Les routes du narcotrafic en mutation constante, selon l'Observatoire des drogues

Par la mer, la route mais aussi par les airs ou le digital, les routes et méthodes d'approvisionnement en stupéfiants en France sont en constante évolution, note l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) dans un bilan publié lundi 27 janvier.

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De la cocaïne, un fusil et des liasses d'argent, saisis par les douanes françaises au Havre, le 15 novembre 2013.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour ce qui est de la cocaïne, dont la demande n'a jamais été aussi forte en France avec plus d'un million de consommateurs, le transport maritime a représenté 75,4% des saisies de cette drogue en 2022, contre 17,1% pour le vecteur aérien passager, note l'OFDT dans son bilan de l'offre de stupéfiants en France en 2023.

Le port du Havre, fort de ses liaisons maritimes avec des pays sud-américains parmi les plus gros producteurs mondiaux, constitue "l'une des principales portes d'entrée de la cocaïne en Europe". Le renforcement des mesures de sécurité dans le site normand ont "permis de réduire son utilisation" par les narcotrafiquants, mais ces restrictions ont été contournées.

Les autorités ont en effet constaté une augmentation des largages de marchandise en mer ainsi que de l'utilisation de ports secondaires. Les premières données de 2024 suggèrent "une réutilisation accrue" du Havre, note l'OFDT.

Les ports des Antilles françaises jouent également un "rôle stratégique" dans le transport de la cocaïne, notamment celui de Fort-de-France en Martinique et le complexe de Jarry en Guadeloupe.

Le postal a le vent en poupe

Concernant l'approvisionnement par voie aérienne, l'axe Cayenne-Paris reste dans les radars des autorités françaises.

Ces dernières traquent les mules qui acheminent la drogue in corpore (dans leur corps) ou dans leurs bagages, conduisant à ce que plus de 680 d'entre elles aient été interceptées au 31 janvier 2024.

Mais s'il y a eu un "effet dissuasif", il semble que là encore les trafiquants aient élaboré des "voies de contournement" et privilégié "des avions à destination des Antilles, puis des Antilles vers l'Hexagone, faisant l'objet de contrôles moins systématiques", écrit l'OFDT.

Le fret express et postal "s'affirme comme une alternative majeure" aux mules, souligne encore l'observatoire.

Un message Telegram envoyé par des trafiquants de drogue à des clients potentiels, le 22 mars 2024 à Marseille.
Photo : AFP/VNA/CVN

Il a représenté en 2022 36% des saisies de cocaïne effectuées par les douanes de Roissy Fret en provenance de Guyane.

Initialement privilégiée pour des drogues en quantités modestes et spécifiques (concentrés de cannabis, kétamine ou GBL), la voie postale est désormais aussi choisie pour livrer résine de cannabis ou cocaïne.

Les consommateurs passent "non plus via des sites dédiés, mais plutôt à travers des comptes de trafiquants sur des applications et réseaux sociaux", explique l'OFDT, selon qui "ce mode d'achat est de plus en plus répandu, offrant aux consommateurs un confort notable car il n'implique aucun contact direct avec un revendeur" et assure une livraison rapide (en 24 ou 48 heures).

Les trafiquants disposent quant à eux généralement d’un appartement où se fait aussi le conditionnement des commandes, équipé de "machines à mise sous vide pour dissimuler les odeurs et d'imprimantes pour l'étiquetage des colis".

Mi-janvier, Bruno Retailleau a admis que les autorités avaient "toujours, malheureusement, un temps de retard" sur les narcotrafiquants.

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le maire du Havre Édouard Philippe après une réunion sur la sécurisation du port, le 13 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le ministre de l'Intérieur a évoqué une "submersion" et reconnu que si le prix de la drogue ne bouge pas malgré les saisies record, cela "signifie qu'il y a toujours plus de marchandises qui débarquent sur le sol français".

L'OFDT note que "la France sert de point de transit pour la cocaïne à destination de l'Océanie et de l'Asie du Sud-Est, principalement via le fret postal et les vols commerciaux".

Au sujet de l'acheminement du cannabis, drogue n°1 en France avec près de 5 millions d'usagers en 2023, la résine de cannabis est, une fois arrivée sur le sol européen, acheminée par voie terrestre vers le reste du continent.

Du côté des drogues de synthèse, telles que la MDMA/ecstasy et les amphétamines, qui pour celles consommées en France arrivent majoritairement des Pays-Bas, elles sont là aussi transportées par voie terrestre.

Sur ces produits, relève l'OFDT, la France sert de pays de transit pour les trafiquants, notamment vers le Royaume-Uni et l'Espagne, et "une partie de ces drogues est réexpédiée par fret express ou postal vers l'Amérique, l'Océanie et, de manière plus marginale, vers La Réunion".

Le chiffre d'affaires du trafic de drogue est estimé entre 3,5 et 6 milliards d'euros par an en France.

AFP/VNA/CVN

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