Les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies n'ont pas réussi le 20 juillet à trouver un consensus pour qualifier le réchauffement climatique de menace directe à la paix et à la sécurité, suscitant pendant les débats la colère des États-Unis qui ont qualifié la situation de "pathétique", avant l'adoption d'une déclaration du président du Conseil de sécurité. "Les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes et violentes dans les pays riches comme dans les pays pauvres, anéantissant vies, infrastructures, institutions et budgets. Un cocktail détonant qui peut créer de dangereux vides pour la sécurité", a déclaré M. Ban durant les débats. "C'est une menace pour la paix et la sécurité internationale", a ajouté le secrétaire général de l'ONU.
Mais dans sa déclaration, le Conseil de sécurité se contente d'exprimer "son inquiétude quant au fait que de possibles effets hostiles du changement climatique puissent, dans le long terme, aggraver certaines menaces existantes à la paix et la sécurité".
Les petits États des îles du Pacifique réclamaient une mention explicite de la menace que fait peser le changement climatique.
Le président de la République de Nauru, Marcus Stephen, a prévenu que plusieurs îles pourraient disparaître de la carte.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, ne cachait pas sa colère au début des débats à l'ONU, avant l'adoption du texte final. "C'est plus que décevant. C'est pathétique, cela dénote un manque de prévoyance et, franchement, il s'agit d'un manquement au devoir", a fustigé Mme Rice.
La délégation française à l'ONU a aussi fait part de son désappointement sur l'absence de "punch" de la déclaration. "Le fait qu'un accord unanime du Conseil ait été obtenu sur cette question représente en soi une avancée remarquable", mais "la France regrette cependant qu'il n'ait pas été possible d'arriver à un consensus sur une déclarations présidentielle plus ambitieuse et à la hauteur de l'ampleur de la menace", souligne-t-elle sur son site web.
Un diplomate américain, parlant sous le couvert de l'anonymat, a souligné que le communiqué final "manquait à l'évidence de force" et que c'était "une petite étape dans la bonne direction".
Lors des débats, les représentants de la Chine et de la Russie ont expliqué que le Conseil de sécurité n'avait pas vocation à régler cette question.
Un haut responsable de l'ONU a pourtant averti qu'avec les changements climatiques qui s'accélèrent, les catastrophes naturelles vont se développer "de façon exponentielle" avec des conséquences pour la sécurité mondiale.
Achim Steiner, directeur général du Programme pour l'environnement des Nations unies, s'est fondé sur un scénario d'une élévation des températures de 3 à 4 degrés au cours du siècle et une augmentation du niveau des mers d'un mètre.
Les menaces sont nombreuses, a-t-il souligné, citant la sécheresse en Somalie actuellement, les inondations au Pakistan et leurs implications pour le marché de l'alimentation. "L'étendue de ces désastres naturels va augmenter de façon exponentielle, sans que nous n'en connaissions encore toutes les implications", a-t-il déclaré.
AFP/VNA/CVN