Des maisons sous l’eau lors des inondations survenues à la mi-octobre dans le Centre. |
Photo : VNA/CVN |
Depuis le début de 2020, le pays est le théâtre de 16 types de catastrophes naturelles différentes. Parmi elles, les fortes pluies, les orages, la foudre, la grêle et les tremblements de terre qui ont tous tendance à être de plus en plus fréquents, causant de graves dommages humains et matériels, affectant gravement la production et la vie des gens ainsi que la croissance économique.
Entre janvier et avril, les provinces montagneuses du Nord ont subi des tempêtes tropicales, faisant neuf morts et une disparition et causant des dégâts économiques estimés à plus de 461 milliards de dôngs.
Depuis le 6 octobre, le Centre connaît une période extrêmement difficile avec une série de typhons et de dépressions tropicales en provenance de la Mer Orientale. Pendant trois semaines consécutives, les typhons Linfa (6e reconnu au Vietnam cette année) et Nangka (7e) et une dépression tropicale ont sévi dans la région, notamment dans les provinces de Thua Thiên-Huê, Quang Tri, Quang Binh, Quang Nam et Quang Ngai.
Selon un rapport du 25 octobre du Comité de pilotage national pour la prévention et le contrôle des catastrophes naturelles, les crues et inondations ont fait 130 morts et 18 disparus. Plus de 37.500 maisons ont été endommagées essentiellement à Quang Nam, Quang Binh, Quang Tri et Quang Ngai. Plus de 1.400 ha de rizières et près de 7.800 ha de cultures maraîchères ont été inondés. Plus de 7.000 bovins et 930.000 volailles ont été tués.
Mais, ce n’est pas fini avec les typhons Saudel et Molave (8e et 9e affectant le pays cette année). Mai Van Khiêm, directeur du Centre national de prévisions hydrométéorologiques, se soucie de la répétition des inondations historiques d’octobre 1983 dans cette région. "Le Centre témoigne d’une situation météorologique similaire à celle d’octobre 1983 où la région a été balayée successivement par quatre tempêtes et une dépression tropicale. C’était aussi l’année où la région a connu des pluies abondantes et des inondations importantes", analyse-t-il.
La Niña attendue en fin d’année
Porter secours aux victimes des crues dans le district de Lê Thuy, province de Quang Binh (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
Selon Mai Van Khiêm, les pluies et inondations dans plusieurs provinces du Centre ces derniers jours ne sont que les premiers signes de l’influence de La Niña. La situation sera encore plus complexe dans les mois à venir. "Cette année, les catastrophes naturelles sont très compliquées du fait de l’apparition de La Niña. Le Centre en particulier connaît et continuera de subir des pluies intenses et prolongées. La Niña s’intensifiera encore entre fin 2020 et début 2021', prévoit-il.
Habituellement, lorsque le phénomène de La Niña apparaît et impacte le Vietnam, les tempêtes et les dépressions tropicales s’intensifient vers la seconde moitié de la saison des pluies, entre septembre et novembre. Le nombre de typhons en Mer Orientale venant s’abattre sur le Vietnam est environ 28% plus important que la normale.
Les ouragans, qui arrivent plus tard que d’habitude pour disparaître vers la fin de l’année, touchent principalement le Centre et une partie du Sud. Si La Niña provoque des déficits pluviométriques dans le Nord, les hauts plateaux du Centre et le Sud oriental, il entraîne des précipitations supérieures à la moyenne dans les provinces côtières du Centre et le Sud occidental.
Avec ses observations sur La Niña, le Centre national de prévision hydrométéorologique estime qu’entre octobre 2020 et mars 2021, le Mer Orientale devrait connaître entre cinq et sept tempêtes et dépressions tropicales dont trois à quatre toucheraient le Vietnam, principalement les régions Centre et Sud. "Par conséquent, les habitants de ces régions doivent rester vigilants. Les fortes pluies avec une intensité élevée et de longue durée entraineront très souvent un risque élevé de crues déferlantes dans les zones montagneuses et d’inondations dans les zones basses et les zones urbaines", prévient M. Khiêm.
Renforcer les mesures de prévision et d’alerte
"Les inondations et les pluies continueront à être compliquées dans le Centre dans les mois à venir. Les comités de lutte et de prévention des catastrophes naturelles dans les villes et provinces, et le ministère de l’Industrie et du Commerce doivent bien se concentrer sur la gestion de manière scientifique des lacs-réservoirs', souligne le ministre de l’Agriculture et du Développement rural Nguyên Xuân Cuong. Ce dernier exige 'une préoccupation particulière et de la prudence” dans la gestion des lacs-réservoirs du Centre notamment de Quang Binh à Quang Nam pour éviter des dommages causés sur les cultures et les habitations.
Nguyên Xuân Cuong a apprécié les progrès des services de prévision des catastrophes naturelles mais il juge qu’ils manquent encore de systèmes d’observation, de surveillance et d’alerte précoces efficaces, raison pour laquelle, en cas de catastrophe soudaine, le niveau de précision reste limité.
Des pluies diluviennes ont provoqué de multiples inondations et glissements de terrain dans le Centre du Vietnam. |
Photo : VNA/CVN |
Le ministre Nguyên Xuân Cuong a estimé que toutes les unités membres des Comités de direction sur la lutte et la prévention des catastrophes naturelles des localités devaient aller plus souvent sur le terrain en vue de bien saisir la situation en termes de transports, de communication, de sauvetage... "Nous devons concentrer non seulement nos forces pour cette période, mais aussi nous préparer à agir instantanément", insiste M. Cuong.
Dans le contexte de catastrophes naturelles de plus en plus extrêmes et imprévisibles, les experts recommandent que le pays soit actif dans la prise des solutions et la prévision des scénarios. En particulier, il faut élever l’efficacité des activités d’alerte et d’intervention post-catastrophe.
Afin de prévenir activement et de répondre efficacement aux fortes pluies prolongées, crues soudaines, glissements de terrain, le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a demandé au Comité de pilotage national pour la prévention et la lutte contre les catastrophes naturelles, au Comité national de réponse aux incidents naturelles, de recherche et de sauvetage, aux ministères, et autorités locales de respecter strictement la mise en œuvre de la directive N°42 du 24 mars 2020 du Secrétariat du Parti communiste sur la prévention et la résilience aux catastrophes naturelles ainsi que la Résolution N°76 du gouvernement.
La Niña
La Niña est un phénomène climatique ayant pour origine une anomalie thermique des eaux équatoriales de surface (premières dizaines de mètres) de l’océan Pacifique centre et est caractérisée par une température anormalement basse de ces eaux. La Niña (la petite fille en espagnol) tire son nom d’une comparaison avec El Niño (le petit garçon en espagnol en référence à l’enfant Jésus) dont les conséquences maritimes et climatiques sont globalement l’inverse de celles de La Niña. Les anomalies thermiques des eaux de surface ont des répercussions dans le bassin Pacifique avec la recrudescence des typhons dans sa partie occidentale. Les épisodes de La Niña surviennent tous les quatre à cinq ans et durent en général un à deux ans.