Le Canada retient son souffle à quatre jours des législatives

À quatre jours des législatives, la tension monte au Canada et le Premier ministre sortant Justin Trudeau sur la sellette a intensifié ses appels au vote stratégique pour barrer la route aux conservateurs qui veulent selon lui "faire reculer le Canada".

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Le Premier ministre canadien et chef du parti libéral Justin Trudeau prononce un discours de campagne le 13 septembre, à Vancouver, au Canada.
Photo : AFP/VNA/CVN

D'après les derniers sondages, les écarts dans les intentions de vote sont minimes et interdisent tout pronostic : les deux grands partis sont à égalité, à 32% des intentions de vote, devant le candidat de gauche du Nouveau parti démocratique (NPD) donné autour de 20%.

L'histoire semble donc se répéter : comme en 2019, le pays semble se diriger vers la formation d'un nouveau gouvernement minoritaire si aucun des deux partis n'est en mesure d'atteindre 170 des 338 sièges de la Chambre des communes.

"La lutte se corse entre les deux partis politiques", estime auprès de l'AFP Jean-Marc Léger de l'institut de sondage du même nom. Et comme aucun des chefs de partis ne "semble avoir impressionné les électeurs, cela ressemble beaucoup plus à un vote par élimination qu'à un vote de conviction", souligne-t-il.

Pourtant à la mi-août, quand il a annoncé la tenue des élections anticipées, le Premier ministre Justin Trudeau pouvait compter sur des sondages favorables, qui le plaçaient cinq points devant les conservateurs. Il espérait surfer sur sa gestion de la pandémie et le succès de la campagne vaccinale canadienne afin de redevenir majoritaire pour un troisième mandat.

Justin Trudeau, 49 ans, reste toujours perçu comme celui qui ferait le meilleur Premier ministre, avec 25% d'opinions favorables contre 20% pour le conservateur Erin O'Toole. Mais il est bien loin de l'engouement qu'il avait su déclencher en 2015.

Usé par le pouvoir et des scandales qui ont écorné son image, le chef du gouvernement sortant semble en plus avoir laissé des plumes dans cette campagne éclair de 36 jours qu'il a déclenchée en plein rebond de la pandémie de COVID-19.

"Il y a plus de gens qui ont une mauvaise opinion aujourd'hui de Justin Trudeau qu'il y en avait avant la campagne", souligne M. Léger.

Le climat, enjeu majeur

Jetant ses dernières forces dans ce bras de fer, Justin Trudeau a, comme il y a deux ans, amplifié cette semaine son appel au vote stratégique, appelant les électeurs à barrer la route aux conservateurs.

"Nous sommes les seuls à être en position d'arrêter Erin O'Toole et de pouvoir l'empêcher de faire reculer le Canada", a martelé mercredi 15 septembre le Premier ministre sortant en déplacement à Halifax dans l'Est du pays.

Il n'a eu de cesse ces derniers jours de dénoncer le "recul" qui menace le Canada sur le plan environnemental notamment si les conservateurs reviennent au pouvoir. Selon lui, son parti a le seul programme "ambitieux et réaliste" dans ce domaine-là.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh (gauche), face au chef du parti conservateur Erin O'Toole, lors d'un débat télévisé en anglais, le 9 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'option du vote stratégique a été vertement vilipendée mercredi 15 septembre par le leader du NPD, Jagmeet Singh. "M. Trudeau se présente comme un progressiste, mais c'est quoi son bilan ?", a-t-il questionné, en campagne en Ontario rappelant que le Canada est le seul pays du G7 où les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté ces six dernières années.

De son côté, Erin O'Toole, 48 ans, n'a pas hésité pour ces derniers jours à tirer à boulets rouges sur Justin Trudeau estimant qu'il était "temps" d'envisager "un changement après six ans d'inaction, d'incompétence". "Les Canadiens méritent mieux", a ajouté Erin O'Toole, en déplacement au Québec mercredi 15 septembre.

Dans ce contexte, "les derniers jours sont toujours très risqués pour les politiciens, c'est les moments les plus difficiles avec le risque de bévue et de ne pas avoir le temps de se rattraper", rappelle Hugo Cyr, professeur à l'Université du Québec à Montréal.

Et pour tous, le suspense pourrait se prolonger car il reste une grande inconnue : comment le pays va gérer une forte augmentation du vote par anticipation et par correspondance ?

Plus d'un électeur sur cinq a déjà glissé son vote dans l'urne en votant par anticipation, selon l'organisme chargé d'organiser le scrutin, soit près de 5,8 millions de personnes. Et environ 1,2 million ont fait une demande pour voter par la Poste.

Selon Pierre Pilon d'Élections Canada, il est probable "qu'on puisse ne pas connaître le nom du gagnant le soir même, mais plutôt soit le lendemain ou le surlendemain".

AFP/VNA/CVN

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