L'Europe s'oriente vers des péages "verts" pour poids lourds

Les poids lourds risquent de voir leurs frais de péage augmenter en Europe pour payer la pollution et les nuisances sonores qu'ils occasionnent, à la suite d'un accord conclu le 15 octobre qui créé un précédent en matière de protection de l'environnement.

Après deux ans de négociations très difficiles sur ce sujet controversé, les ministres des Transports de l'Union européenne ont arraché un compromis lors d'une réunion à Luxembourg.

"Cet accord constitue une avancée historique dans les efforts visant à gérer de manière responsable le transport de marchandises au niveau européen," a déclaré le secrétaire d'État belge aux Transports, Etienne Schouppe, dont le pays préside l'UE.

Pour la première fois, le principe du pollueur-payeur est introduit dans le secteur.

L'objectif est d'élargir un texte existant encadrant les péages, appelée "directive Eurovignette".

Aujourd'hui, ces taxes ne peuvent être prélevées que pour couvrir les coûts de construction et d'entretiens de routes. L'idée à présent est de permettre aux États qui le veulent d'augmenter les péages en prenant en compte pour la première fois des critères environnementaux : bruit et pollution.

Les péages actuels coûtent entre 15 et 25 centimes par kilomètre en moyenne. Ils vont pouvoir augmenter de 3 à 4 centimes.

Les gouvernements qui le souhaitent auront aussi la possibilité de moduler les tarifs en les augmentant de jusqu'à 175% aux heures de pointe, par rapport aux heures calmes, pour tenter de réduire les bouchons. Et ce pendant une plage de cinq heures de la journée.

En faisant cela, l'Europe espère encourager un transfert du transport de marchandises de la route vers le rail, moins polluant, et pousser les transporteurs à acheter des véhicules moins polluants : ces derniers seront moins taxés aux péages, voire exemptés pendant un certain temps.

Les nouvelles possibilités offertes sont facultatives. Les pays qui n'ont pas de péage (ils sont encore la majorité dans l'UE), ou qui se refusent à introduire ces péages "verts", pourront donc décider de ne rien changer.

L'Allemagne, qui dispose d'un péage poids lourds, n'entend pas ainsi dans l'immédiat relever ses tarifs.

Toutefois, les pays qui le feront risquent de contraindre à terme leurs voisins à procéder de même, au risque pour ces derniers de voir se détourner chez eux une grande partie du trafic des camions.

C'est la raison pour laquelle les négociations ont été ardues entre artisans de la taxe, comme la France et l'Autriche dont le territoire est traversé par les poids lourds de l'Europe entière, et adversaire du projet, tels l'Italie et l'Espagne qui sont plutôt utilisateurs et craignaient de trop pénaliser la profession.

Signe de ces divisions : il a fallu passer au vote le 15 octobre à Luxembourg et l'accord n'a été obtenu que d'extrême justesse, à trois voix près, selon un diplomate. Le secteur du transport routier a dénoncé ce résultat.

"Il est inadmissible que les ministres des Transports de l'UE alourdissent le fardeau fiscal du fret routier" alors que ce dernier "ne représente que 10% des usagers de la route", a dénoncé dans un communiqué l'un des responsable de l'Union internationale du transport routier, Alexanders Sakkers.

"La décision est mauvaise pour l'économie et mauvaise pour l'environnement", a-t-il ajouté. L'IRU estime que le transport routier est déjà 20 à 40% plus cher qu'aux États-Unis.

Le dernier mot n'est pas dit toutefois sur ce dossier. L'accord trouvé le 15 octobre doit d'une part encore être formalisé par les pays de l'UE. Et surtout le Parlement européen va encore se prononcer, avec des changements possibles à la clé.

AFP/VNA/CVN

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