>>Dào Xá, la patrie des luthiers
>>Dào Xa, village au double visage en banlieue de Hanoi
L'Artisan Émérite Dào Van Soan au travail. |
Photo : Quê Anh/CVN |
Après plus de deux heures de déplacement depuis le centre-ville de Hanoï, nous sommes chez l'Artisan Émérite Dào Van Soan qui préserve le métier de fabrication d'instruments de musique traditionnels à Dào Xa, dans le district de Ung Hoà, en banlieue de Hanoï.
Il y a 200 ans, c'est Dào Xuân Lan qui y a ramené ce savoir-faire de Chine. À cette époque-là, les villageois de Dào Xa diffusaient leur artisanat dans de nombreuses autres régions du pays.
Il existe à l'heure actuelle dans ce village toutes sortes d'instruments à cordes tels que le đàn tranh (cithare à seize cordes), đàn nguyệt (luth lune), đàn tứ (luth à quatre cordes).
Issu de la 3e génération d'une famille de luthiers de Dào Xa, M. Soan débute sa carrière en 1973. Aujourd'hui âgé de 80 ans, il continue à fabriquer avec passion ces instruments.
"Depuis 1975, les instruments de musique traditionnels sont tombés dans l'oubli. Actuellement, je suis le fabricant le plus âgé dans mon village. La production d'instruments à cordes est un genre de menuiserie, nécessitant des mains habiles et de la minutie à chaque étape. Pour fabriquer une cithare ou un luth, il faut environ trois jours. Avant cela, le luthier doit passer par de nombreuses années d'apprentissage. Il doit s'appuyer sur la technique acoustique transmise par la génération précédente et, à partir de là, fabriquer différents instruments de musique", partage l'Artisan Émérite Dào Van Soan.
Une cinquantaine d’années dans le métier
Instruments de musique traditionnels |
Photo : VNA/CVN |
La lutherie contribue non seulement à préserver l’authenticité et les traditions du village, mais permet aussi de conserver la musique traditionnelle vietnamienne pour les générations futures. Les mélodies de ca trù (chant des courtisanes), hát chầu văn (chant rituel de médiumnité), cải lương (théâtre rénové) ... jouées avec ces instruments de musique, sont toujours très apprécié. Cependant, garder la passion pour le métier et poursuivre sa carrière n'est pas chose aisée.
"La fabrication d'un instrument de musique traditionnel comporte de nombreuses étapes : le choix des bois, le sciage, le séchage du bois, la création de la forme (caisse, manche), la peinture, le polissage, et enfin le cordage. En particulier, l'étape du choix des bois et du rabotage de la face de l’instrument est très importante car elle conditionne la qualité sonore de l'instrument. Les bois couramment utilisés sont le +Trắc+ (le bois de rose du Siam) et le +Ngô Đồng+ (Le Parasol chinois), qui sont tous deux chers et difficiles à trouver", indique Phùng Anh Trung, fabricant des instruments de musique traditionnels de Dào Xa, beau-fils de Dào Van Soan. Il ajoute : "Je fabrique des instruments de musique depuis environ 10 ans. Actuellement, l’atelier de production d'instruments de musique traditionnels de l'Artisan Dào Soan compte une douzaine de travailleurs. En raison de la petite superficie de l'atelier, les fabricants travaillent à domicile, puis amènent les produits à l'atelier pour la finition".
Đàn thâp luc (cithare à 16 cordes), datant de 120 ans, est un objet précieux de la famille de Dào Van Soan. Cette dernière fabrique des instruments à cordes traditionnels tels que đàn nhị (violon à deux cordes), đàn tam (instrument à trois cordes), đàn nguyệt.
"Đàn thâp luc" (cithare à 16 cordes), datant de 120 ans, objet précieux de la famille de Dào Van Soan. |
Photo : Quê Anh/CVN |
"Auparavant, les commandes étaient nombreuses. Ces dernières années, le nombre de commandes a diminué en raison de l'épidémie de COVID. Nos instruments sont beaucoup vendus à Hanoï, Hô Chi Minh-Ville, dans les provinces de Hai Duong, Hung Yên et Nam Dinh (Nord)", fait savoir M. Trung.
Dào Van Soan s’est vu décerner en 2010 le titre d'Artisan de Hanoi. En 2016, il a reçu le titre d'Artisan Émérite. C'est le résultat d'efforts sans relâche pour perpétrer un métier traditionnel, contribuant à exporter les instruments de musique traditionnels vietnamiens dans le pays et dans le monde. Actuellement, il transmet le métier à son fils, ses beaux-fils et à quelques jeunes du village.
"Nous pouvons fabriquer presque tous les instruments à cordes de la basse région. Fabriquer le +đàn nguyệt+, utilisé dans le chant +chầu văn+ est plus compliqué. Chaque client a une exigence différente. Comme chacun a une voix différente, il commande un luth qui convient à sa voix", dit M. Soan.
De par sa passion pour la musique et sa volonté de conserver les traditions des ancêtres, l'artisan Dào Van Soan est un exemple à suivre. Ceux qui préserve le métier de lutherie de Dao Xa comme lui veulent donner à la jeune génération les compétences pour continuer la fabrication et transmettre leur amour pour les instruments.
"J'espère que l'État accordera plus d'attentions aux artisans fabriquant des instruments de musique traditionnels, artisan dont je fais partie. Et je suis prêt à enseigner gratuitement mon métier auprès des nouvelles générations", souhaite l’Artisan Émérite.
Quê Anh/CVN