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Les exploitations de type familial sont le point faible du secteur de l’élevage du Vietnam. |
Une fois le TPP entré en vigueur, l’agriculture vietnamienne aura accès à un marché agricole fort de 600 millions de consommateurs. La plupart des produits agricoles seront exemptés de taxes. Une nouvelle donne qui leur permettra de gagner en compétitivité.
Mais, outre les avantages incontestables que ce partenariat amènera au pays, il lui posera aussi des difficultés, en particulier pour les secteurs peu compétitifs. L’élevage est l’un d’entre eux. «Son niveau de développement est plusieurs fois inférieur à celui du Canada, de l’Australie, des États-Unis ou encore de la Nouvelle-Zélande», avoue Nguyên Xuân Duong, chef adjoint du Département de l’élevage (ministère de l’Agriculture et du Développement rural).
Des entreprises inquiètes
Alors que les pays précités peuvent compter sur un système d’élevage industrialisé et au bénéfice d’un contrôle qualité strict gage de sécurité alimentaire, le Vietnam compte majoritairement sur des élevages de petite envergure. Au total, 11 millions de foyers élèvent des animaux à l’échelle familiale, dont 8 millions des volailles. Les entreprises du secteur sont très inquiètes face à la vague de viande, de lait et de fruits importés à prix compétitifs qui commencent à inonder le marché domestique.
«Comme la taxe d’importation sur ces denrées sera réduite à zéro, nous devrons faire face à une rude concurrence des produits importés lorsque le TPP entrera en vigueur. Nous sommes donc inquiets, surtout au vu du retard de nos exploitations sur celles d’autre pays», confie Pham Thanh Hùng, directeur adjoint de la sarl Ba Huân, spécialisée dans la fourniture d’œufs de volailles.
D’après le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural Hà Công Tuân, si les méthodes actuelles de gestion et de contrôle sont maintenues et que la qualité des produits ne s’améliore pas, la situation sera délicate pour le secteur lorsque le pays intégrera le TPP. «Il est urgent pour les entreprises et les familles qui pratiquent l’élevage d’entamer une restructuration pour être plus compétitifs. Sinon, ils seront perdants, même sur le marché domestique», affirme-t-il.
Baisser les coûts de production
Les solutions proposées par les experts pour aider le secteur à aborder ce grand saut ne manquent pas : développer l’élevage industriel placé sous un contrôle qualité rigoureux pour assurer la sécurité alimentaire, renforcer la production domestique des aliments pour animaux, mais aussi réorganiser la chaîne de production et de distribution. Reste à les appliquer.
«Nous devons transformer rapidement les élevages de type familial en structures industrielles. C’est essentiel pour réduire les coûts de production et limiter le risque d’épidémies», martèle Nguyên Xuân Duong. Préoccupé par les coûts de production, le chef adjoint du Département de l’élevage souligne également la nécessité de limiter les importations d’aliments pour animaux. L’auto-approvisionnement doit être renforcé. Les cultures vivrières à faible rendement doivent être remplacées par des cultures de matières premières destinées à la production d’aliments pour animaux.
«La restructuration du secteur s’impose. Nous devons réorganiser la chaîne de production et de distribution avec un cycle pyramidale : entreprises - coopératives ou fermes d’élevage - foyers éleveurs comme le fil conducteur. La sécurité alimentaire doit être garantie», poursuit M. Duong.
Selon les experts, des fermes ou des coopératives de plus grande envergure doivent voir le jour. |
Pour être concurrentiel, Trân Duy Khanh, vice-président et secrétaire général de l’Association de l’élevage du Vietnam, conseille aux entreprises de bien se positionner sur le marché. Il se veut toutefois optimiste sur les habitudes de consommation des Vietnamiens. «Même avec le TPP, les entreprises vietnamiennes conserveront une importante clientèle. Notamment les consommateurs vietnamiens qui préfèrent la viande crue à la viande surgelée importée», assure-t-il. Reste que les entreprises qui produisent de la viande de volailles devraient, selon lui, se tourner vers des races de poulets nains ou typiquement asiatiques, au plumage multicolore par exemple, pour se démarquer.
«Les défis sont de taille et le secteur devra surmonter ses faiblesses. Mais s’il sait se réorganiser, il tiendra bon et pourrait même devenir une figure de proue dans plusieurs domaines, notamment les œufs salés ou les poulets nains d’origine asiatique», conclut Nguyên Thanh Son, directeur de l’Institut de l’élevage et président de l’Association de l’élevage du Vietnam.
La filière porcine vietnamienne a le vent en poupe. D’après l’Association de l’élevage du Vietnam, le pays est le 8e producteur mondial de viande de porc. Précisons que le cochon de lait du Vietnam est très prisé par les consommateurs singapouriens, hongkongais, malaisiens et chinois. Ces dernières années, le Vietnam a exporté chaque année 20.000 têtes de cochon de lait et 20.000 tonnes de viandes de porc contre environ 3.000 tonnes importées. En outre, le Vietnam est un pays propice à l’élevage de canards et à l’exportation d’œufs salés. Notamment dans le delta du Mékong.