Un bip et un texto concis : "rendez-vous à la clinique demain". Ce message rappelle chaque mois à Emily Moletsane, une séropositive sud-africaine, quand elle doit aller chercher ses médicaments.
"Ca marche bien parce que je consulte tout le temps mon portable", explique la quadragénaire, en attendant son tour dans les couloirs du centre de santé Themba Lethu, à Johannesburg.
Comme elle, environ 10.000 porteurs du virus VIH sud-africains ont choisi de recevoir des alertes par SMS pour ne pas oublier leurs échéances médicales. L'application, baptisée txtAlert, a été mise au point par la fondation Praekelt. Les centres de soins ne paient que les SMS. Quant aux patients, s'ils ont besoin de changer l'heure de leur rendez-vous, ils peuvent renvoyer gratuitement le message "rappelez-moi SVP". "Aucune autre technologie ne permet d'atteindre autant de gens", assure Marcha Neethling de cette fondation. "Quand on considère la somme pour atteindre une personne, c'est clairement la technologie la moins chère."
Autre avantage : le système minimise l'absentéisme. Depuis sa mise en place en 2007, le nombre de visites manquées a chuté de 15% à Themba Lethu. "C'est impressionnant", commente le chef des équipes médicales, Thapelo Maotoe.
Le géant sud-africain n'est pas le seul à utiliser la téléphonie mobile dans le secteur médical. Avec 624 millions d'usagers des téléphones portables, l'ensemble de l'Afrique s'est lancée avec foi dans la "santé mobile".
"Le continent porte le plus lourd fardeau mondial en terme de maladies mais dispose du ratio le plus faible de médecins par habitant", relève Adele Waugaman, qui gère un partenariat entre la Fondation des Nations unies et le groupe Vodafone. "Les téléphones portables sont un outil pour tenter de surmonter les défis médicaux", ajoute la responsable, selon laquelle le secteur représente un marché potentiel de 60 milliards de dollars.
Au Ghana, environ 2.200 médecins ont déjà choisi de s'inscrire dans le réseau MDNet, qui leur permet de s'appeler ou de s'envoyer des textos gratuitement, et de figurer dans un annuaire commun.
Le pédiatre Frank Serebour, qui travaille dans un hôpital à Kumasi (270 kilomètres d'Accra) s'en est récemment servi pour trouver un spécialiste capable d'opérer en urgence un nouveau-né à Accra. "Je n'ai eu qu'à utiliser cet annuaire, appeler le spécialiste (...) Quand l'ambulance est arrivée, ils attendaient le patient", explique-t-il. "Si seulement, ils pouvaient entrer dans leur système tous les personnels de santé, même les infirmiers, les sages-femmes..."
Dix-sept ans après le traumatisme du génocide, le Rwanda essaie aussi de compenser son manque criant de médecins (un docteur pour 18.000 personnes) grâce à cette technologie.
Le programme TRACnet, développé par l'entreprise américaine Voxiva et utilisé dans 450 centres de santé, permet de collecter des données sur le sida, de suivre les stocks d'antirétroviraux et de communiquer les résultats des tests de dépistage du virus VIH.
Depuis sa mise en place, le délai pour connaître le statut des nouveau-nés est passé de quatre mois à deux semaines.
"Le téléphone est le seul outil à notre disposition pour échanger des données", explique Christian Munyaburanga, un formateur aux programmes de santé électroniques. "La plupart des centres n'ont pas de connections internet. Certains n'ont même pas d'électricité."
AFP/VNA/CVN