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"Une aggravation des submersions marines est attendue en raison de l'augmentation du niveau de la mer, et cela indépendamment de l'évolution des tempêtes", a expliqué mercredi 25 mars Gonéri Le Cozannet, expert au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), lors de la présentation d'un rapport de synthèse sur le changement climatique et le littoral français.
Des personnes montées sur la digue des Sables-d'Olonne pour regarder les vagues, lors de la "marée du siècle", le 21 mars. |
"Les submersions seront plus intenses et plus fréquentes", prévient le géographe.
Coordonné par le climatologue Jean Jouzel, le rapport "Changement climatique et niveau de la mer: de la planète aux côtes françaises" prend en compte les derniers résultats du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) et les dernières études d'impact, ont expliqué les auteurs.
Phénomène mondial bien que disparate sur le globe, le niveau de la mer monte sous l'effet du réchauffement climatique : l'océan plus chaud se dilate et les glaciers des montagnes et les calottes polaires fondent. Par ailleurs, l'eau abondamment pompée dans les aquifères se retrouve finalement dans la mer.
Résultat : le niveau des océans a monté de presque 20 centimètres au XXe siècle, avec une hausse plus forte ces vingt dernières années (1,7 mm/an et 3,2 mm/an depuis les années 90).
"La mer ne monte pas de manière uniforme sur le globe" mais "les côtes de l'Hexagone se situent dans la moyenne mondiale", a indiqué Anny Cazenave, spécialiste des océans et l'un des auteurs du rapport.
Le Pacifique Ouest, en revanche, a enregistré une hausse beaucoup plus forte que la moyenne mondiale.
Dans les prochaines décennies, cette montée des océans va se poursuivre. "Même si on stoppe les émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui, du fait de leur durée de vie dans l'atmosphère, l'effet de serre va perdurer", expliquent les scientifiques.
2100 : 40 à 75 cm en plus
Selon Anny Cazenave, la hausse sera plus marquée en Arctique, dans les tropiques et sur la côte Est des États-Unis. "Pour l'Europe occidentale, on peut s'attendre à une hausse de l'ordre de la moyenne globale, mais un peu plus marquée en mer du Nord", ajoute-t-elle.
Reprenant les prévisions du Giec, la chercheuse prévient : pour la France, "cela veut dire au mieux 40 centimètres de plus en 2100 par rapport à aujourd'hui et environ 75 cm dans le scénario où rien de plus n'est fait" pour limiter l'effet de serre.
Ces risques de submersion doivent d'ores et déjà être pris en compte par les décideurs, en matière d'urbanisme comme de conception et d'adaptation des ouvrages côtiers et portuaires.
"Pour un niveau marin relevé d'un mètre, il faut rehausser de 1,5 à 2 mètres des ouvrages comme les digues", précise par exemple Gonéri Le Cozannet.
La Basse-Normandie, avec ses 470 km de côtes, est pleinement concernée par la montée des eaux, en plus d'être confrontée à une érosion naturelle de son littoral et en particulier de ses falaises.