Les amoureux des mobs et des motos «collector»

Il y a de cela quelques années, rouler sur un vieux deux-roues faisait «plouc», maintenant c’est du dernier chic. Vespa, Mobylette, Solex, Peugeot 304 ou Honda 67 ont de plus en plus la cote.

 

Les clubs d’amateurs de vieilles motos pullulent à Hanoi et dans d’autres grandes villes.


Duong, 28 ans, serait le plus connu de ces jeunes amateurs de vieilles motos à Hanoi, avec une quinzaine d’unités en sa possession. Bien qu’il ne soit qu’un «employé de bureau», sa passion pour les vieux cubes n’a pas de limite. Son temps libre, il le consacre à ses «chouchous». Chaque fois qu’il réussit à acheter une nouvelle machine, Duong la démonte pour en nettoyer toutes les parties avant de la remonter complètement. Un travail minutieux qui lui prend parfois des week-ends entiers. Sa collection de motos est très variée : Honda 67, Simson, Mobylette, Peugeot… Faute de place dans sa maison, il a dû en entreposer certaines au village natal de son épouse. En ville, son salon s’est transformé en une salle d’exposition bien fournie. Montrant du doigt une Simson pour femme dans un coin, Duong révèle : «Des engins de ce type, dans tout Hanoi, il n’y en a que cinq ou sept. Sa valeur est liée à sa rareté. Il faut un certain savoir-faire pour le réparer et l’entrete-nir».
Les clubs d’amateurs de vieilles motos sont nombreux à Hanoi. Certains sont spécialisés dans telle ou telle machine, comme Vespa ou Honda 67 ; d’autres réunissent des membres ayant une passion commune pour tous les vieux engins classiques.
Les rendez-vous des «belles starlettes des rues»
Chaque club a son calendrier d’activité et un lieu de rendez-vous. Le club des Honda 67 se réunit chaque dimanche matin au jardin Ly Tu Trong ou devant le stade My Dinh ; celui des amateurs de vieilles Vespas, tous les samedis soirs dans un coin ombragé au bord de l’avenue Hoàng Diêu.
Ces passionnés aiment se rencontrer pour rouler ensemble et échanger des infos, par exemple où trouver telle ou telle pièce de rechange, comment traiter certains problèmes mécaniques... C’est aussi l’occasion d’exhiber ces «belles starlettes des rues» qui font beaucoup tourner les têtes.
«L’origine de ces anciennes motos est très variée», selon Tuân Hung, employé dans une banque étrangère à Hanoi qui en possède quelques-unes. Pour en posséder une, on doit se donner beaucoup de peine et aller «chasser» dans des endroits reculés. Parfois, il faut aussi chercher dans les dépôts de ferrailles. D’autres font appel à des connaissances ou surfent sur Internet. La quête des machines rares est de plus en plus en vogue, à tel point que les prix se sont envolés. Une Honda 67 coûte maintenant 8-10 millions de dôngs, et une Vespa 10-12 millions, contre 2 à 5 millions auparavant. D’ordinaire, le passionné préfèrera une moto avec toutes ses pièces d’origine même si le prix peut parfois être trois fois supérieur à la normale.
«Le plaisir des vieilles motos coûte cher. Non seulement à l’achat mais aussi dans la maintenance, avoue Tuân Hung. Une bonne partie de son revenu mensuel y passe». Chez les motards, il est d’usage de comparer une ancienne moto à une jolie fille capricieuse. «Si vous ne lui portez pas des soins constants, nul doute qu’elle vous laissera tomber sans crier gare»... Qu’à cela ne tienne ! L’important, c’est de pouvoir assouvir sa passion. Tuân Hung vient d’ajouter à sa collection un scooter italien des années 1950. «À mes yeux, comparé aux modèles modernes, les vieilles motos ont un charme vétuste qui leur donne cet attrait irrésistible», affirme-t-il.
Des clubs actifs
Les vieilles motos attirent non seulement des adultes, souvent fortunés, mais aussi des jeunes dont des étudiants. Pham Van Loi, étudiant à l’Université de l’industrie de Hanoi, est membre depuis deux ans du club des Vespas. Pour en posséder un, il a dû faire divers boulots et emprunter de l’argent. Pour lui, «rien n’est aussi bon que d’être à califourchon sur une belle starlette des rues».

 

Si vous ne portez pas des soins minutieux et constants à votre starlette, nul doute qu’elle vous laissera tomber sans crier gare


Les clubs d’amateurs de vieilles motos sont de plus en plus nombreux, non seulement à Hanoi mais aussi à Hô Chi Minh-Ville et dans d’autres grandes villes du pays. Le club de Hông Cuong, à Hô Chi Minh-Ville, est parmi les plus connus, grâce à son site web. Sur celui-ci, les internautes peuvent admirer des photos de toutes sortes d’anciens deux-roues et participer aux forums de discussions.
Les fans des Honda 67 ont chaque année depuis 2008 un rendez-vous national. Leur 5e rencontre s’est déroulée le 30 avril 2012 à Hô Chi Minh-ville, à l’occasion de la «Journée de la libération de Saigon».
Ces clubs organisent régulièrement des virées à la campagne, voire des périples trans-vietnamiens où les motards rivalisent d’endurance et en profitent parfois pour recueillir des fonds pour des activités caritatives. Duy Anh, 22 ans, de Phan Thiêt (Sud), est en train de traverser en solo toute l’Indochine au guidon de sa Honda 67. «Je compte aller rencontrer mes +confrères+ de Hanoi. On aura des échanges utiles», révèle-t-il. Quant à l’étudiant hanoïen Pham Van Loi, il nourrit l’ambition de pouvoir gravir sur sa vieille Vespa la montagne de Lung Cu, dans la province frontalière septentrionale de Hà Giang, jusqu’au mât où flotte le drapeau national.

Nghia Dàn/CVN


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