Sur les routes, l’hécatombe continue

Le pays a enregistré ces derniers mois un grand nombre d’accidents de la route. Le facteur humain est en cause dans plus de 90% des cas. La sécurité routière s’impose plus que jamais comme une priorité nationale.

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Un accident routier dans le 10e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville.
Photo : Phuong Vy/VNA/CVN

Fin février dernier, Nguyên Thinh, 19 ans, est en train de travailler dans son garage rue Quang Trung, district de Hoc Môn, Hô Chi Minh-Ville, quand une voiture le percute violemment. Une semaine après le drame, M. Loi, collègue de Nguyên Thinh, est encore sous le choc. «Le 26 février vers midi, nous étions en train de travailler. Soudain, une voiture a tapé la bordure du trottoir avant de heurter Thinh. Il est mort. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, j’ai été légèrement blessé», raconte-t-il.

Quelques jours auparavant, dans la même ville, deux balayeuses avaient été gravement blessées par une voiture rue La Xuân Oai, dans le 9e arrondissement. Le véhicule en cause avait ensuite heurté une autre moto stationnée plus loin, avant de s’immobiliser.

Il y a peu de temps, un conducteur roulant rue Phan Van Tri, arrondissement de Go Vâp, toujours à Hô Chi Minh-Ville, a perdu le contrôle de sa voiture et heurté successivement six motos avant de finir sa course contre la façade d’une maison. Cet accident a fait deux blessés. En cause, la somnolence.

Début d’année meurtrier

Selon le Comité national de la sécurité routière, pendant ces deux premiers mois de l’année, le pays a enregistré 3.618 accidents de la route qui ont fait 1.590 morts et 3.367 blessés, soit 489 accidents et 398 blessés de moins qu’à la même période de l’année précédente. Mais 23 morts de plus.

Les principales causes des accidents de la route sont la surcharge des véhicules (pour les motos notamment), l’excès de vitesse et l’abus d’alcool. Le colonel Dao Vinh Thang, chef du Bureau de la police de la circulation routière et ferroviaire (Police de Hanoi), confirme en effet que 99% des accidents de la route sont dus à des facteurs humains (vitesse, fatigue, somnolence, distraction, alcool, téléphone au volant). Le récent accident qui a eu lieu rue Bô Dê, arrondissement de Long Biên, à Hanoi, en est un tragique exemple. Sans permis de conduire, Nguyên Quang Vinh, 41 ans, a tué trois personnes au volant de sa voiture. Le même jour, sur l’autoroute Hanoi - Hai Phong, une collision frontale a eu lieu entre une auto conduite par Hoàng Quôc Tuân, 47 ans, et un camion conduit par Lê Ninh, 41 ans. Ce dernier, décédé sur place, avait entrepris de remonter en sens inverse le tronçon à quatre voies.

N’importe quel étranger fréquentant les routes de ce pays s’aperçoit rapidement qu’une part non négligeable des conducteurs vietnamiens respecte peu le code de la route. La présence policière à quelques coins de rue dissuade temporairement les chauffards. Mais dès que la «voie est libre», les règles de circulation volent en éclats. La règle du «pas vu, pas pris» fait que les mauvais conducteurs ne se soucient pas de mettre non seulement leur vie en danger, mais également celle des autres. Et quand ils se font prendre, un certain nombre demandent l’aide de leurs proches ou des relations de ceux-ci pour alléger les sanctions.

C’est un fait, la gestion étatique de la sécurité routière montre encore des faiblesses. Les infrastructures routières mal adaptées (zones dangereuses non signalées, intersections sans visibilité, peu de signalisation) sont encore nombreuses. Les sanctions à l’encontre des chauffards semblent aussi trop peu dissuasives. En outre, les compétences exigées pour l’obtention du permis de conduire laissent grandement à désirer. Dans plusieurs pays à l’étranger, s’il est facile d’acheter une auto, il est difficile de décrocher le permis de conduire. Le processus dure des mois, parfois une année, voire plus. Et le jour de l’examen, les examinateurs font preuve d’exigence et de rigueur.

Un coût financier exorbitant

Soins donnés à une victime d’un accident routier dans l’hôpital Cho Rây, à Hô Chi Minh-Ville.

Les accidents de la route entraînent des pertes économiques considérables pour ceux qui en sont victimes et leur famille, mais aussi pour le pays, en raison des traitements médicaux coûteux et des enquêtes. Il faut aussi prendre en compte la perte de revenus pour la victime et ses proches, qui doivent parfois interrompre leur travail ou leur scolarité pour la prendre en charge.

Khuât Viêt Hùng, vice-président du Comité de la sécurité routière, fait savoir qu’au Vietnam, 26.000 accidents de la route ont été enregistrés en 2015, touchant ainsi 17.000 personnes. Les dégâts économiques représentent 3% du PIB national.

«95% des accidentés de la route sont des hommes et 80% sont âgés entre 25 et 37 ans. Ce sont les piliers économiques de leur famille, et il faut bien comprendre que lors d’un accident, l’entourage est aussi victime, et l’impact va durer des années», souligne Khuât Viêt Hùng.

Face à cette situation, le Comité national de la sécurité routière a demandé aux services, aux secteurs et aux localités d’appliquer strictement les directives du Premier ministre Nguyên Tân Dung concernant la garantie de l’ordre et de la sécurité de la circulation, et de recueillir par le biais d’une ligne téléphonique rouge les informations de la population en la matière. Le Comité a également demandé aux polices de la route de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville de se mobiliser pour assurer la sécurité lors des fêtes et des festivals du début de l’année.

Huong Linh/CVN

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