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Des costumes de l'atelier-théâtre du Bauhaus (1919-1933) présentés lors de l'exposition "L'esprit du Bauhaus" organisée par le musée des Arts décoratifs de Paris en octobre. |
Au cœur de l'histoire des grands mouvements de l'avant-garde au XXe siècle, le Bauhaus a été le théâtre, pendant ses quatorze ans d'existence, d'une révolution artistique qui influence toujours l'architecture et le design d'aujourd'hui.
Plus de 900 œuvres, objets et meubles du quotidien témoignent de l'extrême richesse des champs d'expérimentation de l'école. Le musée des Arts décoratifs a choisi de mettre en lumière l'esprit du Bauhaus, consistant à faire cohabiter esthétique épurée, technique et matériaux de pointe pour une production en série, et transmission des savoirs. "Installée successivement à Weimar, Dessau et Berlin, l'école s'est sabordée à l'arrivée au pouvoir du parti nazi. Le Bauhaus est l'un des berceaux de la modernité en Europe et dans le monde", souligne Olivier Gabet, directeur des musées des Arts décoratifs.
"Trop souvent, le Bauhaus est résumé par du mobilier tubulaire métallique comme le célèbre fauteuil de l'un de ses plus brillants élèves Marcel Breuer, ou encore des architectures simplifiées avec des murs blancs. L'exposition met en avant le mouvement d'avant-garde qu'a défendu l'école, parmi les grandes utopies architecturales et sociales en Europe depuis le milieu du XIXe siècle", ajoute le commissaire de l'exposition, à l'affiche jusqu'au 26 février.
Dès 1919, le Bauhaus s'est distingué par un enseignement global mêlant toutes les disciplines en décloisonnant la pratique artistique, pour donner une grande place à la liberté créatrice par l'expérimentation.
Ouvrir l'esprit
L'une des autres icônes du Bauhaus est signée Wilhelm Wagenfeld, également élève emblématique de l'école : une lampe d'appoint en verre taillé avec son abat-jour en opaline, spécialement réalisée en 1924 pour l'examen de maître artisan orfèvre-ciseleur décroché haut la main.
"Architectes, sculpteurs, peintres, tous nous devons retourner à l'artisanat", écrivait l’architecte Walter Gropius, directeur du Bauhaus, dans le manifeste fondateur de l'école avec comme autres dogmes la hiérarchie des maîtres-compagnons et des apprentis et la collaboration de tous les arts en vue d’un projet commun. Transformé en étudiant du Bauhaus, le visiteur de l'exposition fait ses classes dans une sorte de cours préliminaire destiné comme en 1919 à briser les idées académiques et ouvrir l'esprit.
Parmi les très nombreux travaux d'élèves présentés, on découvre les productions des pièces uniques de poterie de Théodor Bogler aux formes géométriques combinables et destinées à l’industrie. Les productions de Marcel Breuer permettent de comprendre ses recherches sur le mobilier en bois plus brut et massif. En fin de visite, le musée des Arts décoratifs met aussi en lumière l'esprit du Bauhaus en invitant des artistes d'aujourd'hui à présenter leurs œuvres modernistes, comme une suite naturelle.
"Dans une Allemagne alors exsangue, le Bauhaus fait face aux difficultés matérielles et politiques et doit lutter pour survivre. Hannes Meyer, directeur du département architecture, a alors remplacé Gropius, il sera renvoyé pour ses idées socialistes. Dernier directeur, Ludwig Mies Van der Rohe doit se résoudre à fermer l’école en 1933", souligne Olivier Gabet.
Pour la conservatrice Anne Monier, la force du Bauhaus a été aussi d'avoir laissé différents points de vue s'exprimer et coexister, animant sa communauté d'une vie artistique d'une extrême richesse, loin du dogmatisme souvent caractéristique des avant-gardes.