Organisée pour la sixième fois et tous les deux ans par la Société internationale du sida (IAS), elle a réuni pendant quatre jours quelque 6.000 chercheurs, médecins et experts du sida -un record- autour des dernières découvertes.
Les chercheurs ont pu se réjouir des études qui leur étaient présentées sur le traitement qui, pris tôt, empêche le partenaire d'être infecté ou sur l'utilisation du traitement par des personnes à risque non infectées, qui les protège.
C'était "le point fort de la conférence", a estimé le Prix Nobel de médecine 2008 Françoise Barré-Sinoussi, qui dirigera l'IAS à partir de l'été 2012. Mais il faudrait encore que les gens se fassent massivement dépister, alors que seulement la moitié des séropositifs savent qu'ils sont infectés.
Ils ont applaudi les études soulignant sur la circoncision, encore insuffisamment répandue dans l'Afrique sub-saharienne, qui protège 76% des hommes du risque d'infection.
Des chercheurs ont présenté des antirétroviraux plus efficaces, moins lourds à prendre (un seul comprimé par jour), avec moins d'effets secondaires. Une étude relevait que les patients séropositifs d'Afrique recevant un traitement combiné d'antirétroviraux avaient une espérance de vie quasi normale, surtout s'ils le recevaient rapidement. "Changement de donne", "moment critique", les termes couraient dans toutes les bouches.
Dans l'enthousiasme général, des voix se sont élevées comme celle de Peter Piot, ancien président de l'Onusida. "Nous avons de bonnes raisons d'être euphoriques et de célébrer les triomphes de la science, mais il faut faire attention pour ne pas nous réveiller demain avec une gueule de bois".
Le chemin risque en effet d'être long. Il faut maintenant "transcrire cette science en action", comme le disait Médecins sans frontières : élargir le dépistage, entraîner l'adhésion aux traitements et trouver l'argent nécessaire.
La logique voudrait en effet, si les antirétroviraux doivent être pris tôt ou donnés à des personnes séronégatives à risque, qu'ils soient distribués beaucoup plus largement. "Il faut pouvoir fournir les antirétroviraux partout", dit le Pr Barré-Sinoussi.
Or seulement 6,6 millions de personnes en bénéficient à ce jour, alors que 15 millions de personnes en ont vitalement besoin, souvent sans le savoir. "Le plus grand défi, reconnaissait Elly Katabira, président de l'IAS, est maintenant la capacité à fournir le traitement".
Michel Kazatchkine, qui gère les fonds fournis pour lutter contre le sida, rappelle que la communauté internationale a réduit ses financements. Il insiste sur la priorité : les neuf millions sans traitement. Il espère aussi qu'un jour prochain la Chine se décide à mettre au pot.
Pour le Pr Barré-Sinoussi, le manque de traitements ouvre la porte aux recherches sur la "Hiv cure", où un traitement approprié, fourni pendant un certain temps, endormirait le virus, toujours présent dans le corps.
Ce sera, comme pour le cancer, la "rémission". Mais on est encore loin du compte, puisque la stratégie globale de ce projet ne sera pas lancée avant l'été 2012. Pourtant, "cela simplifierait les choses", soupire Françoise Barré-Sinoussi. "Ce serait la seule chose réaliste", estime Peter Piot. Autrement, "dans 20 ans, il y aura toujours un million de nouvelles infections par an, et un million de morts".
AFP/VNA/CVN