Les prouesses de l’impression 3D exposées à Paris

Des bijoux sur mesure, une prothèse de main, un vase «sculpté» par le son de la voix : les multiples possibilités de l’impression 3D s’exposent à Paris, pour inciter les entreprises françaises à embrasser ces nouvelles technologies.

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Julia Longtin de HacDC imprime un objet à l’aide d’une imprimante 3D dans un hackerspace de Washington DC.

L’enjeu de cette exposition, organisée au Lieu du Design, est de «faire prendre conscience aux chefs d’entreprise que la France est en retard dans l’acquisition de ces technologies», explique Stéphane Simon, directeur général de cet espace de promotion du design industriel créé par la région Île-de-France.

«Il est vraiment temps de prendre le train en marche ! Il y a des défis réels en terme d’industrialisation à relever», souligne-t-il.

Technologie accompagnant «la quatrième révolution industrielle», l’impression 3D ou fabrication additive, «donne lieu à toute une nouvelle économie aujourd’hui», poursuit Stéphane Simon, notant qu’«il manque 2.000 emplois de designers 3D en France».

L’impression 3D représente un marché mondial de 3 milliards de dollars et une progression de 30% par an, renchérit Valérie Montandon, présidente du Lieu du Design et conseillère régionale, soulignant la nécessité de «faire en sorte que les petites entreprises puissent participer à cette opportunité de croissance».

Si la France accuse un retard, c’est pourtant une équipe française qui avait déposé dès le 16 juillet 1984 un brevet définissant le principe de l’impression 3D, juste avant celui de l’Américain Chuck Hull, fondateur de l’entreprise 3D Systems.

Ces technologies, qui existent depuis plus de 30 ans, font surtout parler d’elles parce que certains brevets sont tombés dans le domaine public, les rendant accessibles aux particuliers.

Design, mode, médecine, sport, aéronautique et transport... Près de 70 créations innovantes sont présentées jusqu’au 9 juillet. «Le sur-mesure et la pièce unique sont le standard de cette quatrième révolution industrielle», souligne François Brument, commissaire de l’exposition, baptisée «L’usine du futur».

Implants crâniens en céramique

Désireux de faire participer l’utilisateur au processus de production, ce designer a imaginé des vases en polyamide dont la forme est générée par les modulations de la voix, avant leur impression en 3D.

Une imprimante 3D exposée lors d’un salon en 2013 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

L’utilisateur parle dans un micro, devant un écran sur lequel apparaît l’objet. Plus il parle fort, plus le vase s’élargit, plus il parle longtemps, plus il s’allonge.

Vêtements et bijoux aussi deviennent aisément person-nalisables grâce à l’impression 3D : sur le site de l’entreprise américaine Nervous System, la cliente peut définir elle-même la forme et la couleur de son collier ou son bracelet, composés de petits modules articulés.

Dans le domaine médical, la société française 3DCeram a mis au point une technique permettant de fabriquer des implants crâniens et substituts osseux en céramique. Ces implants, qui comblent par exemple une partie manquante du crâne après une tumeur, sont réalisés en 3D après un scanner du patient, et correspondent ainsi parfaitement à sa morphologie.

Ces nouvelles technologies offrent aussi des opportunités de partage des savoirs. C’est le cas du projet de la communauté e-NABLE, plateforme collaborative où des créateurs mettent au point bénévolement des prothèses de main à très bas coût, imprimées en 3D, pour des personnes handicapées qui n’ont pas accès au système médical traditionnel.

Elles permettent même de contourner les monopoles de certains fabricants : un groupe de designers américains a ainsi élaboré un kit d’adaptateurs permettant d’assembler entre elles des pièces de jeux de construction de différentes grandes marques.

Ces technologies de pointe, qui créent de nouvelles esthétiques, ouvrent de nouveaux champs de créativité. La designeuse néerlandaise Anouk Wipprecht a par exemple conçu pour le constructeur automobile Audi des robes imprimées en 3D et interactives.

Dotée de capteurs de distance et de phares, la robe réagit à son environnement, allumant ses feux dès qu’elle détecte un mouvement autour d’elle.

AFP/VNA/CVN

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