Les populistes allemands se choisissent des chefs pour les législatives

Après avoir infligé un camouflet à leur figure de proue, les populistes allemands de l'AfD, réunis en congrès, doivent désigner dimanche 23 avril l'équipe qui portera leur programme anti-islam et immigration jusqu'aux législatives de septembre.

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Frauke Petry, cheffe du parti populiste AfD à Cologne, le 22 avril 2017.
Frauke Petry, cheffe du parti populiste AfD à Cologne, le 22 avril 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

La guerre des chefs qui mine depuis des mois l'Alternative pour l'Allemagne a culminé au congrès de Cologne samedi 22 avril avec la défaite cuisante de la co-présidente du parti Frauke Petry, les délégués ayant refusé d'étudier sa motion destinée à empêcher une dérive vers l'extrême-droite.

Les durs de la formation, dont certains ont été accusés de racisme et de polémiquer sur le nazisme, abordent donc en position de force l'élection prévue dimanche de l'équipe qui devra faire campagne face aux conservateurs (CDU) de la chancelière Angela Merkel, qui vise un quatrième mandat, et aux sociaux-démocrates du SPD.

Avant même le congrès, Mme Petry, 41 ans, avait indiqué qu'elle ne serait pas à la tête de la bataille électorale, mais désormais elle sera en retrait.

C'est l'un de ses adverses les farouches, Alexander Gauland, 76 ans, qui pourrait du coup piloter l'équipe de campagne. Autre nom cité dans les médias allemands, Alice Weidel, une économiste libérale peu connue du grand public.

Futur "incertain"

Mais avec la défaite de sa télégénique dirigeante, le parti perd aussi sa figure charismatique, souligne le site internet du magazine Der Spiegel, ce qui risque d'hypothéquer ses chances aux élections du 24 septembre.

"Il semblait acquis que l'Afd allait (franchir la barre des 5% aux législatives et) entrer au Bundestag, mais sans Frauke Petry (...) c'est désormais incertain", insiste Severin Weiland du Spiegel. Le verdict est encore plus sévère dans la Süddeusche Zeitung: l'AfD "risque désormais de tomber en morceaux".

Capitalisant sur les craintes liées à l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015-2016, l'AfD avait connu une poussée fulgurante dans les sondages, atteignant 15% des intentions de vote, un niveau sans précédent pour un parti de ce type dans l'Allemagne d'après-guerre.

Mais entre les crises internes, la baisse du flux migratoire et les polémiques sur le racisme et le nazisme, la formation a enregistré un repli depuis janvier (7 à 11% selon les études). Le niveau actuel reste élevé pour l'Allemagne, mais l'objectif d'un résultat à deux chiffres et de devenir le troisième parti du pays est loin d'être acquis.

"Minorité dans notre pays"

Pour se refaire, l'AfD, fondé il y a quatre ans comme un mouvement anti-euro, compte bien faire de l'immigration et de l'islam son leitmotiv pour les législatives.

Étudié point par point depuis samedi, le programme électoral déclare l'islam incompatible avec l'Allemagne, promet la fermeture des frontières, un durcissement du droit d'asile et appelle à un politique nataliste plutôt qu'à une politique migratoire pour répondre au vieillissement de la population.

L'autre co-président de l'AfD Jörg Meuthen s'est ainsi assuré des applaudissements nourris en dénonçant les "politiques d'immigration absurdes" d'Angela Merkel, conspuée pour avoir ouvert le pays aux demandeurs d'asile.

Il a ensuite martelé que l'Allemagne "n'avait presque plus rien en commun avec le pays dans lequel (il) a grandi". "Nous ne voulons pas être une minorité dans notre propre pays", a lâché M. Meuthen.

Le parti, qui se veut anti-élite, réclame par ailleurs plus de démocratie directe, une sortie de l'euro et la défense des valeurs familiales traditionnelles. La première journée du congrès, avait aussi été marquée par d'importantes manifestations anti-AfD dans Cologne en présence de 4.000 policiers.

Deux officiers ont été légèrement blessés dans des échauffourées avec des manifestants qui ont tenté tôt dans la matinée d'empêcher les délégués de rejoindre leur congrès.

Par la suite, des dizaines de milliers de personnes ont défilé pacifiquement et appelé à "la diversité et la tolérance". La présence policière restera importante dimanche 23 avril mais aucune grande manifestation n'est prévue.


AFP/VNA/CVN

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