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Le conducteur du chasse-neige (droite) accusé d'être à l'origine du crash au décollage à Moscou de l'avion du Pdg de Total, Christophe de Margerie, dans le tribunal moscovite de Solntsevo, le 28 juillet 2016 |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 20 octobre 2014, le numéro un de la compagnie pétrolière française Total, Christophe de Margerie, avait trouvé la mort lorsque son Falcon était entré en collision avec un chasse-neige à l'aéroport Vnoukovo avant de s'écraser. Les deux pilotes et une hôtesse de l'air avaient également péri.
Cinq employés de l'aéroport - le conducteur du chasse-neige, les contrôleurs aériens Alexandre Krouglov et Nadejda Arkhipova, l'ingénieur Vladimir Ledenev et le responsable du contrôle des vols Roman Dounaïev - sont jugés depuis près d'un an par le tribunal de Solntsevo, dans le sud de la capitale russe.
Une procédure spéciale a été mise en place pour Vladimir Martynenko et Vladimir Ledenev, qui ont chacun plaidé coupable. Une première lecture aura lieu mardi 4 juillet et selon l'Agence de presse russe Ria Novosti, l'examen accéléré de l'affaire pourrait permettre à la juge Elena Verechtchaguina de rendre son verdict dans la journée.
Principal accusé dans ce procès, Vladimir Martynenko avait 0,6 gramme d'alcool par litre de sang au moment de l'accident, d'après le Comité d'enquête russe. Vladimir Ledenev est pour sa part accusé de ne pas s'être assuré que la piste de décollage et d'atterrissage était dégagée.
Ils sont restés onze mois en détention provisoire et sont désormais en liberté surveillée.
Les trois autres accusés sont soupçonnés de ne pas avoir réagi lorsque le chasse-neige était sur la piste et de ne pas avoir respecté les normes de sécurité. Leur cas a été renvoyé au Parquet pour être réexaminé.
"Négligence criminelle"
"Il ne s'agit pas d'un tragique concours de circonstances, mais d'une négligence criminelle des fonctionnaires", avait déclaré le Comité d'enquête dès le lendemain du drame.
Le Comité intergouvernemental de l'aviation (MAK), qui enquête sur tous les accidents aériens en Russie, a estimé dans un rapport rendu public en octobre 2016 que le crash résultait notamment de plusieurs manquements aux règles de sécurité et d'un personnel "insuffisamment formé".
À partir des enregistrements audios issus d'une des boîtes noires de l'avion et des vidéos des caméras de surveillance de l'aéroport, l'enquête russe a permis d'établir que les pilotes avaient bien vu le chasse-neige sur la piste avant qu'il ne disparaisse de leur champ de vision.
Ayant poursuivi la procédure de décollage, ceux-ci n'ont aperçu de nouveau le chasse-neige, revenu sur la piste pour une raison encore inconnue des enquêteurs, que trois secondes avant l'impact.
L'avion, alors en cours de décollage, avait alors basculé sur le côté droit avant de s'écraser, ce qui avait provoqué la mort de toutes les personnes à son bord.
L'enquête russe a été doublée par une enquête française après l'ouverture au parquet de Paris d'une information judiciaire pour "homicides involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence".
La mort de Christophe de Margerie avait provoqué une onde de choc en France, mais aussi parmi les Russes en pleine crise diplomatique entre Moscou et les pays occidentaux.
La Russie est un pays clé pour Total, qui y est présent depuis 1991 et ambitionne d'en faire sa première source de production d'hydrocarbures d'ici à 2020.
Le crash de l'avion dans lequel se trouvait M. de Margerie a eu lieu au moment où il quittait Moscou après avoir participé à une réunion gouvernementale consacrée aux investissements, pendant laquelle il avait critiqué les sanctions économiques "injustes" imposées à la Russie.
Le 5 juin à Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine a présidé au baptême d'un méthanier brise-glace géant baptisé "Christophe de Margerie", en présence notamment du nouveau Pdg de Total, Patrick Pouyanné.