Les estampes populaires, une tradition indélébile

Lors du Nouvel An lunaire, les Vietnamiens apprécient toujours de décorer leurs maisons avec des estampes populaires. Ces œuvres, fabriquées manuellement, sont un reflet de la culture nationale, à la fois ancienne et moderne.

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Les estampes populaires sont un trait d'union entre le passé et le présent.
Photo : VNA/CVN

Les Vietnamiens accordent une place particulière aux traditions du Têt, aux rituels et aux coutumes. À cette occasion, en plus de préparer des plats emblématiques, ils décorent leurs maisons avec des bonsaïs, des plantes, des fleurs, des tableaux et des estampes populaires.

Porte-bonheur

Autrefois, dans la culture vietnamienne, les estampes avaient le pouvoir de "chasser le mauvais œil et d’apporter chance et bonheur". Ainsi, le nettoyage et la décoration de la maison à l’approche du Têt étaient considérés comme une sorte de thérapie, apportant enthousiasme et énergie à chacun, avec le souhait de vivre une Nouvelle Année prospère. Pour cela, les estampes populaires étaient indispensables.

Aujourd’hui, cette coutume se raréfie pour laisser place à des peintures plus modernes. Cependant, les estampes folkloriques demeurent un trait d’union entre le passé et le présent, ainsi qu’une belle tradition ancestrale.

Fabrication des estampes populaires dans le village de Dông Hô, à Bac Ninh (Nord).
Photo : VNA/CVN

Les estampes se divisent en quatre catégories : le culte, les félicitations, les activités de la vie quotidienne et l’histoire nationale. Elles sont collées sur les portes, placées sur l’autel de Bouddha, celui dédié aux ancêtres, ou simplement affichées sur le mur comme des tableaux classiques. Leurs images sont variées, abordant plusieurs thèmes tels que héros historiques, jeux populaires, anciens rituels, animaux ou métiers.

Sur les estampes, on trouvait souvent des poèmes en hán (écriture chinoise) ou en nôm (écriture démotique sino-vietnamienne). Aujourd’hui, c’est généralement de la calligraphie en quôc ngu (écriture vietnamienne actuelle). Les couleurs sont obtenues à partir de produits naturels. Le bleu est extrait des graines de baselle, le rouge provient de la feuille du badamier, et la cendre de paille de riz donne du noir.

Tous les ans, du 12e mois lunaire jusqu’au 1er mois lunaire de l’année suivante, les villages d’artisanat d’estampes sont très animés, attirant des consommateurs de tout le pays qui viennent acheter des estampes pour décorer leur maison lors du Têt traditionnel. Le village de Dông Hô dans le Nord et celui de Sinh au Centre figurent parmi les hauts lieux de cet art ancestral.

Les estampes populaires de Dông Hô sont très prisées lors du Têt traditionnel.

Ne se conformant à aucun style fixe, chaque peinture du village de Dông Hô est un chef-d’œuvre délicatement peint par les artisans talentueux et avec un mélange harmonieux de couleurs sur du papier (Rhamnoneuron balansae). Situé sur les rives fertiles de la rivière Duông, dans le district de Thuân Thành, province septentrionale de Bac Ninh, Dông Hô est en effervescence à l’approche du Nouvel An lunaire. "Plusieurs personnes appellent les estampes de Dông Hô les tableaux du Têt car les habitants les utilisent pendant la plus grande fête traditionnelle. Chaque estampe porte sa propre valeur, symbolisant le souhait de bonheur, de prospérité et de chance", a déclaré Nguyên Huu Qua, un artisan chevronné du village de Dông Hô.

En 1990, la coopérative des estampes de Dông Hô s’est dissoute, les foyers ont changé de métier en produisant des papiers votifs ou en se lançant dans le commerce de détail. Les estampes folkloriques ont connu un certain déclin. Certains s’efforcent de maintenir le métier, comme la famille de M. Qua. "La fabrication d’une estampe nécessite un énorme travail accompagné d’une minutie et d’un amour inconditionnel pour cet art", fait savoir M. Qua.

Œuvres rituelles

Avec une histoire de plus de 450 ans, les estampes du village de Sinh, situé dans la commune de Phu Mâu, ville de Thua Thiên Huê (Centre), méritent d’être considérées comme un trésor artistique du pays. Leur renommée provient de leur utilisation répandue dans la vie des Huéens et de leur valeur esthétique. Des planches sur bois sont utilisées par les artisans pour imprimer des détails sur le papier avant la colorisation.

Dans le village de Sinh où la production des estampes populaires est séculairement préservée.
Photo : VNA/CVN

Selon les patriarches, le métier de fabrication des estampes est apparu il y a longtemps et a été importé de Bac Ninh. Par conséquent, elles présentent des similitudes avec celles de Dông Hô, mais afin de répondre aux besoins et au goût des locaux, les estampes ont été transformées pour devenir une partie intégrante des rites importants de la population, comme un "talisman" de prière pour la paix et la chance.

La minutie, la dextérité, la patience et la passion sont portées à chaque détail.

Lors des derniers jours de l’année lunaire, les membres de la famille de l’artisan Ky Huu Phuoc se hâtent de terminer les derniers tableaux pour les livrer aux clients avant le Têt. Ce métier est transmis à travers dix générations dans sa famille.

Face aux changements rapides de la société, les artisans talentueux reconnaissent l’importance de protéger cette tradition en l’enseignant aux jeunes. Dans cet esprit, la plupart des foyers à Sinh maintiennent aujourd’hui cet artisanat séculaire.

My Anh/CVN

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