Soixante dix personnes, 55 manifestants et 15 policiers, ont été blessées lors d'affrontements avec la police dans la ville portuaire de Suez, à 100 km à l'Est du Caire, selon des sources médicales.
La police a également procédé à l'arrestation de 500 personnes, portant à au moins 700 le nombre de personnes interpellées en deux jours de mobilisation populaire, à l'appel du "Mouvement du 6 avril", un groupe pour la démocratie qui réclame des réformes politiques, économiques et sociales dans le pays.
La communauté internationale, dont les États-Unis, l'Union euro-péenne et l'ONU, ont appelé le gouvernement égyptien à écouter les demandes du peuple. La Chine a déclaré 27 janvier espérer un maintien de la stabilité en Égypte, pays en prise avec une contestation inspirée de la révolte tunisienne qui a poussé à la fuite le président Zine El Abidine Ben Ali.
Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue dans plusieurs villes du pays malgré une interdiction stricte des autorités.
Au Caire, un policier et un manifestant ont été tués lors des heurts, selon des sources médicales. Les deux décès portent à six le nombre de personnes tuées en deux jours de protestations.
Dans un autre quartier du Caire, des dizaines de manifestants ont affronté les forces de sécurité devant le ministère des Affaires étrangères, dont ils ont forcé l'une des entrées avant d'être dispersés par des tirs de gaz lacrymogènes.
À Suez, les affrontements ont éclaté après le refus de la police de remettre le corps d'un des trois manifestants morts la veille aux protestataires.
Ceux-ci ont ensuite lancé des bouteilles incendiaires contre un bâtiment relevant de la municipalité, dont une partie a pris feu, selon des témoins. Ils ont aussi lancé des cocktails molotov contre le siège du parti de M. Moubarak et attaqué un poste de police à coups de pierres.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées pour les disperser.
Les manifestations sont les plus importantes depuis l'arrivée au pouvoir en 1981 de M. Moubarak, 82 ans, objet de critiques pour n'avoir notamment jamais levé l'état d'urgence en place depuis près de 30 ans.
Dominés par des slogans demandant son départ, la contestation s'est inspirée de la révolte tunisienne qui a poussé à la fuite le président Zine El Abidine Ben Ali.
Plusieurs immolations par le feu y ont eu lieu, rappelant celle d'un jeune Tunisien qui avait déclenché la révolte dans son pays.
Sur le plan économique, la Bourse du Caire était 27 janvier en forte chute contraignant à une suspension provisoire qui n'a pas permis d'enrayer la baisse, a-t-on appris auprès des autorités boursières, alors que des manifestations sans précédent depuis mardi.
Avec plus de 80 millions d'habitants, l'Égypte est le pays le plus peuplé du monde arabe et plus de 40% de sa population vit avec moins de deux dollars par jour et par personne.
AFP/VNA/CVN