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Le secrétaire d'État américain John Kerry à Washington, le 28 juillet. |
Cette nouvelle visite du patron de la diplomatie américaine dans le géant arabe est la première étape d'une tournée au Moyen-Orient et en Asie. Les deux pays, aux relations tumultueuses depuis la révolte égyptienne de 2011, se sont plus ou moins rabibochés ces derniers mois, notamment grâce à la reprise en mars de l'assistance militaire américaine de 1,3 milliard de dollars par an.
John Kerry devait co-présider dans la matinée avec son homologue Sameh Choukri le "dialogue stratégique" dont la dernière édition remonte à 2009. Il devait aussi s'entretenir avec le président Abdel Fattah al-Sissi.
La diplomatie égyptienne voit dans ce "partenariat stratégique" un "intérêt commun à promouvoir la prospérité, la stabilité et à combattre la menace commune que pose le terrorisme international".
De fait, Le Caire et Washington s'alarment de l'insurrection jihadiste dans la péninsule égyptienne du Sinaï limitrophe de la bande de Gaza.
Le Nord du Sinaï est le bastion du groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess qui s'est rebaptisé "Province du Sinaï" pour marquer son allégeance au "califat" autoproclamé par le groupe État islamique (EI) sur des pans de l'Irak et de la Syrie.
La "situation sécuritaire dangereuse" dans cette zone du Sinaï a entraîné fin juillet la prolongation de l'état d'urgence décrété en octobre. Les attentats visant les forces de sécurité se sont multipliés depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Des centaines de policiers et de soldats ont été tués dans ces attaques, selon les forces de sécurité qui disent avoir tué plus de 1.000 jihadistes au Sinaï.
'Très grave menace'
"Nous sommes profondément inquiets de ce qui se passe dans le Sinaï", a commenté un diplomate américain. "Les Égyptiens sont confrontés à une très grave menace d'organisations affiliées à l'EI et nous devons les aider".
Dans le cadre de la levée du gel de son aide militaire, Washington a annoncé la livraison vendredi 31 juillet au Caire de huit avions F-16, sur les 12 chasseurs promis en mars par le président Barack Obama.
La lutte contre les jihadistes sera "une partie importante des discussions" parce que "nous sommes préoccupés par la tournure des évènements", a insisté le responsable du département d'État auprès de quelques journalistes.
Confrontés depuis 2011 à un dilemme face l'Égypte -- impératifs sécuritaires contre défense des droits de l'Homme -- les Américains continuent aussi de dénoncer la terrible répression menée par le régime du président Sissi contre les partisans de son prédécesseur, Morsi, renversé en juillet 2013, emprisonné et condamné à mort.
John Kerry est d'ailleurs accompagné par son adjoint chargé des droits de l'Homme au département d'État, Tom Malinowski. Ils exprimeront ainsi leurs "inquiétudes" sur "les questions des droits de l'homme", a assuré le diplomate américain.
Rencontre tripartite à Doha
Un tribunal du Caire devrait d'ailleurs prononcer dimanche 2 août son verdict dans le nouveau procès de trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera, dont la condamnation en première instance à des peines de prison allant jusqu'à 10 ans avait provoqué un tollé international dont des condamnations de Washington.
L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Égyptien Baher Mohamed sont accusés d'avoir "diffusé de fausses informations" pour soutenir le mouvement interdit des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi.
Après l'Égypte, M. Kerry est attendu très tard le 2 août à Doha pour voir le 3 août ses homologues des États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et tenter d'apaiser leurs craintes suscitées par l'accord sur le nucléaire iranien conclu le 14 juillet à Vienne.
Les puissances sunnites du Golfe se méfient des ambitions régionales de la République islamique chiite iranienne. L'Arabie saoudite, rivale de l'Iran, a toutefois exprimé officiellement son soutien au texte conclu par Téhéran et les grandes puissances.
En marge de cette réunion à Doha, John Kerry verra ses homologues russe et saoudien, Sergueï Lavrov et Adel al-Jubeir lors d'une rencontre tripartite, pour discuter aussi des conflits en Syrie et au Yémen, selon la diplomatie américaine.
AFP/VNA/CVN