"Pour les marchés financiers, l'année écoulée peut être comparée à un tour de montagnes russes", commentaient les analystes de Rabobank.
L'impact plus fort que prévu de la crise financière sur l'économie réelle a plongé en mars les marchés d'actions et de changes dans une tourmente dont seuls les plans de relance et l'abaissement des taux d'intérêt à des niveaux sans précédent ont pu les extirper. Le Dow Jones, indice vedette de Wall Street, est tombé début mars pour la première fois en plus de 12 ans sous le seuil de 7.000 points, pour repasser au-dessus de 10.500 points début décembre.
"Jusqu'à présent, le remède des plans de soutien a l'air de fonctionner, parce que la plupart des économies renouent avec la croissance", notaient les analystes de Wells Fargo Securities.
Au fur et à mesure que la confiance en la pérennité de la reprise grandissait, le dollar, une des grandes valeurs refuges, perdait de la vigueur, délaissé pour des investissements plus risqués mais plus rentables.
Fin novembre passé, l'euro a atteint un plus haut en 15 mois, à 1,5144 dollar. Bénéficiant de la faiblesse du dollar, l'or a volé de record en record en 2009, pour atteindre un plus haut historique, à 1.226,56 dollars l'once début décembre, également soutenu par la volonté des pays émergents de diversifier leurs réserves.
Le pétrole a aussi bénéficié de l'affaiblissement du billet vert, son cours plus que doublant pour repasser au-dessus de 80 dollars.
Cependant, pour 2010, "les fondamentaux (de l'offre et de la demande) restent faibles et les incertitudes vis-à-vis de la robustesse des marchés de matières premières élevées", notait Christophe Barret, analyste pétrole chez Calyon. Jeudi, le baril est ainsi repassé sous 70 dollars à New York.
"La grande question est de savoir si les tendances haussières de ces 9 derniers mois vont se poursuivre l'année prochaine" sur l'ensemble des marchés, s'interrogeait David Woo, analyste chez Barclays Capital.
Même dans les économies qui se remettent à croître, "la reprise n'est pas encore réellement pérenne... et son rythme devrait rester péniblement lent" en 2010, commentait également Wells Fargo.
Les marchés craignent principalement une reprise en "W", avec un deuxième creux.
Ce scénario morose a été renforcé depuis 2 semaines par des craintes sur d'éventuelles défaillances d'États, comme Dubaï, la Grèce, le Portugal et l'Espagne.
Dans tous les cas, les pays émergents devraient être les locomotives de la reprise, estiment la plupart des économistes. "La majorité des économies asiatiques devraient obtenir des taux de croissance solides l'an prochain, grâce à l'élan de reprise déjà installé dans la région", prévoyait Wells Fargo. Afin de prendre en compte la croissance de l'économie chinoise et la faiblesse du dollar, les cambistes anticipent d'ailleurs une réévaluation du yuan chinois, actuellement indexé sur le dollar.
Pour des raisons partiellement indépendantes des autres marchés, les matières premières alimentaires ont réalisé une superbe année.
Le sucre et le cacao ont par exemple touché des records inégalés depuis un quart de siècle, à la faveur de craintes de pénuries.
AFP/VNA/CVN