France : faire cohabiter luxe et culture, le défi des Champs-Élysées

Les Champs-Élysées sont considérés par beaucoup comme la plus belle avenue du monde. Et le seront sans doute encore en 2025.

À condition, selon des experts, de rééquilibrer les fonctions commerciales et culturelles de la célèbre artère pour maintenir son attractivité.
Le risque principal pour la célèbre avenue parisienne est de perdre sa spécificité par rapport aux autres artères commerçantes mondiales, ont averti, lors d’un récent colloque à Paris, urbanistes, historiens, politiques et représentants d’enseignes.

Vue générale, de nuit, des Champs-Élysées, prise du haut de l’Arc de Triomphe.

«Les Champs-Élysées ont une dimension mythique, aussi bien auprès des Parisiens que des touristes internationaux», explique Jean-Noël Reinhardt, président du comité des Champs-Élysées. L’avenue, qui s’étend sur près de deux kilomètres entre la place de la Concorde et l’Arc de Triomphe, accueille quotidiennement 300.000 personnes, dont 40% d’étrangers, attirés par ses cafés, ses cinémas et ses boutiques.
Nés en 1616 de la volonté de Marie de Médicis de bénéficier d’une promenade dans le prolongement du palais des Tuileries, les Champs ont connu une histoire riche et contrastée. Lieu malfamé au XVIIIe siècle, ils devinrent au siècle suivant la promenade des élégantes du Second Empire. Successivement symbole de la monarchie et place révolutionnaire, ils furent le théâtre des déchirements de la France (la guillotine y a eu sa place) et des liesses collectives, de la Libération de Paris en 1944 à la victoire de la France à la Coupe du monde de football en 1998.
«Une perte d’identité»
Mais aujourd’hui, on a une «sorte de télescopage entre ce mythe et le virage commercial, entamé à la fin des années 1980», selon Jean-Noël Reinhart. Depuis 30 ans, le nombre de commerces est passé de 80 à 125, alors que parallèlement, le nombre d’entrées de cinémas sur les Champs a été divisé par plus de deux depuis 1995.
«L’hyper-commercialisation a un peu paupérisé l’image des Champs-Élysées et favorisé une certaine perte d’identité», estime Marc Restellini, président du musée de la Pinacothèque.
«On est aujourd’hui essentiellement dans une offre de loisir commercial, et à l’avenir il faudra faire un rééquilibrage vers davantage de loisirs culturels», estime Jean-Paul Viguier, architecte, qui propose de réintégrer l’offre culturelle en la positionnant dans les étages élevés des immeubles. Selon lui, il faut également repenser les flux de circulation, pour faire retrouver aux Champs leur dimension originelle de promenade.
Une étude réalisée en novembre sur 1.177 personnes par l’institut de sondages Kheolia montre que l’avenue est surtout fréquentée pour la promenade (47%), le shopping n’étant nommé que par 23% des sondés. «Les Champs sont une avenue éminemment populaire», souligne Jean-Noël Reinhart, appelant à y renforcer l’offre de services et à préserver les commerces indépendants. Une exigence difficile à concilier avec le fait que l’artère parisienne est aujourd’hui la plus chère d’Europe en matière de baux commerciaux (13.255 euros le mètre carré).
Pour plusieurs experts, la solution pourrait passer par la revitalisation des sept galeries marchandes des Champs, aujourd’hui un peu délaissées, et qui pourraient héberger des commerces de proximité. Il n’en reste pas moins que la montée en gamme commerciale sur les Champs, entamée depuis l’arrivée du groupe Vuitton, leader mondial du luxe, en 2005, devrait se poursuivre. Le joaillier Tiffany vient de s’installer à la place de Quick, chaîne de restauration rapide, et les Galeries Lafayette sont attendues en 2018 à la place de l’ex-Virgin Megastore.
«Belle endormie»

«Les Champs-Élysées sont et resteront une véritable vitrine commerciale pour les marques», et leur offrent des rendements commerciaux 30% supérieurs à ceux d’une autre artère, note Thierry Laroue-Pont, expert de l’organisme financier BNP Real Estate.
Pour autant, il faut éviter l’écueil du tout commercial, avec des enseignes à prédominance prêt-à-porter et luxe. «On doit arriver à faire cohabiter ensemble» toutes les offres de commerces, du plus accessible au plus haut de gamme, mais aussi recréer une «offre équilibrée» en matière de divertissement, de patrimoine architectural et culturel, de services et de convivialité, expliquent les patrons d’Inditex France (Zara) et des Galeries Lafayette, Jean-Jacques Salaün et Philippe Houzé.

AFP/VNA/CVN

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