Afghanistan
Les talibans laissent les collégiennes et lycéennes revenir en cours

Les collégiennes et lycéennes afghanes retourneront en cours "aussi vite que possible", ont assuré mardi 21 septembre les talibans dont l'annonce récente d'une série de restrictions envers les femmes avait fait craindre qu'ils n'interdisent à nouveau aux jeunes filles d'étudier.

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Des Afghanes attendent devant une banque, le 20 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le nouveau régime afghan a par ailleurs achevé la formation de son gouvernement, qui ne comprend aucune femme ministre ni ministère des Femmes, a annoncé Zabihullah Mujahid, porte-parole du régime des talibans, revenus au pouvoir il y a un peu plus d'un mois.

L'annonce du retour des jeunes filles dans les collèges et lycées confirme, après celui dans les universités privées, l'évolution affichée par les talibans depuis leur premier règne de 1996-2001, lorsqu'ils leur interdisaient toute éducation et tout travail hors du foyer.

Les cours dans les écoles afghanes avaient été interrompus à la mi-août après le retour au pouvoir des talibans, à la faveur du retrait américain et de l'effondrement du gouvernement pro-occidental. Ils ont déjà repris pour les garçons et les filles dans le primaire.

Les talibans avaient indiqué samedi 18 septembre autoriser la rentrée des garçons dans les collèges et lycées, sans l'annoncer pour les filles et les femmes professeures, provoquant un vent d'inquiétude au sein des familles éduquées comme à l'étranger, l'ONU en tête.

"Nous finalisons les choses (...) Cela arrivera aussi vite que possible", a affirmé M. Mujahid lors d'une conférence de presse à Kaboul à propos du retour en cours des collégiennes et lycéennes, ajoutant que le gouvernement souhaitait offrir un "environnement éducatif sûr" aux filles avant leur retour en classe.

Mais nombre d'Afghanes continuent de douter de la volonté réelle des islamistes de leur accorder des libertés. "C'était déjà comme ça la dernière fois (entre 1996 et 2001, ndlr). Ils n'avaient cessé de dire qu'ils nous autoriseraient à retourner travailler, mais ça n'est jamais arrivé", avait indiqué lundi 20 septembre une professeure.

Le porte-parole du régime a par ailleurs annoncé que les talibans avaient complété la formation de leur gouvernement, faisant entrer quelques membres d'autres communautés, conformément à leur engagement initial d'avoir un cabinet ouvert à la diversité.

"Besoin de temps"

Le nouveau ministre délégué à la Santé est un membre de la communauté Hazara, minorité chiite persécutée par les talibans dans les années 1990, et celui du Commerce un marchand originaire du Panchir, province d'ethnie tadjike historiquement hostile aux talibans.

Après l'annonce le 7 septembre de la première partie du gouvernement, largement trusté par des responsables historiques du mouvement dans les années 90, des pachtounes originaires pour beaucoup du Sud et de l'Est du pays, les talibans avaient été épinglés par les Occidentaux pour leur manque de diversité.

Des petits Afghans à l'école Istiklal de Kaboul, le 18 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'absence de femme au gouvernement, également critiquée, a été confirmée mardi 21 septembre par M. Mujahid, tout comme celle d'un ministère des Femmes.

Dans un autre signe de raidissement, le nouveau régime avait la semaine dernière installé le ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, craint pour son fondamentalisme durant le premier règne taliban, à la place de l'ancien ministère des Affaires féminines.

Au niveau économique, le pays, largement tributaire de l'aide internationale depuis 20 ans, vit depuis un mois en partie à l'arrêt, subissant la fuite de dizaines de milliers d'Afghans parmi les plus riches et éduqués, le gel des avoirs internationaux et une inflation galopante. Le tout nourrit une sévère crise économique, qui force nombre d'Afghans à se démener chaque jour pour trouver de quoi survivre.

Un mois après le changement de régime, de nombreux fonctionnaires se plaignent de ne pas avoir reçu de salaire depuis au moins deux mois.

M. Mujahid s'est efforcé de les rassurer en annonçant que les talibans avaient assez d'argent pour payer leurs salaires, même s'il a aussitôt ajouté que le gouvernement avait "besoin de temps" pour le distribuer à tous, sans précision sur le délai.

À New York, avant l'Assemblée générale des Nations unies, le Pakistan a appelé la communauté internationale à débloquer les milliards d'USD d'actifs afghans gelés depuis le retour des talibans au pouvoir, sans espérer une reconnaissance rapide du régime islamiste.

Les talibans ont également depuis leur arrivée largement limité l'accès des femmes au monde du travail, leur disant de rester chez elles "pour leur sécurité" et jusqu'à ce qu'ils puissent organiser la séparation entre hommes et femmes également sur les lieux de travail.

Dimanche 19 septembre, le nouveau maire de Kaboul avait annoncé que dans sa municipalité, les emplois des femmes seraient désormais occupés par des hommes.

Après l'invasion occidentale et la chute des talibans première version à la fin 2001, les femmes ont acquis nombre de droits, devenant parlementaires, juges, pilotes, policières... principalement dans les grandes villes.

Des centaines de milliers d'entre elles sont ainsi entrées dans le monde du travail, une question de survie pour celles que des décennies de guerre ont laissées veuves ou en charge d'un mari handicapé.

AFP/VNA/CVN

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