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Comment le pays conserve-t-il les ressources génétiques de ses espèces animales rares et précieuses ?
Au Vietnam, deux méthodes principales sont appliquées que sont la conservation in situ (création de Parcs nationaux et Réserves naturelles) et la conservation des animaux dans les zoos et autres installations de captivité. Dans le monde, bon nombre de pays développent une autre méthode plus avancée : conserver ces ressources génétiques au niveau cellulaire. Et c’est que nous visons aussi dans l’avenir.
Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus dans l’actuelle conservation des gènes d’animaux précieux ?
Ce qui me préoccupe le plus, c’est la disparition dans la nature d’espèces précieuses sans que nous puissions conserver leurs cellules. En raison des règlements selon lesquels lorsqu’une bête classée dans la Livre Rouge meurt, elle doit être enterrée immédiatement, aussi les scientifiques peinent-ils pour venir à temps prélever des échantillons. Même pour les animaux rares encore vivants, la prise de cellules n’est pas réalisée. Le saola (Pseudoryx nghetinhensis) par exemple. Il est connu uniquement au Vietnam. Et à ma connaissance, aucun organisme ne dispose de ses cellules. Et depuis des années, aucune observation de l’espèce dans la nature n’a eu lieu. J’espère que les organismes compétents collaboreront plus étroitement pour créer un mécanisme permettant aux scientifiques de saisir rapidement les informations et de collecter facilement des gènes d’animaux précieux à des fins scientifiques.
Le gaur mort en 2014 à Ninh Thuân et son testicule actuellement conservé au laboratoire de l’Université internationale de Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : Viên Su-UIH/CVN |
Le laboratoire de votre Département est le seul endroit au Vietnam à conserver du sperme d’un gaur de la génération F0. La collecte et le stockage ont-ils été difficiles ?
Comme je vous l’ai dit, chez nous, lorsqu’un animal rare meut, il doit, selon la loi, être enterré. En 2014, quand j’ai appris la mort d’un gaur (Bos gaurus) de la génération F0 (dans la commune de Phuoc Binh, district de Bac Ai, province de Ninh Thuân au Centre, ndlr), j’ai contacté beaucoup d’organismes compétents dans le but de pouvoir venir prendre un échantillon, mais en vain. Finalement, avec l’intervention d’un ancien ministre des Sciences et Technologies, j’ai pu prélever le testicule du gaur à des fins scientifiques. Après le filtrage et le tri, nous avons eu la chance de collecter un peu de sperme.
Votre Département s’est vu confier par le ministère des Sciences et des Technologies la création d’un premier centre de conservation des gènes d’animaux précieux du Vietnam. Comment se déroule la mise en œuvre de ce projet ?
Nous sommes dans la phase d’acquisition du matériel pour que le centre puisse disposer d’une banque de conservation des cellules animales dans l’azote liquide. En raison du coût des équipements, nous travaillons avec l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) pour obtenir un financement supplémentaire, outre le budget de 30 milliards de dôngs versé par le ministère des Sciences et Technologies. Récemment, le centre a organisé avec succès un appel d’offres pour des machines de test ADN. L’année prochaine, nous continuerons les appels d’offres pour compléter les infrastructures matérielles.
Concernant les ressources humaines, au fil des années, des diplômés et des étudiants sont formés en vue de pouvoir maîtriser des techniques exigeantes, notamment dans la conversation cellulaire. Le centre mettra en place de petites missions dans certaines zones montagneuses et boisées telles que Gia Lai (hauts plateaux du Centre). Ce sont des endroits où vivent encore de nombreuses espèces rares.
Projet de clonage de vaches
Trong Nhân - Linh Thao/CVN