Des femmes de l’ethnie Dao au district de Dà Bac, province de Hoà Binh (Nord), maintiennent leur métier traditionnel de broderie de brocatelle. |
Partout au Vietnam, la pauvreté chronique sévit dans de nombreuses familles de minorités ethniques. Même si le niveau global de pauvreté du pays a chuté à 4% en 2019, la réduction de la pauvreté progresse beaucoup plus lentement chez les groupes ethniques minoritaires. Elle se situe en deçà de la moyenne nationale dans des domaines comme l’éducation, la santé, l’habitat, l’assainissement et l’eau.
Les femmes sont au cœur des équilibres familiaux, culturels, sanitaires et sociaux. Elles jouent un rôle central en matière de santé, de développement et d’éducation. À ce titre, leur autonomisation est un indispensable facteur de paix et de progrès social, économique et environnemental.
De nombreuses études menées par des organisations internationales ont montré que les femmes et filles d’ethnies minoritaires sont sujettes à de fortes
inégalités et sont parmi les plus pauvres.
Selon les données publiées par la Banque mondiale (BM) en 2018, le nombre de pauvres parmi les minorités ethniques représentait 72% des personnes en situation de précarité au Vietnam. Le taux de familles d’ethnies minoritaires pauvres ou proches du seuil de la pauvreté était de 35,5%.
Valoriser le rôle de la femme
Le Vietnam promeut l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Les efforts pour réaliser les objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin ont renforcé les cadres législatifs pour autonomiser les femmes et leur créer des chances égales d’accéder aux postes de décision. Comment mieux répondre aux besoins des minorités ethniques ? Comment s’assurer que les projets initiés soient aptes à sortir définitivement les minorités ethniques de la pauvreté ? Conscient de ce problème, le gouvernement vietnamien a initié une série de politiques et de programmes d’aide, cofinancé par des organisations internationales.
Il s’agit entre autre du Programme de développement socioéconomique pour les communes en situation d’extrême difficulté des régions montagneuses et reculées, de celui d’appui à la réduction rapide et durable de la pauvreté dans les 61 districts les plus désavantagés du pays, de celui d’octroi de terres arables et de sédentarisation pour les minorités ethniques du Sud-Ouest (Nam Bô occidental).
Le tourisme communautaire permet aux femmes d’ethnies minoritaires d’améliorer leur rôle dans la famille. |
S’y ajoutent le programme de développement des communes frontalières Vietnam - Laos - Cambodge, celui de protection forestière dans les communes des minorités ethniques du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), sans oublier les politiques de soutien financier aux minorités ethniques pauvres pour qu’elles puissent avoir accès à des prêts à taux préférentiels de 8,3%... L’Union des femmes du Vietnam, pour sa part, a mis en œuvre de nombreux pro-grammes de soutien, notamment celui dénommé “Accompagner les femmes des régions frontalières”, lancé en 2018.
Ces actions visent à améliorer les moyens de subsistance des ménages pauvres, en particulier de ceux dont les femmes sont les piliers. Si ces programmes ont eu un impact très positif, contribuant à la réduction de la pauvreté, la méthode de mise en œuvre doit encore être améliorée afin de créer des moyens de subsistance durables.
Nécessité d’une nouvelle méthode d’approche
Généralement, ces projets permettent aux hommes et femmes pauvres des ethnies minoritaires de participer aux réunions communautaires pour discuter de leurs problèmes, définir des solutions et planifier le développement de leur communauté.
Grâce aux formations, ils ont également acquis de nouvelles compétences leur permettant d’augmenter leurs sources de revenus. Ils ont non seulement amélioré leur situation, mais aussi acquis plus de confiance en leur capacité à se prendre en main.
Grâce à cette expérience positive, les organismes publics provinciaux et centraux reconnaissent de plus en plus la capacité des pauvres à apporter des solutions durables aux enjeux de développement. Des avancées politiques ont été faites grâce à la promotion des initiatives communautaires et à l’institutionnalisation de la planification participative.
2020 est la dernière année de mise en œuvre du Programme national de refus de la pauvreté. L’an prochain, ce programme devrait connaître des changements tant quantitatifs que qualitatifs dont la création d’emploi aux travailleurs vulnérables tels que les femmes d’ethnies minoritaires.
Une représentation artistique des femmes d’ethnies minoritaires dans le district de Bac Hà, province de Lào Cai (Nord), au service des touristes. |
Les recherches de l’Institut d’études sur la famille et les genres montrent que plus de 90% des femmes d’ethnies minoritaires doivent faire seules les tâches ménagères, et ce même si elles participent principalement aux activités de production. Cependant, elles n’ont pas un rôle majeur dans l’utilisation des revenus tirés de ces activités ainsi que dans la prise de décisions familiales...
Pour sortir durablement de la pauvreté, elles doivent s’affranchir des préjugés sociaux sur leurs capacités et leur rôle, se dégager des contraintes morales ou sociales.
Il est nécessaire de concevoir des contenus convenables aux caractéristiques de chaque groupe pour une approche intégrée et globale capable de changer le statut social et politique des femmes. Il importe de créer un canal de dialogue, de discussion avec la participation des hommes pour les amener à soutenir les femmes dans les activités de production et de gestion du foyer.
Tous ces efforts n’aboutiront pas aux résultats escomptés sans la participation des autorités locales. Celles-ci et les coordinateurs du projet doivent avoir à la fois une connaissance aiguë des enjeux de l’égalité des sexes et aussi une sensibilité à ces questions lors de toutes les phases du projet.