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L'artisan Pham Khac Hà. |
Pourriez-vous nous parler du métier de tissage traditionnel et du village de Van Phuc ?
Van Phuc n’est pas seulement connu pour ses produits en soie, mais également pour ses jardins de mûriers le long de la rivière Day, ainsi que ses techniques particulières d’élevage du ver à soie et de tissage. Selon des documents d’archives, le métier de tissage du village de Van Phuc, se trouvant aujourd’hui dans la commune de Van Phuc, arrondissement de Hà Dông, a vu le jour aux alentours du IXe siècle. La Thi Nuong, qui était l’épouse d’un mandarin, vivait dans le village de Van Bao, il y a plus de 1.100 ans. Elle a alors appris aux villageois à cultiver les mûriers, à élever les vers à soie et, naturellement, leur a enseigné le métier de tissage. Après sa mort, les habitants locaux ont érigé un autel en son honneur et la glorifient depuis comme génie tutélaire du village.
Comment la soie de Van Phuc est-elle utilisée dans la vie quotidienne ?
Dans les temps féodaux, la soie de Van Phuc, de par sa beauté, était le tissu de prédilection pour la confection des costumes royaux. Par la suite, les produits en soie de Van Phuc sont devenus peu à peu marchandises populaires pour l’ensemble des Vietnamiens. En combinaison avec d’autres matériaux dans la conception des vêtements, les créateurs de mode de l’époque ont aidé à affirmer la réputation de cette soie.
Sous la domination française, le tissu vietnamien a commencé à se faire un nom à l’étranger par sa présence notamment aux foires de Marseille et Paris en 1931 et 1938. Depuis 1990, la soie de Van Phuc est exportée dans de nombreux pays du monde. Dotée d’une grande réputation perpétrée de génération en génération et d’une histoire riche de près de 1.200 ans, Van Phuc mérite d’être l’un des villages de métiers traditionnels les plus célèbres du Vietnam.
À noter que les produits en soie de ce village sont tellement célèbres qu’ils sont également présents dans le folklore du pays, dans la poésie et la musique. Par exemple, la chanson Áo lua Hà Đông (Tunique en soie de Hà Đông) de Ngô Thuy Miên, adaptée du poème de Nguyên Sa : "Nắng Sài Gòn anh đi mà chợt mát/Bởi vì em mặc áo lụa Hà Đông" (Je me sens bien sous le soleil éclatant de Saigon/À la vue de cette fille en tunique de soie de Hà Đông), le film Áo lua Hà Đông du réalisateur vietnamien Luu Huynh sélectionné pour le Prix du "Meilleur film étranger" aux Oscars 2008, ou encore le recueil Poèmes sur soie en français de Pham Van Ky, pour ne citer qu’eux.
Une touriste étrangère s’intéresse de près à la beauté de la soie de Van Phuc. |
Quelles sont les particularités de la soie de Van Phuc dans un marché international aussi compétitif ?
La soie de Van Phuc est tissée à partir d’éléments naturels, a des couleurs variées et des traits doux, lisses et délicats. En outre, les motifs sont toujours agencés de manière symétrique, avec des lignes décoratives. Van Phuc propose environ 70 différents types de soie, avec des motifs variés. Dans un contexte mondial de production industrialisée, les produits de Van Phuc, quant à eux, sont fabriqués de manière artisanale. Cette méthode per-pétue une tradition historique dont les villageois sont très fiers. Les valeurs culturelles traditionnelles sont la force de la soie de Hà Đông.
En quoi les autorités étatiques du Vietnam ont-elles aidé le village de Van Phuc ?
Le métier de tissage est une tranche culturelle traditionnelle du Vietnam. Mais cette localité compte, jusqu’à l’heure actuelle, seulement 13 artisans, quelque 170 familles de producteurs et environ 100 boutiques. C’est pourquoi les autorités centrales ont promulgué de nombreuses politiques dans le but de développer Van Phuc et d’en faire une destination touristique et promouvoir ce trait culturel vietnamien auprès des amis internationaux.
En ce qui concerne la formation des jeunes générations, l’Association des artisans de Van Phuc encourage la passion pour ce savoir-faire ancestral au travers d’ateliers de formation afin de créer des opportunités de découverte du métier mais surtout dans l’espoir que ce dernier se perpétue.
Texte et photos : Ngoc Duy/CVN