L'homme qui murmurait à l'oreille des oiseaux

Cinq heures du matin. La commune montagneuse d'A Roang, district d'A Luoi, province de Thua Thiên-Huê (Centre), est encore endormie, enveloppée dans la brume. Dans le silence de cette matinée hivernale s'élève soudain le chant d'un coq sauvage. Le signe pour les villageois qu'il est temps de sortir du lit.

Depuis des lustres, les gens du coin considèrent ce chant matinal comme leur réveil-matin. Et d'admirer le talent spécial d'un jeune homme de 24 ans, le forestier Xuân Truong, surnommé affectueusement le "Messager de la forêt" ou l'"Homme qui gazouille avec les oiseaux", capable d'imiter de nombreuses espèces d'oiseaux au moyen de simples feuilles.

C'est à la station forestière de Tra Lênh que Nguyên Xuân Truong vit et travaille. Assis à une table, le jeune homme façonne avec application de petits clairons à partir de feuilles fraîchement cueillies. "Avec ces instruments de musique, je peux communiquer avec les oiseaux. Et ils me répondent, comme dans un rêve. Je me sens alors le plus heureux de la forêt !", confie-t-il avec un sourire aux lèvres. Posant un de ses clairons sur ses lèvres, Xuân Truong imite le drongo. C'est alors qu'une bande de ces oiseaux noirs à la queue fourchue arrive de nul part et se perche sur le toit de la station forestière.

De l'alouette à l'éléphant

Cet homme peut imiter de nombreuses espèces d'oiseaux dont le garrulaxe, l'alouette, le rossignol, le drongo, le perroquet, le mainate, le moineau, le corbeau... Il a aussi dans son répertoire le gibbon, le sanglier, le gayal, le chat-tigre, le gecko, l'écureuil, muntjac... et même l'éléphant. "L'amitié des animaux me donne de la joie. Il réchauffe le coeur d'une personne vivant loin de sa famille, dans une région écartée des commodités de la vie", confie le forestier.

Xuân Truong est originaire de la province de Nam Dinh, au Nord. Venu s'installer à A Luoi avec ses parents lorsqu'il avait 2 ans, le gamin a grandi entouré de la nature. La forêt est devenue un peu son jardin, et les oiseaux des amis. Désireux de "causer" avec eux, le gamin s'est employé à imiter leur chant.

Maintenant qu'il est au sommet de son art, quelques propriétaires d'oiseaux d'agrément lui ont demandé de les aider à faire chanter, voire parler leur petit protégé, que la captivité avait rendu guère loquace.

L'ami de la forêt

L'amour pour la nature a incité le jeune homme à suivre une formation à l'École professionnelle de la sylviculture à Quang Ninh (Nord). Diplômé avec une mention bien, Xuân Truong est retourné à A Luoi pour embrasser le métier de forestier, se fixant à Tra Lênh, station forestière la plus reculée de la région. "Chaque jour, je fais une ronde. Au milieu de l'immense cordillère de Truong Son, on a l'impression d'être bien peu de chose. C'est peut-être à cause de ce sentiment de solitude que j'ai décidé d'établir des liens spéciaux avec tous les être vivants autour de moi". Désormais, le jeune forestier dispose d'un répertoire d'une trentaine de cris d'espèces.

"Le barrissement de l'éléphant est le plus difficile à reproduire", confie-t-il. Il doit pour cela recourir à un tube de bambou de 1,5 m de long. Le son retentit très loin. Et de réjouir les villageois, les vieillards notamment, qui aiment bien écouter le barrissement de l'éléphant dont l'apparition est devenue exceptionnelle de nos jours.

Dans cette région montagneuse éloignée et encore privée d'électricité, les conditions de vie sont loin d'être confortables. Plus que personne, Xuân Truong vit en bons termes avec la nature. Interrogé sur quel autre métier il aurait choisi s'il devait refaire sa vie, Xuân Truong rit aux éclats puis, avec son tube de bambou, imite de nouveau l'éléphant. "Je veux rester l'ami de la forêt". Une réponse on ne peut plus claire...

Nghia Dàn/CVN

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