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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 15 septembre à Strasbourg. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Alors que le retrait chaotique de l'armée américaine d'Afghanistan a relancé la réflexion sur l'autonomie militaire des Vingt-Sept, "c'est d'une Union européenne de la défense dont nous avons besoin", a affirmé Mme von der Leyen devant les eurodéputés à Strasbourg, dénonçant un "manque de volonté politique".
"Le moment est venu pour l'UE de passer à la vitesse supérieure" pour se "défendre contre les cyber-attaques, agir là où l'OTAN et l'ONU ne sont pas présents et gérer les crises à temps", a plaidé la cheffe de l'exécutif européen, à l'occasion de son deuxième discours annuel sur l'état de l'Union.
Un sommet y sera consacré sous la présidence française de l'UE au premier semestre 2022, a-t-elle annoncé, alors que le projet de création d'une force européenne de réaction rapide de 5.000 militaires suscite des résistances.
Pour soutenir les Afghans, l'UE a promis une aide humanitaire supplémentaire de 100 millions d'euros, après avoir déjà quadruplé cette aide pour 2021, à quelque 200 millions.
Devant le Parlement européen, Mme von der Leyen a défendu vigoureusement sa gestion de la pandémie de COVID-19, tout en appelant à accélérer encore les vaccinations dans le monde.
Alors que "moins de 1% des doses de vaccins ont été administrées dans les pays pauvres", l'UE leur offrira 200 millions de doses supplémentaires d'ici mi-2022, s'ajoutant aux 250 millions déjà promises, a-t-elle dit.
Un engagement accueilli avec réserve par des ONG qui préfèrent une levée des brevets pharmaceutiques : "L'écart entre les belles paroles et les actes se creuse de façon embarrassante", a réagi Christos Christou, président de MSF, redoutant de "fausses promesses".
Dans le même temps, l'UE prévoit de muscler ses mécanismes pour se préparer aux futures crises sanitaires.
"Souveraineté"
La satisfaction affichée par Ursula von der Leyen sur la vaccination (70% d'adultes européens ont reçu les doses commandées par Bruxelles) et le colossal plan de relance de l'UE a agacé certains parlementaires.
"Ces avancées ont été dictées par les événements, je peine à vous voir à la manœuvre", a cinglé Dacian Ciolos, chef des eurodéputés Renew (libéraux). "C'est une étrange autosatisfaction, alors que la crise sanitaire a cruellement exposé les failles européennes", a renchéri François-Xavier Bellamy (PPE, droite).
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le PPE a cependant bien accueilli l'engagement de conforter l'autonomie industrielle du continent - notamment en dopant sa production de semi-conducteurs pour réduire sa dépendance à l'Asie. "Une question de souveraineté", selon Mme von der Leyen.
Bruxelles veut aussi s'appuyer sur son ambitieux Pacte vert pour concilier reprise économique et action climatique, épinglant au passage les États-Unis, la Chine et le Japon, appelés à présenter "des plans concrets" de baisse de leurs émissions d'ici la COP26.
L'accord de Paris prévoyait que la communauté internationale apporte 100 milliards d'USD par an jusqu'en 2025 pour financer "l'action climatique" des pays les plus vulnérable. Mais si l'UE donne 25 milliards d'USD annuels, "le trou béant laissé par d'autres met l'objectif mondial hors de portée", a-t-elle regretté, promettant de renforcer la contribution européenne.
Le chef des eurodéputés Verts, Philippe Lamberts, a appelé l'UE à engager "une transformation complète de notre économie".
Prudence sur la rigueur budgétaire
Ursula von der Leyen a également mis en avant son souci de justice sociale et promis une proposition de loi pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Elle a également assuré que face à une reprise encore fragile, l'UE "ne répétera pas l'erreur" commise après la dernière crise financière quand un retour précipité à la rigueur budgétaire avait provoqué une rechute dans la récession.
"Je pense que nous n'en avons pas encore fait assez, car la pandémie a exacerbé les difficultés et inégalités d'un modèle économique injuste", a répliqué la cheffe de file des sociaux-démocrates, l'Espagnole Iratxe Garcia Perez, estimant que la transition verte devait s'accompagner de "justice sociale".