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L'armée équatorienne distribue le matériel électoral dans les bureaux de vote de Quito, le 19 août. |
Photo : VNA/CVN |
Le vote se déroule douze jours après l'exécution à Quito, par un commando de tueurs à gage colombiens, du centriste Fernando Villavicencio, un ex-journaliste de 59 ans, qui arrivait en deuxième position dans les sondages.
L'assassinat a traumatisé le pays, mais aussi rebattu les cartes d'un scrutin pour lequel aucun des huit candidats ne semble désormais en mesure de l'emporter à la majorité absolue et d'éviter une second tour le 15 octobre.
Longtemps un oasis de paix en Amérique latine, réputé pour ses bananes, ses crevettes roses et ses îles Galapagos, l'Équateur a été contaminé ces dernières années par le trafic de drogue en provenance de la Colombie et du Pérou voisins (principaux pays producteurs de cocaïne), sponsorisés par les cartels mexicains. Au point désormais de menacer la stabilité des institutions, et de ressembler à la Colombie sanglante des années 1990 du défunt baron de la drogue Pablo Escobar.
Si la côte Pacifique -et son port stratégique de Guayaquil- est longtemps restée l'épicentre des violences, Quito vit désormais dans la psychose, avec un taux d'homicide à l'échelle nationale qui a doublé en 2022 et battra des records cette année. Depuis 2021, plus de 430 détenus se sont par ailleurs entretués dans massacres entre gangs rivaux dans les prisons du pays.
À cette violence s'ajoute une crise institutionnelle qui a laissé le pays sans Congrès ces trois derniers mois, lorsque l'impopulaire président conservateur sortant Guillermo Lasso a décidé d'une dissolution et de convoquer des élections anticipées pour éviter d'être mis en accusation pour corruption.
"Peur et pessimisme"
"Les Équatoriens vont voter avec trois sentiments", résume Santiago Cahuasqui, politologue à l'Université internationale SEK : "la peur de l'insécurité, le pessimisme sur la situation économique, et la méfiance envers la classe politique".
Les candidats à la présidentielle en Équateur. De gauche à droite : Luisa Gonzalez, Otto Sonnenholzner, Jan Topic, Yaku Perez et Christian Zurita. |
Photo : VNA/CVN |
Quelque 13,4 millions d'électeurs sur (18,3 millions d'Equatoriens) sont appelés à voter entre 07h00 et 17h00 heure locale (12h00 et 22h00 GMT) pour élire le président et le vice-président, ainsi que les 137 députés du Congrès monocaméral.
Le nouveau président sera élu pour un peu plus d'un an, jusqu'à mai 2025, période correspondant à la fin théorique du mandat de M. Lasso.
Une avocate socialiste amatrice de tatouages, un journaliste désigné au dernier moment pour remplacer son ami tombé sous les balles et un ex-sniper de la Légion étrangère française se disputeront les votes des électeurs, parmi huit candidats vivant dans la psychose d'un attentat et ne sortant plus que vêtus de gilets pare-balles et sous escorte armée.
Le journaliste et candidat centriste à la présidentielle en Équateur Christian Zurita, le 18 août dans son bureau à Quito. |
Photo : VNA/CVN |
Le temps ayant manqué pour imprimer de nouveaux bulletins de vote, le visage du défunt Villavicencio figurera toujours sur les bulletins de son remplaçant au pied levé, le journaliste Christian Zurita.
Meilleur ami et collègue de Villavicencio, M. Zurita a été de toutes les enquêtes ayant mis au jour d'importants scandales de corruption. La plus retentissante de ces enquêtes avait abouti à la condamnation de l'ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017) à huit ans de prison, le forçant à l'exil.
"Le relais est une nécessité éthique (...) je vais faire de mon mieux pour honorer votre parole, votre conscience, vos pensées, votre éthique, votre stature morale", a déclaré le candidat Zurita, 53 ans, qui a promis en cas de victoire d'appliquer intégralement le programme anti-corruption de son ami assassiné.
Amazonie ou pétrole
Sa rivale, et seule femme dans la course à la présidence, Luisa Gonzalez, 45 ans, est une très proche de Correa, dont elle fut longtemps la conseillère. Elle a assuré qu'elle ferait de l'ex-président en exil son conseiller en cas de victoire.
Des partisans de la candidate de gauche à la présidentielle en Équateur Luisa Gonzalez, le 17 août pendant le meeting de clôture de campagne à Guayaquil. |
Photo : VNA/CVN |
Mme Gonzalez était la favorite des sondages jusqu'à l'assassinat de Villavicencio. Mais la mort tragique de l'ex-journaliste "a exacerbé le sentiment anti-Correa", estime M. Cahuasqui.
Derrière Mme Gonzalez et Zurita viennent l'ancien tireur d'élite et ex-parachutiste Jan Topic (droite), le leader indigène Yaku Pérez (gauche) et l'ancien vice-président Otto Sonnenholzner (droite), selon les sondages du début du mois d'août.
La courte campagne électorale a été marquée par trois autres assassinats : un maire d'un grand port, un candidat au Congrès et un dirigeant corréiste local.
Surnommé le "Bukele équatorien" en référence au dirigeant à poigne salvadorien Nayib Bukele, Topic, un ancien membre de la Légion étrangère française de 40 ans, est le candidat qui, après l'assassinat de Villavicencio, semble avoir marqué des points auprès des électeurs, séduits par son discours musclé contre la criminalité.
Alors que le pays vit sous état d'urgence depuis plus d'une semaine, militaires et policiers seront déployés sur tout le territoire pour le vote de ce dimanche. Les premiers résultats doivent être publiés dans la nuit par l'autorité électorale.
Les électeurs se prononcent aussi ce dimanche par référendum sur la poursuite de l'exploitation pétrolière dans la jungle amazonienne de Yasuni (Nord-Est), une terre indigène et réserve unique de biodiversité. Une consultation "historique" aux yeux des défenseurs de l'environnement et de la cause indigène.
AFP/VNA/CVN