La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, "conduira une enquête approfondie sur ce dossier, de manière prioritaire", a-t-elle annoncé dans un communiqué.
Bruxelles veut vérifier si, comme certains l'accusent, Google favorise ses propres services et pénalise ceux de concurrents dans les résultats fournis par son moteur de recherche. Elle veut aussi se pencher sur des "allégations" de clauses d'exclusivité imposées par Google à des partenaires publicitaires, mais aussi à des fournisseurs d'ordinateurs et de logiciels, pour "exclure des outils de recherche concurrents".
Après les condamnations des spécialistes du logiciel Microsoft et des microprocesseurs Intel, qui ont chacun payé plus d'un milliard d'euros d'amendes, un grand groupe technologique américain se retrouve ainsi à nouveau dans le collimateur de Bruxelles.
Pour les observateurs, cela devait arriver tôt ou tard vu la prédominance de Google.
Le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia, a rappelé mardi lors d'une audition au Parlement européen que le groupe affichait en Europe, pour la recherche sur Internet, une part de marché "supérieure à 90%".
Google est très discret sur ses parts de marché, mais réfute ce chiffre qui selon lui ignore des sites pas reconnus comme moteurs de recherche mais remplissant des fonctions similaires, tels par exemple Amazon pour les livres, Expedia pour les voyages.
Pour la publicité en ligne, sa part de marché en Europe était évaluée en 2008 autour de 30%. Google développe aussi beaucoup d'activités annexes, dans la vidéo (YouTube), la numérisation de livres (GoogleBooks), la cartographie (Google Map, Google Street View), la téléphonie...
Ces produits provoquent régulièrement des polémiques sur le respect des droits d'auteurs ou de la vie privée, mais Google suscite aussi des attentions croissantes des autorités de la concurrence.
Il s'est fait épingler en France en juin pour des pratiques publicitaires restrictives. Le dossier a été refermé le mois dernier, mais Google a dû prendre des engagements de transparence et reste sous surveillance.
Des dossiers antitrust sont par ailleurs toujours ouverts en Italie et en Allemagne.
La Commission elle-même avait annoncé en février qu'elle examinait plusieurs plaintes, mais pas ouvert d'enquête formelle. Elle passe désormais à la vitesse supérieure et ses investigations prendront "au moins quelques mois", selon une de ses porte-parole.
"Jusqu'où sommes nous prêts à creuser ? Jusqu'au bout", a prévenu Joaquin Almunia, reconnaissant que le dossier serait "très difficile". "C'est très simple de cliquer sur Google. Ce n'est pas simple de comprendre complètement pourquoi, quand vous cliquez, vous recevez certaines informations et vous n'en recevez pas une autre. Ce n'est pas simple de conclure qu'il y a une infraction, et ce n'est pas simple non plus de conclure qu'il n'y a pas de problème", a-t-il souligné.
Pour se défendre, Google affirme n'avoir "jamais eu l'intention de nuire intentionnellement à des services concurrents". "Notre unique objectif est de fournir la meilleure réponse possible aux utilisateurs", a assuré un porte-parole, estimant qu'il y a "obligatoirement des raisons si des sites sont mal classés par nos algorythmes". "Mais il y aura toujours de la place pour des améliorations, et nous coopérerons donc avec la Commission pour répondre à ses inquiétudes", a-t-il encore dit.
Une volonté de coopérer saluée par Joaquin Almunia, qui a souligné que Google fournissait "beaucoup d'informations".
AFP/VNA/CVN