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Les forces loyalistes le 3 août. |
La base d'Al-Anad est tombée à l'issue d'une offensive fulgurante lancée avec le soutien aérien et matériel de la coalition conduite par l'Arabie saoudite, a annoncé le 4 août le ministère yéménite de la Défense.
Cette base commande la principale route reliant Aden au Nord. Les loyalistes peuvent désormais couper la voie de ravitaillement des Houthis et envisager d'avancer en direction de la grande ville du Sud-Ouest, Taëz.
Le ministère a salué une "victoire" et réaffirmé la volonté des forces armées loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé en Arabie saoudite, ainsi que des forces de la Résistance "à rétablir la légalité sur l'ensemble du Yémen".
Les forces loyalistes ont pris dans la nuit le contrôle des bâtiments et des entrepôts de cette vaste base de 15 km² située à une soixantaine de kilomètres au Nord d'Aden, ont indiqué des sources militaires.
Lancée le 3 août par les forces loyalistes, équipées de matériel militaire de la coalition et soutenues par son aviation, l'offensive a donné lieu à de violents combats avec les rebelles retranchés dans la base. Quelque 70 Houthis ont été tués durant les combats et 10 autres capturés, ont indiqué des sources loyalistes en ajoutant avoir perdu 24 hommes et eu 23 blessés.
Dans leur progression à Lahj, les forces loyalistes ont reconquis dans la soirée du 4 août l'important camp militaire de Labouza, situé 10 km au nord d'Al-Anad et assiégé depuis une semaine, ont affirmé des sources militaires. "Nous nous trouvons en soirée dans le QG de Labouza", a déclaré l'une de ces sources.
Simultanément, Houta est tombée, a affirmé le colonel Adel al-Halimi, commandant des forces loyalistes. "Nous contrôlons la plupart des bâtiments publics et le marché", a-t-il ajouté, faisant état de "quelques poches de résistance dans la banlieue Nord".
Les combats à Labouza et Houta ont fait de nombreux morts et blessés, selon les mêmes sources.
Les civils continuent d'être tués à Aden
L'offensive d'Al-Anad a coïncidé avec le débarquement de centaines de combattants de la coalition arabe, en majorité des soldats venus des Émirats arabes unis, pour sécuriser Aden.
Reconquise à la mi-juillet par les forces loyalistes, cette ville portuaire est toujours privée d'eau, d'électricité et de services de base. Et la population civile, très vulnérable, doit faire face au danger des mines et engins explosifs posés par les rebelles.
Carte de localisation de la base d'Al-Anad près d'Aden reprise aux rebelles Houthis par les forces pro-gouvernementales. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon des sources médicales, au moins 18 civils ont été tués et des dizaines blessés en 24 heures à cause de ces explosifs notamment dans le nord d'Aden, théâtre de violents combats avant la reprise de la ville.
De retour à Paris, Thierry Goffeau, coordinateur des projets à Aden pour Médecins sans frontières (MSF), a déploré des pénuries de médicaments, de personnel, des hôpitaux visés par des tirs. "Je n'ai jamais vu un tel niveau de violence", a-t-il dit.
Le conflit, qui a fait près de 4.000 morts, a contraint quelque 100.000 personnes à quitter le pays, a indiqué le 4 août le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Originaires en majorité des pays de la Corne de l'Afrique, ces personnes sont arrivées en Somalie, à Djibouti et en Ethiopie.
Selon cet organisme, le conflit a fait 1.916 morts parmi les civils et 4.186 blessés.
Le HCR a en outre déploré n'avoir recueilli que 23% d'une aide de 105,6 millions de dollars demandée pour assister 1,2 million de déplacés et 250.000 réfugiés à l'intérieur du Yémen.
Partis de Saada, leur fief dans le Nord, les Houthis, issus de la minorité chiite zaïdite et aidés par les unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont lancé l'an dernier une offensive leur ayant permis de prendre le contrôle de la capitale Sanaa et de vastes secteurs du Nord, du Centre et de l'Ouest.
Pour stopper leur progression vers le Sud, l'Arabie saoudite, poids lourd du Golfe, a pris le 26 mars la tête d'une coalition arabe qui mène depuis une campagne aérienne en soutien au président Hadi face aux rebelles, appuyés par l'Iran.
Alors que les forces loyalistes regagnent du terrain, un porte-parole des Nations unies a indiqué à Genève que la Ligue arabe serait prête à envoyer des observateurs au Yémen dans le cas d'un cessez-le-feu.