Le nouveau chef des talibans appelle à l'unité du mouvement en Afghanistan

Dans son tout premier message audio diffusé le 1er août, le nouveau chef des talibans afghans, le mollah Akhtar Mansour, appelle à l'"unité" des rebelles islamistes, dont les divisions sont de plus en plus palpables depuis qu'il a succédé au mollah Omar, fondateur du mouvement.

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Le décès du mollah Omar, figure consensuelle malgré son absence de la vie publique depuis la chute du régime des talibans en 2001, a mis en lumière les profondes divisions qui traversent les talibans, engagés à la fois dans des pourparlers de paix avec Kaboul et dans une violente saison des combats dans tout l'Afghanistan.

Des anciens talibans à Jalalabad le 8 février.

En outre, ils sont confrontés à la concurrence féroce de l'organisation de l'État islamique qui débauche de plus en plus de commandants talibans déçus par leur direction.

Et la désignation cette semaine du mollah Mansour, bras droit de son prédécesseur, n'a apporté aucun apaisement. Certains commandants talibans jugent que sa sélection a été précipitée. D'autres lui auraient largement préféré le fils du mollah Omar, Yacoub, ou lui reprochent ses accointances avec le Pakistan, accusé par certains de souffler le chaud et le froid sur la rébellion.

"Le monde tente de créer des divisions dans nos rangs et de nous affaiblir", explique le mollah Mansour dans son message d'une trentaine de minutes mis en ligne sur le site officiel des talibans.

"Nous devons tous travailler à préserver notre unité. Les divisions dans nos rangs ne feront que servir nos ennemis et nous causer davantage de tort", souligne-t-il.

La direction des talibans a adjoint au mollah Mansour deux lieutenants, le mollah Haibatullah Akhundzada, ancien chef des tribunaux des talibans, et surtout Sirajuddin Haqqani, le fils de Jalaluddin Haqqani et leader du réseau du même nom, une influente branche de la rébellion talibane réputée proche des services secrets pakistanais.

"Le jihad se poursuivra"

Dans la controverse qui oppose les talibans les uns aux autres, l'opportunité de donner suite au premier round de pourparlers de paix organisés début juillet avec le gouvernement afghan au Pakistan divise.

Sur le terrain, certains commandants y sont fermement opposés. Mais le mollah Mansour est "un modéré, favorable à la paix et aux pourparlers", souligne Abdul Hakim Mujahid, un ancien taliban aujourd'hui membre du Haut conseil afghan pour la paix, un organisme mandaté par Kaboul pour pactiser avec les rebelles islamistes.

Or dans son message, enregistré au cours du "serment d'allégeance" des responsables talibans, le mollah Mansour reste très ambigu sur ses intentions. "L'ennemi dit qu'existe un processus de paix. Comme vous le savez, nos ennemis diffusent beaucoup de propagande", lance-t-il dans ce message en pachtoune, langue parlée en Afghanistan et au Pakistan.

"Notre but est d'appliquer la charia (loi islamique, ndlr) et de mettre en place un système islamique. Notre jihad se poursuivra jusqu'à cela devienne réalité", explique-t-il encore.

Un deuxième round de pourparlers devait avoir lieu le 31 juillet au Pakistan pour tenter de mettre sur les rails un dialogue qui aboutirait à la fin du conflit sanglant qui dure depuis 2001. Mais l'annonce surprise cette semaine du décès du mollah Omar, survenu en avril 2013 d'après les services secrets afghans, a forcé Islamabad à le reporter sine die.

Le flou entretenu par la direction des talibans autour du sort du mollah Omar et son absence totale d'apparition publique depuis 13 ans ont fait enrager plus d'un commandant taliban.

Certains d'entre eux ont rallié l'organisation de l'État islamique qui tente de chasser sur les terres des talibans, à l'est de l'Afghanistan.

Le mollah Mansour avait d'ailleurs adressé en juin une mise en garde au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, l'enjoignant de s'abstenir de toute implantation en Afghanistan, sous peine de "réaction" des talibans.

AFP/VNA/CVN

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