Face à Orban, des primaires historiques de l'opposition en Hongrie

Les Hongrois vont départager lors de primaires inédites à partir de samedi 18 septembre les candidats de l'opposition, qui fait front commun pour tenter de battre le chef honni du gouvernement sortant Viktor Orban aux législatives en avril prochain.

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Klara Dobrev, candidate du "Parti de la coalition démocratique", lors de la séance de clôture de la campagne, le 17 septembre 2021 à Budapest.
Photo : AFP/VNA/CVN

Portés par des municipales prometteuses en 2019 et des sondages favorables, six partis allant de la gauche aux nationalistes ont décidé de s'allier.

Car "malgré les clivages idéologiques", le "tout sauf Orban" l'emporte sur les autres considérations, estime l'analyste Daniel Mikecz, du groupe de réflexion Republikon.

Les différentes formations sont unies par leur détestation du Premier ministre souverainiste de 58 ans, coutumier des bras de fer avec Bruxelles sur les migrants ou la question des LGBT+, qu'ils accusent de dérive autoritaire et de corruption.

Ces primaires vont se dérouler en deux tours: du 18 au 26 septembre, puis si nécessaire, du 4 au 10 octobre pour départager les prétendants au poste de Premier ministre arrivés en tête.

Long cheminement

Cinq candidats sont en lice et une centaine de représentants devront aussi être choisis dans chacune des circonscriptions de ce pays d'Europe centrale comptant 9,8 millions d'habitants, gouverné depuis 2010 par le Fidesz de M. Orban.

Peter Jakab (41 ans), le chef du Jobbik, un parti au passé d'extrême droite, Gergely Karacsony (46 ans), le maire libéral et écologiste de la capitale Budapest et l'eurodéputée socialiste Klara Dobrev (49 ans) font figure de favoris.

Cette primaire est le fruit d'un long cheminement. Tout a commencé en décembre 2020. Qu'elles soient libérale, écologiste, socialiste ou issue de l'extrême droite, les formations représentées au Parlement ont signé une déclaration commune.

Elles se sont engagées sur un programme de gouvernement, alors qu'elles s'étaient présentées divisées face au Fidesz aux trois précédents scrutins, remportés haut la main par ce dernier.

Et c'était indispensable pour l'un des candidats en province, car Viktor Orban "a changé la loi électorale" une fois au pouvoir. "Avant, nous avions un système à deux tours", rappelle Ferenc Gelencser.

Au fil de nombreuses réformes institutionnelles, le dirigeant est accusé d'avoir remodelé à son avantage les circonscriptions et l'ensemble du système.

Mariage de raison

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'adresse aux médias à Bruxelles, le 24 juin 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'alliance tient donc surtout du mariage de raison et face à l'adversité, les six formations de l'opposition mettent volontiers de côté leurs différends.

Un premier débat organisé dimanche 19 septembre entre les cinq prétendants s'est révélé cordial. Car c'est aussi cela, le but de l'exercice : offrir un peu de visibilité à un camp asphyxié par les médias affidés à Viktor Orban.

Lutte contre la corruption, rétablissement de l'État de droit, hausse des salaires... "Pendant des semaines, l'opposition va faire parler de ses thèmes de prédilections", précise Daniel Mikecz.

"Quel que soit le vainqueur, je le soutiendrai", lance à l'AFP Gyorgy Abelovszky, un enthousiaste électeur de 67 ans, qui s'est déplacé pour assister à un des débats et salue "une idée formidable".

Une union sacrée vigoureusement dénoncée par les fidèles de M. Orban comme étant artificielle et moralement discutable.

Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement, déplorait en 2019 une "alliance avec la droite antisémite, alors que le Jobbik reste un groupe de radicaux d'extrême droite".

Jusqu'en 2013, cette formation nationaliste brûlait des drapeaux européens et suggérait d'établir des listes de juifs "à risque". Hier ostracisée, elle a ces dernières années opéré une tentative de recentrage.

Mais en raison du système inéquitable, "l'opposition ne peut rivaliser avec le Fidesz que si elle forme un bloc", tranche Antal Csardi, un écologiste qui souhaite devenir député à Budapest.

AFP/VNA/CVN

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