Dans une prise de position d'une fermeté inédite, le grand imam d'Al-Azhar, plus haute institution de l'islam sunnite, qui siège au Caire, a appelé la police à ne pas tirer sur les manifestants et l'armée à éviter les affrontements "au sein d'un même peuple".
Ces déclarations interviennent quelques heures après que des médecins ont pour la première fois fait état de décès par balles réelles au cours de violences qui ont officiellement fait 35 morts depuis le 19 novembre.
Dans le centre du Caire, les affrontements violents se poursuivaient en début de soirée dans la rue Mohamed Mahmoud qui relie la place Tahrir au ministère de l'Intérieur.
La police anti-émeute, derrière des barricades, tirait des grenailles et du gaz lacrymogène sur les manifestants, qui brandissaient d'imposants drapeaux égyptiens, tandis que des ambulances allaient et venaient pour transporter de nombreux blessés. Ailleurs, des affrontements ont été notamment signalés dans les villes d'Alexandrie et Port-Saïd (Nord), Suez, Qena (Centre), Assiout et Assouan (Sud), dans le delta du Nil et à Marsa Matrouh (Ouest). Le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a réclamé une enquête "rapide, impartiale et indépendante" sur les violences.
Le Parti de la liberté et de la justice, organe politique des Frères musulmans, a demandé au Conseil suprême des forces armées (CSFA) de "présenter ses excuses au peuple égyptien", alors qu'Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe et candidat déclaré à la présidentielle, a exhorté le CFSA à faire cesser "immédiatement" les violences et à en juger les responsables.
Les États-Unis ont condamné "l'usage excessif de la force" par la police et demandé au gouvernement de protéger le droit de manifester. Trois étudiants américains arrêtés le 21 novembre place Tahrir ont été maintenus en détention pour quatre jours, sur décision du procureur général du Caire.
Berlin a également condamné ces violences, Londres dénonçant une "violence inacceptable" et "disproportionnée" contre les manifestants avec des "balles réelles et des gaz dangereux". L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a pour sa part appelé "à la retenue".
Sous la pression des manifestants, le maréchal Hussein Tantaoui, chef d'État de fait, s'est engagé le 22 novembre au soir à organiser une présidentielle avant fin juin 2012, se disant prêt à remettre le pouvoir immédiatement si un éventuel référendum en décidait ainsi.
Selon un sondage annuel de l'Université américaine du Maryland, 43% des Égyptiens pensent que l'armée "travaille à ralentir ou à remettre en cause" les acquis de la "révolution".
AFP/VNA/CVN