Le RCEP, la plus grande alliance commerciale du monde

En concluant l’Accord de partenariat régional économique global le 15 novembre, les 15 pays signataires ont mis fin à neuf ans de négociation pour lancer officiellement la plus grande zone de libre-échange au monde.

Le lancement du plus grand bloc de libre-échange au monde a été concrétisé le 15 novembre à Hanoï, avec la signature de l’accord de Partenariat régional économique global (RCEP) entre ses 15 pays participants, entérinant ainsi le lancement du plus grand bloc de libre-échange au monde.

Le RCEP devrait favoriser la création de nouvelles chaînes d’approvisionnement.
Photo : Minh Quyêt/VNA/CVN

Après neuf ans de négociations, le RCEP a été signé dans le cadre du 37e Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) virtuellement tenu à Hanoï. Ce pacte commercial implique les 10 pays membres de ce bloc régional (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam) et ses partenaires (Australie, Chine, Japon, République de Corée et Nouvelle-Zélande).

La Déclaration commune des dirigeants a affirmé que le RCEP était considéré comme le plus grand accord commercial du monde en couvrant un marché énorme de 26,2 billions d’USD et plus de 2,2 milliards d’habitants, soit 30% du PIB mondial et 30% de la population mondiale. Il s’agit aussi de l’accord de libre-échange de nouvelle génération le plus ambitieux initié par l’ASEAN, contribuant à renforcer son rôle central dans le cadre régional et à promouvoir la coopération entre celui-ci et les pays partenaires, a noté la Déclaration. Le consensus sur les réductions d’impôts et les réglementations relatives à une vingtaine de domaines sont un succès pour les pays signataires, qui sont en concurrence dans de nombreux secteurs.

L’accord entrera en vigueur lorsque six pays de l’ASEAN et trois pays non membres du bloc l’auront ratifié. La conclusion des négociations du RCEP enverra un message fort sur le rôle de premier plan du bloc régional dans le soutien au système commercial multilatéral, l’aide à la création d’une nouvelle structure commerciale dans la région, la facilitation durable des échanges, le développement des chaînes d’approvisionnement perturbées et le soutien à la reprise post-pandémique, a estimé le Premier ministre vietnamien Nguyên Xuân Phuc lors de la cérémonie de signature. Le RCEP accélérera l’édification de la communauté économique de l’ASEAN et lui permettra de devenir un partenaire aussi dynamique que fort dans la promotion de la coopération pour une prospérité partagée. Pour le Vietnam, l’accord offrira une bonne occasion de participer à de nouvelles chaînes de valeur dans la région et d’accroître l’attraction des investissements étrangers.

D’immenses opportunités pour toutes les parties

De janvier à octobre, les échanges commerciaux entre le Vietnam et les 14 pays parties du RCEP ont dégagé 240 milliards d’USD, représentant 54,6% du total de commerce extérieur du Vietnam, a informé le Département général des douanes. La Chine est classée au 1er rang des partenaires commerciaux du Vietnam, avec 103,5 milliards d’USD. Viennent ensuite la République de Corée (53,5 milliards d’USD) et le Japon (32 milliards d’USD). Pendant cette période-là, le Vietnam a aussi réalisé 43,4 milliards d’USD d’échanges commerciaux avec les neuf marchés parties de l’ASEAN, mais seulement 6,77 milliards et 870 millions d’USD avec respectivement l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Les signataires de l’accord ont affirmé son importance pour l’économie de chaque pays et les activités commerciales et d’investissement de toute la région. La République de Corée a décrit la signature du RCEP comme le “résultat le plus important“ de la Nouvelle politique Sud de l’administration du président Moon Jae-in, visant à améliorer les liens stratégiques avec les membres de l’ASEAN, et aussi une opportunité pour ce pays de devenir une puissance économique.

Concernant la Chine, son Premier ministre Li Keqiang a déclaré que la signature du RCEP était non seulement une avancée décisive dans la coopération en Asie de l’Est, mais aussi une victoire du multilatéralisme et du libre-échange.

Pour l’Australie, le ministre du Commerce de l’île continent, Simon Birmingham, considère que les entreprises dans l’éducation, la santé, la comptabilité, la technique et le domaine juridique de son pays sont parmi celles qui bénéficieront le plus de cet accord. Le Dr. Jeffrey Wilson, directeur de la recherche au centre Perth USAsia, a noté que le RCEP sera l’accord commercial régional le plus important jamais signé et qu’il pourrait rebattre les cartes économiques et stratégiques de la région.

Pour sa part, le Premier ministre malaisien Muhyiddin Yassin a déclaré que l’accord servirait d’outil pour la reprise économique et encouragera la réouverture des marchés tout en garantissant des chaînes d’approvisionnement ininterrompues. Il a déclaré que ce texte était essentiel pour la réponse de la région à la pandémie de COVID-19. Selon lui, les accords de libre-échange sont la voie à suivre pour aider à maintenir la compétitivité en favorisant le commerce international, en encourageant les investissements et en garantissant l’offre de talents. En tant que tel, le RCEP sera le principal moyen par lequel l’intégration économique régionale au sein de l’ASEAN et de ses partenaires de dialogue pourra être renforcée.

