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Le prix européen du gaz a poursuivi sa hausse inexorable vendredi 19 août pour finir à un nouveau record en clôture. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La difficulté de l'Union européenne à amasser des réserves suffisantes pour pouvoir se passer des exportations russes pendant l'hiver sans créer de pénurie a fait monter le prix du contrat à terme du TTF néerlandais à 257,40 euros, du jamais vu en fin de séance.
En cours de séance, il n'avait dépassé ce niveau que pendant les premières journées extrêmement volatiles du conflit entre la Russie et l'Ukraine pour atteindre un sommet historique le 7 mars à 345 euros.
Le régulateur allemand de l'énergie a signalé jeudi 18 août que le pays risque de manquer son objectif de remplissage de ses réservoirs fixé par le gouvernement d'Olaf Scholz.
Le chef du régulateur Klaus Müller a averti que des pénuries étaient à attendre dans certaines régions durant l'hiver, et qu'il ne s'agissait "pas d'un hiver mais d'au moins deux, et le deuxième hiver pourrait être encore plus difficile".
L'Europe tente dans la douleur de se sevrer du gaz russe, dont l'Allemagne est particulièrement dépendante.
En Allemagne, à partir du 1er octobre, les importateurs pourront prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers.
Même si le gouvernement a promis de l'amortir pour les plus modestes, "le choc sur la facture d'octobre devrait mener à une réduction de la demande des ménages", commentent les analystes de Deutsche Bank.
L'électricité suit
L’électricité suit pour sa part mécaniquement l’évolution des cours du gaz, car le marché est calé sur le coût des centrales à gaz (et à charbon) appelées à la rescousse pour assurer l’équilibre du système.
Les prix ont été tirés "par de faibles niveaux de vent (pour l’éolien) ainsi que des coûts élevés pour l’électricité au charbon et au gaz", ont souligné les analystes de Rystad Energy.
Dans le même temps, un été particulièrement chaud a limité la production d'électricité : la canicule affecte les systèmes de refroidissement des centrales nucléaires et la sécheresse empêche les barges d'apporter le charbon jusqu'aux centrales allemandes.
Or, la vague de chaleur stimule la consommation d'électricité pour la climatisation et la ventilation, limitant la baisse habituelle des mois estivaux.
L’électricité pour livraison l’année prochaine en Allemagne a dépassé pour la première fois 500 euros le MWh ces derniers jours, contre un peu plus de 300 euros début juillet.
"Ceci pourrait être la plus grande crise énergétique de l'Europe depuis au moins une génération", prévient John Plassard, analyste chez Mirabaud.
Pétrole en baisse
Dans le sillage des prix du gaz, le pétrole, qui avait entamé la séance en baisse, s'est ressaisi : +0,76% à 97,32 USD pour la référence européenne, le Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, et +1,14% à 91,17 USD pour le West Texas Intermediate (WTI) américain qui arrive à échéance en septembre.
Le rebond des cours ne convainc pas tous les observateurs.
Le gazoduc Nord Stream 1 près de Lubmin, au Nord-Est de l'Allemagne, le 20 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il y a énormément de raisons de parier sur une baisse, mais les acteurs du marché semblaient les avoir oubliées depuis deux séances", commente Stephen Brennock, analyste chez PVM.
Il souligne que les volumes sont particulièrement peu étoffés cet été, ce qui favorise une volatilité accrue des prix et pousse l'analyste à donner peu de crédit au rebond entamé mercredi 17 août après une baisse surprise des stocks américains.
"Une récession mondiale qui détruirait la demande reste la principale inquiétude, avec des données peu encourageantes venues de la zone euro et de Chine", ajoute-t-il.
Vendredi 19 août, la vigueur du dollar, dopé par la perspective d'un durcissement de la politique monétaire aux États-Unis, pesait également sur le pétrole.
Comme le billet vert est la devise de référence du marché pétrolier, sa hausse pèse sur le pouvoir d'achats des investisseurs qui utilisent d'autres devises.
AFP/VNA/CVN