Le wwoofing, un voyage en terre bio qui revisite la culture de l’échange

Le wwoofing, ou «worldwide opportunities on organic farms», est un mouvement né en Angleterre au début des années 70 et lancé en France il y a une vingtaine d’années. Il a pour but de mettre en relation des citadins et des fermiers biologiques.

Le principe du wwoofing, c’est de mettre en relation des citadins et des fermiers biologiques.

«J’ai en projet de vendre mon appartement et de créer des chambres d’hôtes écolo avec jardin bio», raconte Nathalie, une graphiste quadragénaire. Mais changer de vie n’est pas si facile. «Je suis une pure citadine, il faut que j’apprenne tout». Grâce au wwoofing, elle multiplie les apprentissages, du jardinage à l’écoconstruction.

Le wwoofing, ou «worldwide opportunities on organic farms», est un mouvement né en Angleterre au début des années 70 et lancé en France il y a une vingtaine d’années. Son principe? Mettre en relation des citadins et des fermiers biologiques. Les citadins désireux de découvrir et de participer à des activités agricoles - jardinage, maraîchage, production de fromages ou de jus, écoconstruction... - sont reçus par un hôte, un agriculteur ou un particulier engagé dans la production biologique, qui leur transmet son savoir, ses astuces.

Il n’est pas question de rétribution, l’argent n’intervient pas. En échange d’une participation de quelques heures par jour aux activités de l’exploitation, le wwoofer se verra offrir le gîte, parfois rudimentaire, et le couvert. Une opportunité pour faire le plein de rencontres, s’enrichir de savoir-faire écologiques, d’arts de vivre alternatifs, et de cultures. Le tout lors de séjours d’une à trois semaines.

En 2008, la France a accueilli 3.700 wwoofers. Quatre ans plus tard, ils étaient près de 10.000, Français et étrangers. Quant aux hôtes, ils sont passés de 321 en 2008 à quelque 800 l’an dernier, selon l’association Wwoof France. Ce qui séduit dans ce mouvement ? «L’esprit d’échange», répond spontanément Cécile Narbonnet, de Wwoof France. Dans le wwoofing, «on est dans le partage, dans des échanges humains et de savoirs, sans qu’il soit question d’argent ou de subordination».

«Ouverture sur le monde»

«Le wwoofing t’apporte le savoir-faire et toi tu es une petite main», résume Nathalie, à la veille d’un week-end à participer à la construction d’un bâtiment «avec isolation en paille et enduits en torchis écologiques». «Toute cette expérience sera bénéfique pour la ferme que je veux acheter», assure cette ancienne graphiste.

L’Américaine Sarah (droite) consacre sa matinée à arracher les mauvaises herbes dans une ferme au Morbihan en France.

Dans le cœur du Morbihan, au Saint, Sarah, une Américaine de 20 ans, a consacré sa matinée à arracher les mauvaises herbes qui ont proliféré avec la pluie au Moulin Coz, l’exploitation bio de Simone Heinrich. «Cette façon de vivre, écolo, ça m’intéresse», confie la jeune femme qui vient de passer un an à Montpellier à parfaire son Français.

Mais le wwoofing, c’est aussi pour Sarah une façon «économique» de découvrir la culture française «de l’intérieur». Et d’apprendre «ces nouveaux mots» liés à l’agriculture. «Ça me servira», prédit Sarah, qui rêve de devenir sage-femme et s’engager dans l’humanitaire, où «le Français est la seconde langue».

Autre wwoofeuse, autre motivation : pour Wilma, Berlinoise de 22 ans frêle et gracile, il s’agit «d’expérimenter une autre vie, avec la nature, dans un village, une ferme». «Parce ce que je sais que je ne vivrai pas toujours dans une grande ville», affirme Wilma, qui a choisi comme point de chute la Pachamama, l’exploitation éco-citoyenne de Delphine Morel et son mari, à Saint-Brice-en-Coglès, au Nord de Rennes (ouest de la France).

Dans leurs bagages, les wwoofeurs apportent leurs passions, leur vécu, leur culture, leur expérience. Et partagent leurs convictions. Ainsi, en accueillant leurs premiers wwoofeurs, Nicolas et son associée Anne-Sophie, les maraîchers des «Jardins de Clérigo», près de Vannes (Ouest), ont découvert le véganisme, un mode de vie fondé sur le refus de l’exploitation des animaux.

«C’était très enrichissant. On mangeait différemment, on faisait même les courses en fonction de leurs besoins. Ils ont partagé avec nous leur savoir en diététique», confie Nicolas devant ses «tunnels» où poussent tomates, aubergines et autres blettes bio.

«Avant, les agriculteurs vivaient seuls, isolés», analyse Delphine Morel. À la Pachamama, où se mêlent maraîchage et écocitoyenneté, «il y a une dynamique, les gens viennent à nous, ce qui nous permet d’avoir une ouverture sur le monde». «Dès qu’on fait du maraîchage, on ne peut plus bouger librement», confirme Simone Heindrich dans la yourte-cuisine-salle à manger du Moulin Coz. Spécialiste des légumes anciens, cette Allemande installée au Saint depuis 9 ans a vécu en Belgique, au Zaïre, au Japon, s’est passionnée pour le cirque et la danse Buto. Aujourd’hui, le wwoofing est pour elle une autre façon de voyager.

AFP/VNA/CVN

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