Le pouvoir thaïlandais accuse les "chemises rouges"

Le pouvoir thaïlandais a accusé hier les "chemises rouges", manifestants à l'origine de la crise du printemps, d'être derrière la bombe qui a tué au moins trois personnes le 5 octobre près de Bangkok.

L'engin a explosé en fin de journée, peut-être prématurément, au deuxième étage d'un immeuble qui en comptait cinq dans la province de Nonthaburi, au nord de la capitale.

"Il est clair que les auteurs sont des +chemises rouges+", a déclaré le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon. "Il y a beaucoup d'autres bombes dans d'autres endroits", a-t-il par ailleurs assuré.

Le gouvernement, dont le chef Abhisit Vejjajiva est actuellement à Bruxelles pour un sommet Asie-Europe, a reconduit le 5 octobre pour trois mois supplémentaires l'état d'urgence en vigueur depuis le 7 avril dans la capitale et dans trois provinces alentours, dont Nonthaburi.

Cette explosion, la plus violente depuis l'assaut militaire du 19 mai contre le camp retranché des "chemises rouges", a également blessé neuf personnes dont deux grièvement. Les enquêteurs ont aussi découvert un bras humain, laissant supposer l'existence d'une quatrième victime.

"C'est lié à la situation politique actuelle", a confirmé une source des renseignements thaïlandais, en excluant tout lien avec l'insurrection séparatiste musulmane qui gangrène l'extrême-Sud du pays depuis 2004. "C'est le signal que plus de violence encore est attendue".

Un militant des "chemises rouges" a pour sa part réitéré les accusations formulées ces dernières semaines par le mouvement, accusant les autorités de manipulation pour justifier l'état d'urgence, qui permet de détenir un suspect pendant 30 jours sans mandat judiciaire.

"C'est une vaste conspiration pour détruire la crédibilité des rouges", a estimé Sean Boonpracong. "Il doit y avoir des bombes pour justifier le décret (de l'état d'urgence). Les rouges sont plus occupés à prendre soin d'eux mêmes, qu'à faire du tort au pays".

Un enquêteur a précisé que l'explosion avait probablement été prématurée, survenant alors que l'engin était en cours de fabrication. Selon le chef de la police nationale, le général Wichean Potphosree, la puissance de l'explosion correspondait à celle de 10 kilos de TNT. Un fusil d'assaut AK-47 a aussi été trouvé sur place.

La police recherche un suspect originaire de Chiang Mai (Nord), un des bastions des "rouges", connu des services de police pour des activités criminelles et qui aurait rejoint le mouvement cette année.

Abhisit a dévoilé depuis le mois de mai une feuille de route vers la "réconciliation". Le projet n'a pour l'instant produit aucun résultat concret.

AFP/VNA/CVN

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