Singapour ratifiera bientôt le RCEP qui a été signé par 15 pays membres le 15 novembre, a déclaré le ministre singapourien de l’Industrie et du Commerce, Chan Chung Sing. Il a déclaré que pour récolter les fruits du RCEP, il reste beaucoup de choses à faire, ajoutant que les signataires devraient accélérer les efforts pour ratifier l’accord le plus tôt possible. Le ministre a déclaré que Singapour le ratifierait “définitivement“ au cours des 12 prochains mois. Chan Chung Sing a, en outre, affirmé que la mise en œuvre rapide du RCEP offrirait de nouvelles opportunités aux échanges commerciaux entre Singapour et les 14 autres pays signataires, qui totalisaient 50,4% ou 387,9 milliards d’USD du commerce mondial du pays en 2019. Le RCEP fournira à Singapour une base solide pour reconstruire son économie et relever les défis causés par la pandémie de COVID-19, a-t-il souligné.

De nouveaux marchés pour le Vietnam

L’accord devrait créer la plus grande zone de libre-échange du monde.
Photo : VNA/CVN

Le RCEP apporte, certes, d’importantes opportunités au Vietnam mais aussi son lot de défis. Celui-ci pourra élargir son environnement d’investissement et d’exportation après son entrée en vigueur, qui lui demande toutefois d’assurer la qualité de ses produits. La conclusion réussie des négociations du RCEP pourrait notamment contribuer à une croissance annuelle supplémentaire dans l’ensemble de l’économie vietnamienne. Il prévoit une croissance des exportations de 4,3% par an, et du Produit intérieur brut (PIB) de 1% supplémentaire, à la suite de la signature et de la ratification finale de l’accord, d’après une enquête réalisée en 2018 par la Banque mondiale.

En effet, rejoindre l’accord offrirait au Vietnam de nombreuses nouvelles opportunités, notamment l’accès à des marchés d’exportation inexploités, l’attraction accrue des investissements étrangers et un plus grand potentiel de modernisation de la base économique du pays. Ce texte décrit les dispositions relatives à l’accès préférentiel aux produits commerciaux, les règles standards concernant l’investissement et la réglementation régissant cela, les mesures de facilitation des échanges renforcées ainsi que les “aspects prospectifs” tels que le commerce électronique et les lois sur la concurrence et les droits de propriété intellectuelle. L’accord vise à abolir 92% des droits de douane sur les marchandises échangées. Il devrait s’avérer essentiel pour approfondir les liens de la chaîne d’approvisionnement, avec une portée notamment dans le secteur des services dont l’ambition est d’avoir plus de 65% du secteur des services pleinement ouverts. En plus d’abaisser les barrières commerciales, le RCEP devrait attirer les entreprises étrangères souhaitant participer au marché intégré de l’ASEAN, car il améliore la transparence du commerce et des investissements. Cet accord faciliterait la coopération dans l’application des techniques avancées grâce à la numérisation et à la fabrication intelligente, pour aider les petites et moyennes entreprises à développer des produits innovants et à être plus compétitifs pour pouvoir participer davantage aux chaînes d’approvisionnement mondiales et régionales.

Le RCEP prévoit de plus des règles unifiées sur l’origine des produits dans la région. Cela implique qu’un produit partiellement originaire d’une économie sera reconnu entre les pays signataires. Les exportateurs vietnamiens pourront alors économiser des frais et des coûts pour atteindre le certificat d’origine de produit. Une fois en vigueur, il pourrait devenir la plus grande alliance commerciale du monde. Le Vietnam serait alors en mesure de reconfigurer les marchés d’exportation et de diversification des produits, améliorant ainsi la compétitivité de ses produits et services sur les marchés domestique et étranger.

Faire face à la concurrence

Le RCEP permettra de développer de nouvelles chaînes d’approvisionnement auxquelles les entreprises vietnamiennes pourront participer, a affirmé Luong Hoàng Thai, directeur du Département de la politique commerciale multilatérale du ministère de l’Industrie et du Commerce.

Ce sera la plus grande région de libre-échange au monde, a-t-il indiqué, ajoutant que ce texte créerait ainsi un marché d’exportation stable et à long terme. En ce qui concerne la pression concurrentielle, Luong Hoàng Thai a assuré que le Vietnam s’y est préparé. En plus du RCEP, il avait déjà conclu des accords de libre-échange avec des engagements plus élevés, comme l’accord bilatéral avec le Japon ou l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) qui demandent une ouverture quasi-totale du marché et une feuille de route très rapide.

Afin d’aider les entreprises vietnamiennes à tirer parti de l’accord, le ministère de l’Industrie et du Commerce a préparé une feuille de route pour le présenter et diffuser ses contenus au milieu des affaires, en particulier aux petites et moyennes entreprises, a annoncé Luong Hoàng Thai. Il a ajouté que ledit ministère continuerait de développer des programmes de développement des marchés pour les produits d’exportation potentiels et avantageux du Vietnam vers les pays parties du RCEP.

Thê Linh/CVN

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