"J'essaie de cliquer sur un lien, mais ça ne vient pas rapidement", se plaint Ken Sas, dans un café de Maputo (Mozambique). Ken Sas est un Zambien qui vit au Mozambique. "Du coup, je dois acheter plus de temps. Ce qui me coûte encore 25 meticals" (un dollar) pour une heure, constate-t-il dépité.
Ce genre de galères, dignes d'un autre âge numérique, devraient n'être qu'un mauvais souvenir en Afrique orientale après la mise en service la semaine dernière d'un câble sous-marin à fibre optique.
Mais les internautes devront s'armer d'un peu de patience avant l'arrivée du haut débit dans leur pays, soumis au bon vouloir des fournisseurs locaux qui utilisent jusqu'à présent des liaisons satellites.
L'entreprise Sea Cable System (Seacom), basée à l'île Maurice et appartenant aux trois-quarts à des investisseurs africains, promet de révolutionner le secteur et de baisser le coût d'accès à internet jusqu'à 90% en Afrique.
Pendant 2 ans, elle a installé un câble sous-marin pour un montant de 600 millions de dollars (420 millions d'euros). D'une distance de 13.700 km, il relie le Kenya à l'Afrique du Sud, en passant par Madagascar.
Des pays comme le Mozambique pourront pour la première fois surfer rapidement sur le web, à l'égal des internautes américains et européens. Avec une connection poussive jusqu'à un mégaoctet par seconde, Orray Carlos du Café Internet Express à Maputo attend le 1,2 téraoctet par seconde promis par Seacom, ce qui serait un million de fois plus rapide.
Les pays qui n'ont pas de façade avec l'océan Indien, comme l'Ouganda, le Rwanda et l'Éthiopie, vont aussi bénéficier de cette technologie. La liaison entre le câble et Kampala est déjà opérationnelle, tandis que les liaisons avec Kigali et Addis Abeba sont en train d'être réalisées.
En Afrique du Sud, déjà connectée au haut débit via un autre câble de fibre optique installé le long de la côte Ouest, les coûts devraient baisser avec ce nouveau concurrent d'au moins 90%, selon Rajay Ambeker, analyste en télécommunications.
"On ne va pas voir une chute brutale des prix, cela se fera sans doute en un an, tout dépend de la réaction des fournisseurs dans les différents pays", prévient cependant Dobek Pater, analyste dans un cabinet de consultants informatiques.
Le nouveau câble devrait aussi faire baisser les coûts des communications téléphoniques, souvent exorbitants pour les appels internationaux.
"Le décalage dans la conversation et le temps passé à télécharger des données sont des contraintes quotidiennes dans de nombreux pays africains", constate.
"Les entreprises faisant du business avec des pays d'Afrique utilisent en général les communications par satellite, très chères et peu fiables", explique Lindsay McDonald, consultante en Afrique du Sud.
AFP/VNA/CVN