Triêu Thi Trinh, héroïne de la nation (225 - 248)
Née en 225 (Année du Serpent Ât Ti), et originaire du district de Nông Công, province de Thanh Hoa (Centre), Triêu Thi Trinh est entrée dans l’histoire vietnamienne en tant qu’héroïne nationale. Avec l’image d’une femme brave enfourchant son éléphant de combat et brandissant son épée.
L’héroïne Triêu Thi Trinh. |
Le pays étant alors sous la domination chinoise, Triêu Thi Trinh a nourri très tôt une volonté ferme de combattre et d’expulser les agresseurs. «Je veux venir dans le vent violent, franchir les vagues farouches, sabrer le balénoptère dans la Mer Orientale, expulser les agresseurs chinois et libérer la population du joug de l’esclavage». Cette confidence de la jeune patriote est devenue ce temps-là un «serment» exhortant le mouvement d’insurrection. À l’âge de 19 ans, en compagnie de son frère aîné Triêu Quôc Dat, elle a rassemblé et dirigé les forces insurrectionnelles. Leur soulèvement a éclaté en 248. Par malheur, Triêu Quôc Dat est décédé brutalement suite à une grave maladie. Triêu Thi Trinh a continué son œuvre révolutionnaire contre les agresseurs. Une lutte inégale qui a finalement abouti à l’échec des forces d’insurrection. Face au ratissage répressif de l’ennemi, Triêu Thi Trinh et ses hommes ont dû se retirer vers la commune de Phu Diên, district de Mi Hoa où elle s’est suicidée avec son épée. Elle avait alors 23 ans. Il existe à Phu Diên un temple dédié au culte de la héroïne Triêu Thi Trinh.
Chose remarquable : Triêu Thi Trinh est classée, par le Listfave, parmi les dix plus grandes héroïnes de tous les temps. À savoir : Fuhao (Chine, 1200 avant J.-C.), Jeanne d’Arc (France, XVe siècle), Septimia Bathzabbai Zénobie (impératrice de Palmyre, IIIe siècle), Thamar de Géorgie (reine de Georgie, XIIIe siècle), Ahhotep (reine d’Égypte), Artémise (Irak), les deux sœurs Trung Trac et Trung Nhi (Vietnam, Ier siècle), Boudica (Grande-Bretagne), Triêu Thi Trinh (Vietnam, IIIe siècle), et Gudit (alias Judith, Éthiopie).
Dào Tân, créateur du tuông (1845 - 1907)
Dào Tân, génie créateur du tuông. |
Né en 1845 (Année du Serpent Ât Ti), dans la commune de Phuc Lôc, district de Tuy Phuoc, province de Binh Dinh (Centre), Dào Tân est un descendant de Dào Duy Tu (1572-1634), un lettré célèbre du Nord parti s’installer dans le Centre au début du XVIIe siècle. Dès sa jeunesse, Dào Tân s’est montré excellent dans les études et doué en art théâtral. C’est lui qui a créé les airs de tuông (théâtre classique exécuté avec chants et gestes), un genre de théâtre encore très populaire chez les habitants du Centre. Et ses prémices - la pièce de Tân Da Dôn - ont vu le jour en ce temps là, forgeant ainsi sa célébrité.
En 1867, sous le règne du roi Tu Duc, ce lettré de 23 ans a obtenu la licence universitaire à l’issue du concours interprovincial à Binh Dinh (Centre). Et d’être nommé au poste de mandarin chef (maire) de la province de Nghê An (Centre). En 1871, convoqué par le roi Tu Duc à Huê (capitale du Vietnam sous la dynastie des Nguyên), Dao Tân a été institué à la Commission des écrivains de la Cour, présidée par le roi, chargée de la rédaction et de la création des œuvres littéraires et artistiques.
En 1874, Dào Tân a été nommé mandarin chef du district de Quang Trach, puis maire de la province capitale de Thua Thiên-Huê. En qualité de haut dignitaire durant trois règnes royaux des Nguyên (1871 - 1904), Dào Tân a assumé successivement plusieurs postes importants de la Cour et de l’État. Réputé pour son intégrité et sa droiture, Dào Tân s’est vu attribuer le titre honorifique de «Grand mandarin lettré», au nom de noblesse de «Vinh Quang Tu».
La vie de mandarinat de Dao Tân a pris fin en 1904, lorsqu’il a protesté énergiquement contre le traître Nguyên Thân. Limogé, le grand lettré s’est retiré dans son village natal, y vivant en ermite jusqu’à son dernier soupir. Il est décédé en 1907, à l’âge de 62 ans.
De son vivant, Dào Tân s’est pris de passion pour la poésie et le chant du tuông. Il a créé et laissé derrière lui tout un trésor de poèmes, notamment de pièces de théâtre du tuông, dont plusieurs sont encore présentées et applaudies de nos jours. Il est vénéré en tant que «Génie créateur du tuông».
Lê Van Thoi, scientifique (1917 - 1983)
Né en 1917 (Année du Serpent Dinh Ti) dans le district de Go Dâu, province de Tây Ninh (Sud), le professeur Lê Van Thoi s’est distingué pour son savoir hors pair.
Le professeur Lê Van Thoi. |
Après le baccalauréat, Lê Van Thoi a reçu une bourse du gouvernement français pour faire ses études universitaires en France. En 1942, il a obtenu le diplôme en physique et chimie en tant que «premier lauréat au concours». En 1947, cet ingénieur en chimie a défendu avec succès sa thèse de doctorat, mention très bien. Entre 1947 et 1956, Lê Van Thoi a été responsable de plusieurs travaux de recherches spécialisés en chimie organique, assumant le poste de chef du Comité d’études sur le pin de l’Institut universitaire de Bordeaux, France. Entre 1956 et 1958, il a été chef du Comité d’études biologiques spécialisées en substances cancérogènes, relevant du Service d’exploitation du tabac et de l’allumette de Paris.
Le professeur a été titulaire de deux grands prix : prix Prévost et prix de la Maison de l’Indochine.
De retour au Vietnam en 1958, le professeur scientifique Lê Van Thoi a assumé tour à tour plusieurs fonctions importantes dans le secteur de l’enseignement universitaire et aussi dans les recherches scientifiques, comme : chef du Département des sciences de l’Université de Saigon (Université de Hô Chi Minh-Ville de nos jours), directeur de l’Institut universitaire de Saigon, chef du Département général de l’énergie atomique, président du Comité de recherches scientifiques, directeur de la Bibliothèque des sciences… Outre des travaux scientifiques concernant la chimie moderne, il s’est intéressé en particulier à la mise sur pied d’une terminologie contemporaine du Vietnam, un ouvrage d’études important entamé par le célèbre professeur Hoàng Xuân Han. En 1970, Lê Van Thoi a créé le Comité d’élaboration des noms scientifiques spécialisés (relevant de l’ancien ministère de l’Éducation de Saigon).
Après 1975, date de la réunification nationale, le pro-fesseur Lê Van Thoi a continué d’enseigner à l’Université de Hô Chi Minh-Ville, assumant en même temps le poste de président de l’Association des intellectuels patriotes de la métropole du Sud. Et d’être député à l’Assemblée nationale du Vietnam entre 1975 et 1983. Il est décédé en 1983, à l’âge de 66 ans.
Nghia Dàn/CVN