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Le violoncelliste américain David Teie, le 18 octobre 2016 à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sons familiers, ronronnements, bruits caractéristiques de l'allaitement associés à des sons de musique classique... voici la recette pour toucher la corde sensible des petits félins.
"Je possède environ 26 instruments différents pour reproduire les ronronnements. Ce genre de son permet de créer une sensation de bien-être", explique ce musicien de l'Orchestre national symphonique d'Amérique et chercheur en musicologie, qui enseigne à l'université du Maryland.
C'est au "Lady Dinah's Cat Emporium", l'un des deux bars à chats de Londres, installé dans le quartier branché de Shoreditch, dans l'est de la capitale, que le compositeur présente sa création.
Dans ce paradis pour félins trône un énorme faux tronc de baobab dans lequel des cabanes ont été aménagées. Passerelles, cachettes, paniers de repos, griffoirs et joujoux en tout genre divertissent les résidents à poils pour le plus grand plaisir des clients qui réservent en moyenne trois à quatre semaines à l'avance leur créneau d'une heure et demi, moyennant six livres par personne, boissons et gâteaux non inclus.
Après les chats, les chevaux et les chiens
David Teie, 60 ans, cheveux poivre et sel et costume cravate, pose son archet sur les cordes de son violoncelle et tapote doucement. "J'utilise dix instruments acoustiques mais presque tous les sons doivent être modifiés sur ordinateur pour devenir des sons pour animaux", explique-t-il.
Au "Lady Dinah's Cat Emporium", l'un des deux bars à chats de Londres, installé dans le quartier branché de Shoreditch. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Puis il joue quelques notes aiguës avant de passer dans les graves. Lizzie, petite chatte noire aux pattes arrières blanches, s'immobilise, intriguée. Donnie, un matou blanc et roux, abandonne son jouet préféré -une fausse souris en plume accrochée au bout d'une corde- pour approcher le musicien. Curieux, il se dresse sur ses pattes arrières et pose les deux de devant sur le genou de l'Américain.
"Je me suis dit que si j'écrivais de la musique que les chats aiment mais que leurs maîtres trouvent irritante, ils ne la mettront pas, donc j'ai incorporé une couche de musique humaine pour la rendre écoutable et d'ailleurs ça calme aussi les gens", explique David Teie.
"Ce n'est pas très éloigné de la musique de relaxation que nous diffusons habituellement", confie à l'AFP Lauren Pears, la créatrice de ce lieu hors du commun inspiré des bars à chats qui existent en Asie.
Reconnaissant avoir "eu des doutes", elle note que ses félins, tous issus de refuges, "avaient l'air très intéressés et ont réagi beaucoup mieux que je pensais" à la musique.
Pour Poppy Childs, une infirmière dans une garderie de 21 ans, tous les achats sont bons pour faire plaisir à la vieille minette qui l'attend à la maison. "J'essaye de lui trouver des choses pour qu'elle reste active", confie-t-elle, prête à acheter l'album.
Baptisé "Music for Cats", ce disque de cinq morceaux est sorti le 14 octobre, distribué par le géant Universal Music.
"Nous sommes ravis de participer à ce projet inédit dans le monde qui s'attaque au marché inexploité de la musique pour les fans non humains", s'enthousiasme un porte-parole d'Universal Music, évoquant ans un communiqué les chiffres à faire saliver du marché des chats au Royaume-Uni : quatre milliards de livres dépensées chaque année par les propriétaires de plus de 7 millions de chats.
"J'ai composé de la musique pour chevaux et je suis prêt à l'enregistrer. Les chiens viendront après mais c'est compliqué parce que la musique pour chihuahua est différente de celle pour labrador", explique le compositeur. Un marché décidément sans limite.
AFP/VNA/CVN