Le smartphone, instrument de géolocalisation permanente

La géolocalisation des utilisateurs de smartphones est la donnée la plus collectée via les appareils mobiles, mais ce pistage permanent n'est souvent pas justifié par le fonctionnement des applications, avertissent la Cnil et l'Inria dans une étude publiée le 15 décembre.

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Entre un quart et un tiers des applications téléchargées sur les smartphones fonctionnant sous iOS et Android ont eu accès à la localisation de l'appareil, montre l'étude de la Commission nationale de l'informatique (Cnil) et des libertés réalisée avec l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria).

 

Usage d'un smartphone, le 4 novembre à Paris.

Photo : AFP/VNA/CVN



Si ce constat n'a rien d'a priori surprenant compte tenu des besoins de ces applications, il interpelle par "l'intensité et la fréquence d'accès à cette information" observées dans certains cas.

Ainsi, sur les trois mois qu'a duré le test, l'une des applications a accédé plus d'un million de fois à la géolocalisation. "Cela représente en moyenne près d'un accès par minute", notent les auteurs de l'étude, qui ajoutent avoir "du mal à relier cela à des fonctionnalités de l'application".

"Les stratégies de ciblage présentes sur le web contaminent aujourd'hui le mobile", observent-ils, soulignant que "l'accès permanent (à la géolocalisation, ndlr) sur une longue période semble disproportionné et constitue une source de risques pour la personne géolocalisée".

S'interrogeant sur la finalité de ce pistage intensif, ils estiment probable que ces données de géolocalisation soient revendues à des tiers.

Après avoir étudié quel type d'informations collectent les smartphones sous système d'exploitation d'Apple iOS en 2013, cette deuxième campagne de tests "Mobilitics" réalisée l'été dernier analyse le mode de fonctionnement des smartphones sous Android (Google).

Ce pistage peut venir d'une "mauvaise optimisation des commandes de l'application". Mais il peut aussi résulter d'une volonté de "monétiser ces données à des fins publicitaires par des tiers".

"On sait bien que la donnée de localisation a énormément de valeur pour les professionnels du marketing et de la publicité donc on imagine bien qu'elle participe du modèle économique des applications", note Geoffrey Delcroix, chargé d'études à la Cnil.

"Certaines applications gratuites vont transférer massivement la localisation de leurs utilisateurs à des tiers publicitaires qui vont pouvoir l'utiliser pour faire de la publicité dans un autre contexte, dans une autre application ou dans la navigation mobile", ajoute-t-il.

Plus de 30 millions de Français utilisent quotidiennement smartphones et tablettes et se servent en moyenne d'une trentaine d'applications par appareil.

AFP/VNA/CVN

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