Les entreprises vietnamiennes attendent avec impatience

Signé le 15 novembre 2020 par 15 pays d’Asie-Pacifique, le RCEP devrait donner un nouvel élan au commerce régional et mondial. Les entreprises vietnamiennes se préparent à tirer le meilleur parti de ses opportunités.

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Les entreprises vietnamiennes notamment exportatrices attendent avec enthousiasme la mise en application effective du RCEP.
Photo : Chi Tuong/VNA/CVN

Le RCEP est devenu le plus grand accord de libre-échange du monde et couvre près d’un tiers de la population du globe et représente 30% du Produit intérieur brut mondial. Il vise à réduire ou à supprimer les droits de douane entre les pays membres sur un certain nombre de produits industriels et agricoles. Les entreprises vietnamiennes notamment exportatrices attendent avec enthousiasme sa mise en application effective.

Plus d’opportunités

En tant qu’entreprise spécialisée dans l’exportation de marchandises vers la Chine et la Malaisie, la société agro-alimentaire Santa (Santa Food Joint Stock Company) espère augmenter son chiffre d’affaires de 20% après l’entrée en vigueur de l’accord.

"La signature de ce texte est une grande occasion pour élargir les exportations et  participer plus profondément à la chaîne d’approvisionnement mondiale", partage Cao Minh Sang, son directeur.

Selon lui, pour tirer le meilleur parti possible des opportunités offertes par le RCEP, son entreprise s’est préparée depuis longtemps en obtenant notamment plusieurs certifications comme les standards ISO, HACCP, USDA... afin de répondre aux besoins des consommateurs.

En outre, la société Santa a élaboré une zone de production de matières premières organiques dans la région du Sud-Est, dans les hauts plateaux du Centre et le delta du Mékong. S’y ajoute une chaîne de production moderne comme celle de blanchiment instantanée sans aucun traitement provenant des États-Unis et du Japon, permettant de conserver la saveur, la couleur et la fraîcheur du produit. Ou les technologies de congélation américaine IQF, d’embouteillage HPP, toutes répondant aux normes rigoureuses du Département américain de l’agriculture (USDA).

"Nous espérons qu’après l’entrée en vigueur du RCEP, l’accès au marché sera plus ouvert, aidant notre entreprise à augmenter son chiffre d’affaires à l’exportation de 15% à 20%”, espère Cao Minh Sang. Comme Santa, de nombreuses autres entreprises exportatrices s’attendent à de grands avantages lorsque l’accord sera en vigueur.

Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Tuân Anh, analyse : "Le RCEP comprend 15 économies de différents niveaux de développement. Il s’agit d’une opportunité très favorable pour tous les pays signataires, ainsi que pour leurs entreprises de restructurer et de repositionner les chaînes d’approvisionnement et de participer aux chaînes de valeur à l’échelle mondiale".

En outre, les conditions et exigences très spécifiques de l’accord contribueront à ouvrir les marchés des marchandises commerciaux, des services et des investissements. L’accord crée une immense zone de libre-échange à l’échelle régionale. Il prévoit, en outre, l’élimination des droits de douane et des quotas sur 65 % des produits et harmonise les règles d’origine contrôlée, les procédures d’évaluation de la conformité et les procédures douanières.

En effet, Truong Dinh Hoè, secrétaire général de l’Association de transformation et d’exportation des produits aquatiques du Vietnam, fait savoir qu’une fois en vigueur, ce texte permettra aux entreprises exportatrices de partager un formulaire de certificat d’origine (C/O) au lieu de chaque formulaire pour chaque marché comme aujourd’hui, ce qui contribuera à simplifier la procédure pour les sociétés. Le RCEP a été signé dans un contexte de ralentissement du commerce international dû à la pandémie de COVID-19, dans l’espoir de créer plus d’opportunités pour les exportations, qui sont l’un des moteurs de croissance du Vietnam.

Plus de soutiens

Une chaîne de production moderne de la société agro-alimentaire Santa.
Photo : CTV/CVN

En dehors de ses avantages, le RCEP provoquera aussi des défis pour les entreprises vietnamiennes lorsque de nombreux produits étrangers afflueront en concurrence directe avec la production locale. Notamment avec les produits chinois à tarifs très compétitifs.

Selon Nguyên Thi Thu Trang, directrice du Centre de l’OMC et de l’intégration relevant de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam, la concurrence sera acharnée tant sur le marché domestique que sur le marché régional. À ce jour par exemple, aucun accord de libre-échange bilatéral n’a été signé entre la Chine et le Japon. Mais ces deux pays étant signataires du RCEP, les marchandises exportées depuis l’un ou l’autre de ces pays bénéficieront des suppressions des droits de douane. Les entreprises chinoises risquent donc de devenir les principaux concurrents de celles vietnamiennes sur le marché japonais. Pour pouvoir tirer leur épingle du jeu, ces dernières doivent absolument améliorer leur compétitivité.

Pour Pham Van Viêt, président du conseil d’administration de la sarl Viêt Thang Jean, tout accord apporte de nouveaux avantages et opportunités pour les entreprises. C’est pourquoi, la signature dudit accord est nécessaire notamment pour les entreprises textiles dans la situation difficile actuelle.

Cependant, avec ce texte, la Chine est aussi un membre signataire et l’exportation des produits textiles vietnamiens vers ce pays sera plus difficile malgré des tarifs préférentiels d’importation de matières premières. En effet, la Chine est le premier exportateur mondial de textiles et de vêtements, avec une compétitivité très forte. La réduction des taxes contribuera à améliorer encore leur compétitivité par rapport aux produits vietnamiens. Pour détrôner les produits chinois, les entreprises vietnamiennes ont tout intérêt à revoir leur organisation et leurs méthodes de gestion, à s’équiper de nouvelles technologies et à améliorer la qualité de leurs produits.

Afin de soutenir à temps les entreprises, l’Association vietnamienne du textile et du vêtement a demandé au gouvernement d’élaborer dans les meilleurs délais des solutions de développement du secteur d’ici 2030 et une vision 2040. Parmi les solutions suggérées, la priorité devrait être de planifier les localités stratégiques du secteur, d’investir dans les zones industrielles ayant des usines textiles, d’aider au traitement des eaux usées pour répondre aux normes, d’aider les entreprises à participer activement aux chaînes d’approvisionnement et à améliorer leur compétitivité.

En outre, il est nécessaire de se mettre en position proactive, d’accéder activement aux informations sur l’intégration, ainsi que de préparer les facteurs humains et technologiques visant à coopérer et à améliorer la compétitivité des produits avec les entreprises étrangères. Les grands avantages ne sont réservés qu’aux entreprises proactives et préparées soigneusement à saisir l’opportunité.

Huong Linh/CVN

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