Selon les derniers sondages disponibles, le centre gauche de Pier Luigi Bersani bénéficie d'une avance de seulement 2,5 à 4,5 points sur la droite de Silvio Berlusconi.
Mais l'annonce-choc d'une démission du pape Benoît XVI a tout chamboulé, faisant passer au deuxième plan les interviews et talk shows grâce auxquels le Cavaliere a opéré une remontée spectaculaire depuis décembre.
"L'annonce du pape a bloqué le vent qui soufflait dans les voiles de Berlusconi, elle lui a retiré de l'espace et de la visibilité, et à cela est venu s'ajouter San Remo", a expliqué à l'AFP le politologue Roberto D'Alimonte, à propos du festival de la chanson suivi tous les soirs par 11/15 millions de personnes.
Le candidat Premier ministre, l'actuel chef de gouvernement Mario Monti |
L'Italie vit en effet une drôle de campagne où les candidats Premier ministre, y compris l'actuel chef de gouvernement Mario Monti, ont misé sur la télévision et le Net pour défendre leurs idées.
La gauche est donnée victorieuse avec 33/34% des suffrages, ce qui est peu mais suffisant pour qu'elle s'octroie une confortable majorité à la Chambre des députés, grâce au mode de scrutin en vigueur. Mais elle se fait rogner aux entournures par un nouveau mouvement du juge sicilien Antonio Ingroia,
Révolution civile. "Le maximum de ce que peut espérer Bersani c'est rester à peu près au même niveau que maintenant", estime M. D'Alimonte.
Une des grandes inconnues du scrutin réside dans la performance du comique devenu politicien Beppe Grillo qui, avec ses propositions pour réduire drastiquement le nombre de parlementaires, aider les PME et accorder un revenu minimum aux sans emplois, est crédité de 14 à 18% des voix, voire davantage.
De tous les candidats, il est le seul à braver le froid et la pluie avec deux ou trois meetings quotidiens dans un "Tsunami Tour" en camping-car qui écume les places de la péninsule.
Pour le professeur D'Alimonte, "il est possible que le soir du vote, il s'adjuge 20%, autant que le PDL de Berlusconi".
La performance de M. Monti, entré en politique fin décembre à la tête d'une coalition centriste, est également un point d'interrogation. Pour le moment, il est crédité de 10 à 14% des intentions de vote mais en tant que chef du gouvernement sortant, il pâtit fortement de la crise qui frappe l'Italie avec une forte contraction du PIB (-2,2% en 2012).
L'issue du scrutin se jouera surtout au Sénat où la loi électorale prévoit une prime de majorité par région. L'alliance PDL-Ligue du nord (créditée de 28,5% à 30,5% au niveau national) s'est lancée dans une bataille sans merci pour l'emporter en Lombardie, son fief, ainsi qu'en Sicile, Vénétie et Campanie.
Mais, selon le professeur D'Alimonte, "dernièrement Grillo pique des voix à Berlusconi et à la Ligue", et non plus seulement à la gauche, après des scandales qui ont touché des personnalités de droite comme le président de la région de Milan Roberto Formigoni (PDL).
Ce phénomène "perceptible en Lombardie pourrait favoriser une victoire de Bersani dans les deux chambres", a jugé le professeur D'Alimonte. Selon lui, "il y a encore 10% de vrais indécis".
Le pire scénario serait que l'Italie se retrouve au soir du 25 février avec une majorité différente à la Chambre et au Sénat, alors que les deux assemblées ont le même poids en Italie.
Cette hypothèse d'ingouvernabilité inquiète les marchés et partenaires de l'Italie, alors que la troisième économie de la zone euro très endettée ne voit pas le bout du tunnel de la récession. Mais les politologues la jugent improbable.
Car en cas d'impasse, un pacte est déjà envisagé entre la gauche et le centre de M. Monti qui pourrait, en fonction de son score, entrer au gouvernement comme ministre de l'Économie ou obtenir la présidence du Sénat.
Dans un tel cas de figure, se poseraient toutefois des problèmes de cohabitation entre M. Monti et Nichi Vendola, allié clé du PD de Bersani et chef du petit Parti SEL (gauche radicale). Selon M. Monti, ils sont à "des années-lumière en termes de vision du monde".
AFP/VNA/CVN