l'Italie. Le président français Emmanuel Macron a toutefois observé que "plus de 80% du phénomène migratoire" auquel fait face l'Italie "sont des migrations économiques" ne relevant pas de l'asile politique.
Comparatif par route du nombre de migrants et réfugiés morts et disparus durant la traversée de la Méditerranée vers l'Europe depuis janvier 2015 selon les données du projet Missing Migrants de l'OIM. |
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Le ministre italien a indiqué que Rome pousserait pour déplacer en Libye le processus de demande d'asile, et pouvoir acheminer en toute sécurité en Europe les migrants qui seraient retenus. "Nous devons distinguer entre ceux qui (...) ont le droit à une protection humanitaire et ceux qui ne l'ont pas", a-t-il dit.
Selon les médias italiens, qui ne citent pas de source, Rome pourrait appeler à élaborer un code de conduite européen pour les bateaux de secours privés.
Selon leurs détracteurs, les ONG attirent les trafiquants en croisant près des côtes libyennes. Les ONG affirment pour leur part qu'elles n'ont pas le choix, car les trafiquants abandonnent les migrants dans des embarcations précaires qui font naufrage dès qu'elles atteignent les eaux internationales.
Rome souhaiterait qu'un centre maritime régional supervise toutes les opérations de secours en Méditerranée, de la Grèce à la Libye en passant par l'Espagne, et répartisse les migrants parmi les pays européens, selon le Corriere della Sera.