Territoires palestiniens
Appels à un "vendredi de la révolution"

Les groupes palestiniens ont tous appelé à un "vendredi de la révolution", des manifestations étant prévues en Cisjordanie et dans la bande de Gaza après la grande prière hebdomadaire musulmane, au lendemain d'une journée de relatif répit dans les dernières violences avec les Israéliens.

>>Un Palestinien tué à Jérusalem-Est, le bilan s'alourdit à sept morts

Un palestinien, une pierre à la main, fait le "V" de la victoire avec ses doigts lors d'affrontements avec l'armée israélienne à Hebron en Cisjordanie occupée, le 15 octobre.

La Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, sont secouées depuis le 1er octobre par des heurts entre jeunes lanceurs de pierres et soldats israéliens, des agressions entre Palestiniens et colons et des attentats principalement à l'arme blanche qui font redouter une nouvelle intifada.

La police israélienne a annoncé jeudi soir 15 octobre que seuls les hommes de plus de 40 ans seront autorisés à pénétrer dans l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, pour la prière du vendredi 16 octobre, "dans le cadre des mesures destinées à empêcher toute attaque terroriste".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est redit dans un tel contexte prêt à rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas.

Les violences ont fait 32 morts, dont plusieurs auteurs d'attentats, et des centaines de blessés côté palestinien, ainsi que sept morts et des dizaines de blessés côté israélien. Elles se sont étendues le 9 octobre, après la prière hebdomadaire précisément, à la bande de Gaza, coupée géographiquement de la Cisjordanie par le territoire israélien, et cadenassée par les blocus israélien et égyptien.

Les troubles ont semblé marquer une pause le 15 octobre pour la première fois depuis plusieurs jours.

Un Palestinien lance une pierre en direction de l'armée israélienne dans la ville de la bande de Gaza de Bureij, le 15 octobre.

Les forces israéliennes étaient déployées massivement à Jérusalem, les policiers et les garde-frontières, fusils en bandoulière, scrutaient les alentours sur les places publiques, aux carrefours et sur les grands axes, déambulant là où on ne les voyait pas auparavant.

Alerte dans le train

Trois cents soldats viendront le 18 octobre en renfort à Jérusalem aux policiers, a dit l'armée.

L'un des derniers déploiements importants de soldats dans les villes israéliennes remonte à 2002, au cours de la deuxième Intifada, en même temps qu'une vaste opération militaire israélienne en Cisjordanie occupée, selon une source proche des services de sécurité.

L'appel à l'armée est supposé contribuer à endiguer les violences et rassurer la population. Les alertes se succèdent, souvent injustifiées. Un train s'est arrêté jeudi 15 octobre près de Haïfa (Nord) quand quelqu'un a actionné le signal d'alarme parce qu'un passager avait crié "terroriste" et qu'un soldat a tiré en l'air pour empêcher une éventuelle agression, a rapporté la police.

L'anxiété pousse les Israéliens à s'armer. Des photos publiées dans le quotidien populaire Yediot Aharonot montrent une juive dans le bus armée d'un rouleau à pâtisserie, d'autres encore déambulant avec des manches de pioche ou des manches à balai.

Hormis les armureries, le commerce souffre. "On fait 15% de moins de chiffre d'affaires que normalement", disait Aron Silverberg, gérant d'un magasin de téléphonie mobile du marché de Mahane Yehuda. Le marché, habituellement grouillant, était largement déserté jeudi 15 octobre.

Le gouvernement israélien a annoncé le 14 octobre une série de mesures pour endiguer la vague qui venait de culminer avec la mort de trois Israéliens le 13 octobre dans une attaque à la voiture bélier et le premier attentat à l'arme à feu dans un bus depuis le début de l'escalade le 1er octobre.

Carte de Jérusalem-Est localisant les colonies juives, les communautés palestiniennes et le premier poste de contrôle à Jabel Mukaber.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les tensions suscitent les appels à la haine sur les réseaux sociaux. "Tout le monde nous suspecte, le racisme est de plus en plus grand", déplorait Shahr Omraq, 51 ans, employé de nettoyage palestinien près d'un arrêt de bus.

Quelle place pour la diplomatie

Les experts soulignent la quasi-impossibilité de contrer les attaques au couteau de la part d'individus isolés.

Les autorités israéliennes comme palestiniennes ont paru jusqu'alors impuissantes à calmer les esprits parmi une jeunesse exaspérée par l'occupation et la colonisation, encouragée par les réseaux sociaux et aiguillonnée par les incantations religieuses.

Pour le gouvernement israélien, la violence provient d'un refus de l'existence même d'Israël et les incitations à la haine proférées selon lui par les dirigeants palestiniens.

Difficile de discerner dans ce contexte exacerbé quelle part peut revenir à la diplomatie. M. Netanyahu s'est redit prêt à rencontrer M. Abbas, y compris en présence du roi Abdallah de Jordanie. Washington a annoncé pour sa part que le secrétaire d'État américain John Kerry se rendrait "bientôt" dans la région.

Alors que les relations entre les grands alliés américain et israélien ont été refroidies par le dossier du nucléaire iranien, Israël a mal pris des déclarations américaines semblant établir un lien entre les violences actuelles et la colonisation.

"Ce que nous voyons n'est pas le résultat d'une vague massive de colonisation", a dit M. Netanyahu, "parce qu'il n'y a pas eu de vague massive de colonisation".

AFP/VNA/CVN

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