Les agriculteurs ont besoin de soutien

Trois ans après l'adhésion du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), son développement socio-économique a connu une nette amélioration. Cependant, selon les économistes, les agriculteurs sont les plus défavorisés en cette période d'intégration à l'international.

L'entrée du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a apporté au pays autant d'opportunités que de défis. Pourtant, au dire d'économistes, on ne peut pas nier les faiblesses intrinsèques de l'économie nationale. Et au cours du processus d'intégration, "les agriculteurs sont les plus touchés et les plus défavorisés", a estimé Pham Chi Lan, ancienne membre du Comité d'études du Premier ministre, lors d'un colloque, organisé récemment à Hanoi, destiné à faire le bilan des 3 premières années du Vietnam au sein de l’OMC. Les laissés pour compte sont notamment les paysans pauvres, incapables de restructurer leur production.

Actuellement, les produits agricoles et sylvicoles importés au Vietnam sont frappés d'un impôt égal, voire inférieur au taux engagé fin 2009. Selon l'Institut central d'études sur la gestion économique (CIEM) - ministère du Plan et de l'Investissement -, les droits d'importation des produits carnés sont ceux qui enregistrent la plus rapide et la plus importante réduction depuis mi-2007. Concrètement, le taux d'imposition est passé de 20% à 12% pour la viande de volaille et de bœuf, de 30% à 20% pour le porc et les œufs. Juste après la réduction des droits d'entrée de ces produits, les importations de viande de volaille au Vietnam ont fortement augmenté, exerçant une forte pression sur le secteur de l'élevage national, surtout les fermes et les éleveurs d'oiseaux de basse-cour dans les régions rurales, parfois contraints de faire faillite.

De plus, les taxes d'importation de produits aquatiques, maritimes ont progressivement été réduites. Cependant, deux tiers des droits de douane des produits aquatiques importés affichent actuellement un taux plus bas que celui engagé, bien que leur entrée en vigueur ne soit pas encore effective…

Assistance à l'agriculture

D'après Pham Chi Lan, l'investissement dans l'agriculture a connu dernièrement une forte baisse, soit seulement 6,8% du total des investissements sociaux en 2009, contre plus de 13% en 2000.

Par ailleurs, conformément à ses engagements pris envers l'OMC, le Vietnam a supprimé toutes les subventions agricoles dès son adhésion à cette organisation interna- tionale. Selon le CIEM, alors que l'OMC stipule que les bénéficiaires des politiques d'assistance nationales doivent être les producteurs, le pays donne la priorité aux entreprises commerciales d'import-export, notamment aux sociétés publiques. Par conséquent, les aides accordées aux agriculteurs sont très modestes, notamment pour les pauvres et ceux des régions difficiles. La politique de crédit agricole demeure floue et ne propose pas de privilèges concrets, tandis que le programme des crédits bonifiés est difficilement accessible aux paysans en raison de la complexité des formalités.

Toujours selon le CIEM, le revenu moyen des travailleurs du secteur agro-sylvicole est de plus en plus faible. En 2006, celui des actifs du secteur le mieux rémunéré - industrie minière et exploitation - était de 2,43 fois supérieur à celui des travailleurs du secteur de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche. Cette disproportion est passée à 2,91 fois après l'adhésion du pays à l'OMC.

Selon les statistiques, si le taux de chômage du pays a tendance à augmenter (2,91% de la population nationale en 2009), celui au sein des populations urbaines a aussi enregistré une augmentation très rapide, passant de 1,49% en 2006 à 2,25% en 2009. La question de la création d'emplois en faveur des travailleurs ruraux dans la période suivante sera donc une des premières priorités.

"On peut dire que 3 ans après l'adhésion du Vietnam à l'OMC, l'agriculture est la grande perdante de ce processus. Or, en matière de croissance économique, d'emploi et de stabilité sociale, ce secteur domine toujours et apporte des contributions extrêmement importantes. Et dans la conjoncture de crise, nous savons tous que sans le développement stable de l'agriculture, ni les efforts des paysans, nous aurions du mal à maintenir la stabilité et la croissance observée ces derniers temps", a estimé l'économiste Pham Chi Lan.

Hoàng Minh/CVN

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