France
Le "référendum" du PS sur l'unité de la gauche mal parti

Le "référendum" sur l'unité de la gauche et des écologistes en vue des régionales organisé par le Parti socialiste (PS) s'est ouvert le 16 octobre et semble déjà mal parti, en raison de gros doutes sur la fiabilité de la consultation et sur l'ampleur de la participation.

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Le vote s'est ouvert le 16 octobre à 08h00 et s'achèvera le 18 octobre à 20h00 (18h00 pour les votes physiques). Les participants peuvent s'exprimer sur Internet (www.referendum-unite.com), ou dans quelque 2.500 points de vote répartis sur la majeure partie du territoire.

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, le 20 juin à Paris.

Objectif affiché le 16 octobre par le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis : "imposer l'unité" à EELV alors que le parti présente partout des listes indépendantes du PS, et s'est allié dans quatre régions avec un Parti de gauche en guerre contre le PS -notamment en Nord-Pas-de-Calais/Picardie et PACA, où le Front national pourrait l'emporter.

En réponse, Europe Ecologie-Les Verts et le Front de gauche ont refusé de participer à la consultation, dénonçant de la "politicaillerie" ou une "comedia dell'arte".

Pour voter, inutile d'être inscrits sur les listes électorales ou d'avoir des codes confidentiels: les participants doivent certifier qu'ils se "retrouvent dans les valeurs de la gauche, de l'écologie et de la République", et fournir nom, prénom, adresse mail et date de naissance.

Des modalités peu sécurisées, qui ont rapidement conduit la presse à mettre à l'épreuve la sincérité du scrutin... Certains ont par exemple pu s'exprimer dix fois avec des adresses mails différentes ou fait voter... le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

La Haute autorité éthique (HAE) du PS a tenté le 16 octobre de rassurer sur la fiabilité du scrutin. "Nous sommes vigilants sur le vote Internet", a indiqué sa secrétaire générale, Flore Santistéban. Il sera par exemple possible à la HAE de "relever les anomalies telles que la génération de plusieurs adresses mails depuis une même adresse IP, et d'effectuer une rectification a posteriori si nécessaire".

Sur le terrain, 68 représentants départementaux de la HAE ont été déployés, qui effectueront des contrôles aléatoires sur les bureaux de vote de leur choix, en veillant prioritairement à ce que les prescriptions de la Commission nationale de l'informatique et des libertés soient respectées.

Dans un communiqué, le PS a fait valoir que sa démarche était "fondée sur la confiance", et cité en exemple la "votation citoyenne pour la poste en 2009", le "budget participatif parisien" ou la "pétition des journalistes contre la directive +Secret des affaires+".

"Nouvelle initiative"

Le candidat en chef de l'extrême-droite Front national (FN), parti français pour la région Ile-de-France, Wallerand de Saint-Just (centre), le 14 octobre à La Plaine-Saint-Denis, au nord de Paris. Photo : AFP/VNA/CVN

Très décrié par la gauche de la gauche, et jusque dans les rangs du PS, le scrutin a recueilli dans les fédérations un accueil mitigé. Douze d'entre elles n'annonçaient l’après-midi du 16 octobre aucun bureau de vote physique sur la carte publiée sur le site de la consultation. À l'inverse, l'Essonne, où le Premier ministre Manuel Valls doit voter le 17 octobre, revendiquait un record de 212 bureaux.

À la mi-journée, seuls six militants sur les 1.200 que compte le Vaucluse étaient venus voter dans les locaux de la fédération socialiste d'Avignon, quinze dans ceux de la section PS de Bordeaux, quatre dans celle de Clermont-Ferrand... "Si on peut arriver à 50 votants par point de vote, ce sera pas mal", a expliqué un militant de Massy (Essonne).

À la fédération du Nord, à Lille, la foule ne se bousculait pas non plus. "Beaucoup de camarades votent par Internet (...) C'est tellement plus simple, et c'est l'image d'un parti moderne", a expliqué Laurent Guyot, secrétaire fédéral. Selon un sondage Odoxa pour l'émission CQFD sur iTELE et Paris-Match publié le 16 octobre, 52% des sympathisants PS n'avaient "pas entendu parler" du "référendum".

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui avait espéré dans un premier temps 300.000 votants, a revu le 12 octobre ses ambitions à la baisse en parlant de 200.000. Le 16 octobre, il a promis "une nouvelle initiative" en faveur de "l'unité" dès le soir du 18 octobre, après la proclamation des résultats provisoires.

Un autre responsable du PS a annoncé qu'une dizaine de "mesures précises, par grandes thématiques" seraient annoncées au bureau national le 19 octobre, des mesures qui pourraient s'appliquer dans toutes les régions. Une manière pour le PS de tourner la page tactique, en abordant de front le volet programmatique?


AFP/VNA/CVN

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